Les rapports administratifs, les procès-verbaux de réunions ou tout autre document, qu’il soit estampillé confidentiel ou non, doivent être traités avec la plus grande prudence et le maximum de discrétion. A moins qu’il ne soit explicitement précisé qu’ils sont destinés à la diffusion. La fuite, la semaine dernière sur les réseaux sociaux, d’un rapport du ministère de l’Intérieur, sur « la carte politique nationale » bafoue cette règle élémentaire de réserve professionnelle. Destiné à l’usage interne, il n’aurait jamais dû se retrouver sur la place publique. D’où une multitude de questions : qui a intérêt à discréditer le ministère de l’Intérieur et le premier flic du pays dont celui-ci vient d’hériter du poste ? Comment le responsable de cette fuite peut-il être à ce point irresponsable ? Au-delà des contrevérités qu’il contient et qui ont été pointées du doigt par les observateurs, le rapport est tout, sauf objectif. S’il a rendu à César, en certaines moughataas du Trarza par exemple, ce qui lui appartient, il a, en d’autres, tout simplement cafouillé pour des raisons que seuls ce qui l’ont établi connaissent.
Les rapports sont ce qu’ils sont : relatifs au regard et à la compétence de ceux qui les dressent. À l’instar de toutes les administrations de la planète, la nôtre détient dans ses tiroirs des documents de toutes sortes, à contenu variablement discutable, mais qui, justes ou injustes, pourraient en tout cas engendrer des guerres civiles… s’ils étaient inconsidérément publiés. Grâce à Dieu, il existe des hommes et des femmes vraiment responsables et respectueux du secret professionnel pour qu’on ne compte guère, sinon pas du tout fort heureusement, de guerres civiles dont l’origine serait attribuable à une fuite de cette ampleur… C’est donc à ceux-là que devrait être toujours confié le classement des documents en fonction de leur éventuelle nuisance.
Ahmed ould Cheikh
lecalame