Selon diverses sources concordantes, le président de la République aurait décidé de s’impliquer fortement dans la campagne de son dauphin, le général Ghazwani. Outre la désignation, par ses soins, d’un directeur national de la campagne du candidat, en la personne de Niang Hamady Djibril, Ould Abdel Aziz a déclaré que « l’avenir de la Mauritanie serait compromis, si son alter égo ne remportait pas la prochaine présidentielle ». Ce serait donc pour éviter un tel scénario qu’il se serait engagé à « reprendre les choses en main ». Son dauphin manquerait-il de poigne ? Ses adversaires commençaient-ils à gagner du terrain ? Quoiqu’il en soit, Ould Abdel Aziz va « mouiller le maillot » et il est fort à parier qu’il pèsera, lourdement, sur le choix des coordinateurs régionaux et départementaux de campagne. Ses fidèles ont hérité de juteux postes stratégiques, au sein du directoire de campagne de Ghazwani, notamment le ministre du Pétrole, Ould Abdel Vettah, à la présidence de la commission des finances et, à la logistique, Ould Djay, l’omnipotent ministre de l’Economie et des finances.
L’engagement du Président se concrétise déjà, par des injonctions, répétées, aux élus reçus au Palais, lors des ruptures de jeûne, à ne ménager aucun effort pour faire triompher, dès le premier tour, le candidat de la majorité. Parce que c’est son candidat à lui, le président de la République. Parce que c’est lui qui l’a désigné et que son échec remettrait en cause les acquis de ses dix ans de règne. Le deuxième acte sera, semble-t-il, des randonnées à l’intérieur du pays, pour des inaugurations ou poses de première pierre de ses dernières réalisations. Il passera par Kiffa et Néma, avant de visiter d’autres contrées, incitant partout ses troupes à la mobilisation en faveur de Ghazwani dont la victoire, se sont entendus dire les maires et autres visiteurs du soir, est « non-négociable ». La messe semble donc dite ? En tout cas, nuages assurés sur le ciel de la transparence et de la crédibilité du scrutin du 22 Juin.
Pari risqué ?
Mais cette très forte implication d’Ould Abdel Aziz ne risque-t-elle pas, a contrario, de nuire à son candidat ? En s’engageant, le 1er Mars, dans une dynamique de rupture, Ghazwani dont nombre de mauritaniens ignore la personnalité et l’envergure, se positionnait en candidat d’ouverture. D’où la décision de divers partis politiques de l’opposition et de personnalités indépendantes à le soutenir, avec l’objectif inavoué de débarrasser le pays de l’actuel président. Parce qu’ils ont cru à son discours du 1erMars, oubliant, peut-être naïvement, que le copinage d’une quarantaine d’années laisse forcement des marques indélébiles. Ghazwani et Ould Abdel Aziz partagent beaucoup de choses…
Le positionnement d’Ould Abdel Aziz ne serait donc pas que productif pour son dauphin. Beaucoup de ceux qui soutiennent celui-ci ne souhaitent pas que celui-là parasite la campagne, portant ombre au candidat. Quoiqu’il en advienne, l’évolution actuelle accrédite la thèse selon laquelle Ould Ghazwani ne serait, en réalité, qu’un Medvedev d’Ould Abdel Aziz et que rien ne changera dans la conduite des affaires de la République. Une assertion que les propos du président du groupe parlementaire de l’UPR à l’Assemblée Nationale sont venus corroborer, confortant l’hypothèse que nombre d’observateurs et de citoyens avertis n’hésitaient pas à avancer, dès l’annonce du choix de Ghazwani : circulez, y a rien à changer. Le discours du 1er Mars n'était-il donc qu'une manœuvre ? Le candidat Ghazwani aurait-il choisi sciemment de faire profil bas ? Y aurait-il été contraint par le pouvoir « omnipotent » du Palais ? Ou, encore, les deux hommes auraient-ils choisi, de concert, de se livrer à ce petit jeu déroutant ? Les tout prochains jours nous édifieront.
Encadré
Directoire campagne du candidat Ghazwani : Discrimination positive ou négative ?
Le candidat Mohamed Ould Ghazwani a rendu publique la liste de son staff de campagne, attendue depuis quelque temps. Une liste de 27 personnes reparties entre les commissions et les chargés de missions. Avec un dosage jugé par les observateurs comme pas équilibré suivant les régions et les composantes sociales du pays. Les partis politiques ayant choisi de soutenir le candidat ont été cooptés comme des chargés de missions à son cabinet.
L’examen du staff montre une prépondérance du Trarza avec 6 élus à l’arrivée, suivi du Gorgol (4), de l’Assaba (3), de l’Adrar (1), du Hodh Gharbi (4), du Brakna (2), de l’Inchiri (1) et du Tagant (1). Hodh Charghi, Dakhlet Nouadhibou, le Tiris Zemmour et le Guidimakha ne compteraient pas de représentants dans le directoire. L’absence de Bâ Ousmane, très actif au sein de la commission de l’UPR et auprès du candidat interroge. Autres écueils, le directoire ne compte aucun Ouolof ni Soninké. Les membres du directoire sont choisis et par le président Aziz et par le candidat.S'agit de discrimination positive ou négative?
Les commissions relèvent du directeur de campagne et les chargés de missions du cabinet du candidat. Les commissions sont présidées par 4 ministres en exercice alors que certaines rumeurs laissaient croire que le candidat ne voulait pas de membres du gouvernement dans son staff.
source lecalame.info