L’image a choqué et il y a de quoi. Un lanceur d’alerte a partagé sur les réseaux sociaux des photos de fissures apparues (déjà !) sur un tronçon de la route Boutilimit-Aleg dont les travaux viennent à peine de s’achever. Attribuée il y a de cela quatre ans à deux entreprises (dont l’expertise n’est apparemment pas la qualité première), chacune à raison de cinquante kilomètres, la route a vu ses travaux démarrer avec beaucoup de retard. Malgré les visites « inopinées » d’un ancien ministre de l’Équipement et des transports dont les remontrances n’auront pas servi à grand-chose. Si bien que les usagers, dont les nerfs étaient mis à rude épreuve, se demandaient comment l’État pouvait accepter que ce laisser-aller reste aussi longtemps impuni. Aucune des sociétés n’a, en effet, été réprimandée, encore moins pénalisée. Pire, épargnées de contrôles rigoureux, elles avaient toute latitude pour construire la route à leur convenance, réduisant les coûts au maximum.
Ce qui n’a pas tardé à se répercuter négativement sur sa qualité : dans un an ou deux, elle ne sera plus qu’un lointain souvenir. Ailleurs dans le Monde, un tel ouvrage contractuellement construit « selon les normes » est garanti trente ans. En Mauritanie, aucune route n’en a jamais tenu dix. La faute à qui ? À l’Administration dont la procédure d’attribution de marché au moins disant est catastrophique ? Aux entreprises qui ne pensent qu’à faire un maximum de profits ? Aux bureaux de contrôle dont certains sont connus pour leur complaisance ? Quelle qu’en soit la cause, il y a incontestablement un problème de voieries et il va falloir que l’État s’y mette pour lui trouver une solution rapide. À moins qu’il ne veuille continuer jeter son argent – le nôtre dont il a tant besoin ailleurs – par une fenêtre grand ouverte.
Ahmed ould Cheikh
lecalame