L'Union Africaine, à quelques exceptions près, est dirigée par des Chefs d'Etat dictatoriaux, dont certains se sont imposés à leur peuple à travers des pouvoirs personnels et à vie. La Mauritanie, qui abrite ce sommet est une illustration parfaite de l'hypocrisie d'une organisation continentale qui prône le progrès en s'ancrant dans le déni du présent et du futur.
Rien d'étonnant alors si l'Afrique est le plus grand pourvoyeur d'immigrés clandestins au monde, car renfermant le plus grand nombre de pauvres, de miséreux, d'exclus et de marginalisés. L'arrivée d'Emmanuel Macron à Nouakchott, et avant lui de tous les Chefs d'Etat français qui ont assisté à ces sommets, ne ferait que confirmer les propos de Poutine qui disait il y a quelques jours que "la majorité des immigrés clandestins proviennent de l'Afrique francophone, car les pays de cette région sont d'anciennes colonies françaises, et la France aide les dictateurs de ces pays à se maintenir au pouvoir".
Le signe le plus patent de cette dictature qui sévit en Mauritanie est cette mort programmée de la presse écrite papier, la seule presse légitime. Les sites électroniques sont l'anti-presse que le régime mauritanien a nourri de milliers d'arrivistes dont le rôle est de dénaturer la presse. Cette vérité est d'autant plus réelle, qu'il n'existe au monde aucun site électronique cité parmi les plus grands titres de la presse mondiale. Quand on parle de médias écrits aux USA, on citera par exemple Washington Post, New York Times, en France, "Le Monde", "Le Figaro", en Grande Bretagne le "Daily Miror", etc. La presse électronique, avec ses milliers de titres en Mauritanie, car chacun peut créer un site web à sa guise, est l'hécatombe de la presse.
Aujourd'hui, aucun crédit n'est donné au monde des médias en Mauritanie, tellement il a été dévoyé, clochardisé, infiltré par les RG. Un magma indescriptible où l'information est noyée dans la rumeur, le chtaari, le mensonge, la diffamation, la propagande , sans contrôle ni frein. Le citoyen n'a plus droit à l'information que la Constitution et les lois de la République lui garantissent pourtant.
Alors que Maaouiya avait gommé le passé de la Mauritanie, décrétant dans les organes publics une naissance qui coïncidait avec le 12-12-1984, le régime actuel a gommé 49 ans du passé du pays, car toute l'histoire de la Mauritanie, de 1960 à 2009, n'existe plus du point de vue des organes publics d'information du pouvoir. Dans les rétrospectives données par la Télévision Al Mouritaniya ces jours-ci sur l'histoire de l'OUA puis de l'UA et le rôle de la Mauritanie, il est malheureux de voir certaines images en noir et blanc datant des années 60-70, où le père fondateur de la Nation, Feu Moctar Ould Daddah est occulté, et par un saut dans le temps, on tombe en 2009, ce qui coïncide avec l'arrivée de l'actuel régime. Tout l'apport de la Mauritanie sous Ould Saleck, Ould Haidalla, Ould Taya, Ely Mohamed Vall, Sidi Cheikh Abdallahi, n'a jamais existé.
Ce déni du passé, pour ne pas faire ombrage aux autorités actuelles, est allé jusqu'à la destruction physique de la mémoire de Nouakchott qui a perdu durant ces dernières années, tous ces vestiges et ses symboles, les Blocs, la fanfare, l'Escadron, l'Ecole Police, l'Ecole Justice, l'Ecole Marché, l'ancien aéroport…Si au moins, un petit morceau de chacune de ses vestiges a été conservé, ne serait-ce qu'au Musée, cela aurait servi aux générations futures. Qu'aurait-on perdu si on avait au moins conservé, à titre d'exemple, la tour de contrôle de l'ancien aéroport qui a accueilli les premiers vols de la République, pour le montrer à nos enfants, en leur expliquant qu'ici, s'érigeait le premier aéroport de la Mauritanie.
Dans toutes les capitales du monde, ces vestiges du passé, gardés intacts ou à moitié au milieu d'immeubles et d'avenues modernes, nourrissent les fiertés et font le bonheur des touristes. Visitez Paris, Londres, Rabat, où n'importe quelle capitale au monde, vous verrez ces vestiges du passé des villes et des pays conservés jalousement. Ici, il faut faire table-rase du passé pour la gloire de l'actuel maître du pays.
Cheikh Aidara
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