Le premier gouvernement tant attendu d’Ould Ghazwani est tombé hier soir. Enfin dirons-nous ! L’accouchement a pris du temps. Près d’une dizaine de jours. Pour les observateurs et autres acteurs politiques, le dauphin d’Ould Abdel Aziz « prenait tout son temps pour bien faire». Pour apporter des changements et une touche personnelle. A l’arrivée, a -t-il réussi le pari ? Rien n’est moins sûr.
A l’arrivée près de 25 ministres, avec le « dosage ou quotas » et les « équilibres habituels ». Sinon, rien de spécial, on peut circuler parce qu’il n’y a rien à voir excepté quelques « grosses têtes », ou disons de hauts cadres peu connus de l’arène politique et qui demandent à être jugés à l’œuvre. Ould Ghazwani a gardé au gouvernement le fils d’Ould Abdel Aziz, Ould Abdel Vettah au pétrole et l’énergie, un garçon les plus décriés, comme Ould Djay du gouvernement précédent. Pourquoi ce dernier n’est pas resté lui aussi ? Ould Abdel Vettah est celui qui a géré la logistique de la dernière campagne présidentielle de Ghazwani. Une récompense en attendant ?
Ghazwani a également gardé un autre proche, Ould Chrougha à la pêche. L’homme avait été annoncé, avec insistance au cabinet du président, mais Ould Mohamed Lemine, un autre très proche lui a été préféré. Ghazwani conserve également dans son gouvernement l’inamovible Naha Mint Mouknass toujours fidèle au poste. Certains se demandent pourquoi elle n’a pas laissé sa place à l’un des cadres de son parti qui rongent leurs freins depuis 2008.
Autre fait marquant, l’arrivée du général Hanana, ancien chef d’état major adjoint du nouveau président. Un fidèle compagnon d’armes qui va poursuivre le travail de la Mauritanie dans le G5 Sahel.
Autre arrivée, celle d’Ould Merzough à l’intérieur. Cité comme premier ministrable pour jouer dans la discrimination positive, l’ex haut commissaire de l’OMVS hérite d’un poste éminemment politique. D’un calme olympien, il sait écouter et certainement prendre des décisions. Il joue un rôle politique important depuis qu’il a été casé comme chargé de mission à la présidence. Espérons qu’il contribuera à décrisper la tension entre le pouvoir et son opposition. On se rappelle qu’il n’avait ménagé aucun effort pour amener le pouvoir à organiser un dialogue inclusif, en 2016, mais c’était sans compter avec la détermination d’Ould Abdel Aziz.
Autre fait, l’absence d’ouverture aux partis politiques de la majorité ou venus de l’opposition pour soutenir sa candidature. Le gouvernement reste à dominante UPR. Pourrait-elle retrouver son lustre, si tant est qu’elle en a jamais eu sous Ould Abdel Aziz. Ses différentes tentatives de restructuration n’ont en fin de compte accouché que d’un avorton.
Alors que nombre de mauritaniens espéraient la concrétisation de ce désormais discours creux sur la discrimination positive, sur les engagements d’Ould Ghazwani, celui-ci n’a pas osé faire bouger les lignes. On reste dans les quotas. Attendons voir les autres nominations.
Enfin, même si la montagne n’a pas totalement accouché d’une souris, on ne pas dire que le changement a commencé. L’ouverture prêchée par le nouveau président dans ses différents discours risque d’attendre Godot !
lecalame.info