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un grain de sable pour secouer la poussière...

PROFIL DE CAS : L’ « ami » de Ould Ghazouani

Lundi 25 Avril 2022 - 11:32


Devant la presse, et pour la « consommation » intérieure, Biram Dah Ould Abeid avait déclaré publiquement qu’il avait « trouvé son ami ». « ij’bar’t Saahbi », une expression hassanya connue de tous, utilisée couramment  pour dire qu’on « a trouvé celui qu’on recherchait depuis longtemps », sous-entendu celui avec lequel on s’entend bien. 

Personne vraiment ne sait ce que les deux hommes (Ghazouani et Biram) se sont dits en « tête-à-tête » lors de leur dernière rencontre. Mais ce qui est certain c’est qu’ils savent bien, -chacun de son côté-, ce qu’ils se sont réellement  dits. 

Pour Ould Ghazouani, cette rencontre évidemment entrait  dans la logique de sa politique de concertation élargie à tous les acteurs politiques de la scène nationale.  Pour Biram  apparemment  cette rencontre était « le round » au cours duquel il cherchait à avoir la certitude que Ould Ghazouani allait tenir ses promesses.

Ce qui est certain, c’est que Dah Biram Ould Abeid, tenait coute que coute  à avoir la certitude que les « doléances » qu’il avait soumises au chef de l’Etat lors de leur précédente rencontre allaient être exécutées.
Simple précaution d’un « chasseur d’intérêts » qui évidement ne voulait pas lâcher une prise sans avoir  « saisi » une autre.

Calculs élémentaires d’un leader qui sait ce qu’il veut et qui sait surtout que s’il décidait de « basculer » dans le camp « adverse »  il allait  perdre du coup beaucoup d’espaces de propagande conquis en Europe et aux Etats-Unis grâce à des campagnes mensongères qui rapportaient très  gros au cercle restreint des activistes du  noyau dur de l’extrême droite de l’aile  politique de l’IRA.

« Il Ker yé, it’jéri izahav » comme dit le proverbe.

Si, Biram Dah Ould Abeid,  le leader emblématique et très « curieux » de l’IRA est  sorti de sa dernière  rencontre avec Ould Ghazouani avec la certitude que « désormais » les deux hommes émettaient désormais sur la même fréquence, il n’y a aucune raison de douter que les accords signés verbalement entre les deux hommes porteront évidemment  sur des « intérêts » qui profiteront à Biram un homme « insatiable » financièrement, capable de vendre son âme au diable, son discours « incendiaire » au Satan et son pays aux organisations humanitaires pour une poignée de dollars.

Les politiciens les plus avertis et les sympathisants du Mouvement Abolitionniste IRA qui luttent pour un Idéal sont tous très curieux de savoir ce qui a bien pu faire  « ramper » Biram Dah Ould Abeid aux pieds de Ould Ghazouani,  fils d’une famille issue du milieu social  dont  Biram  le descendant d’une famille d’esclaves est très allergique.

La question pousse à la curiosité d’autant plus que,  lorsque, Tidiane Youssouf Sylla (ancien sénateur  un soutien inconditionnel à Ghazouani depuis son annonce de candidature à la présidentielle) avait demandé à Biram Ould Dah Ould Abeid de soutenir la candidature de Ghazouani, ce dernier avait dit à l’époque qu’il ne le ferait pas parce que simplement,  selon lui,  ce  serait « prolonger le mandat de Ould Abdel Aziz de cinq ans ».

La question pousse aussi à la curiosité, d’autant plus que sur une vidéo qui circulait, le leader politique Biram Dah Ould Abeid, avait dit : « si vous voulez d’une Mauritanie dont les ressources seront pillées et réparties entre les composantes d’une même famille, votez Ghazouani ».

Ce qui en tous cas est certain, c’est  que Biram Dah Ould Abeid, un homme politique qui avait pesé d’un poids très lourd sous le régime de Ould Abdel Aziz, a été maintenant converti en un poids plume très léger depuis qu’il s’en est pris à Ould Bouamatou dans une vidéo où il exprimait sa « reconnaissance »   avec une ingratitude abjecte et d’une rare violence verbale. 

Si, donc Biram Ould Dah Ould Abeid était  sorti du palais ocre en se frottant les mains de satisfaction, c’est sans doute parce que peut être, il avait laissé Ould Ghazouani entendre qu’il ne peut plus ni politiquement, ni financièrement se contenter des « slalikhs ». Mais beaucoup plus pour combler le déficit qui serait engendré par son revirement spectaculaire.

Biram Dah Ould Abeid, apôtre de la violence verbale incontrôlée.

Si la mémoire de  Biram Ould Dah Ould Abeid est courte au point de lui faire « oublier » les discours très « incendiaires » par lesquels il haranguait les foules de harratines et des négros-mauritaniens qui attendaient de lui de lutter pour plus d’égalité et de justice sociale à leur profit, les autres  mauritaniens n’oublieront jamais au plus grand jamais  le vocabulaire « injurieux » introduit par Biram Dah Ould Abeid dans le lexique Hassanya et poular pour monter certaines communautés les unes contre les autres.

Dans une vidéo partagée largement sur les réseaux sociaux par Taleb Ould Abdel Weddoud (opposant vivant au Canada, un autre adepte de l’insolence et du dénigrement des responsables du pays), on voit le leader de l’IRA qui avait divorcé  en 2008  avec l’idéologie « modérée » de Boubacar Ould Messaoud (SOS-Esclaves), s’adresser à une assistance en  critiquant les  maures  avec une insolence d’une rare violence, comme  pour briser un tabou, celui de minimiser et de ridiculiser  les notables et les chefs religieux de ce pays. 

Taleb Ould Abdel Weddoud dit dans la vidéo mise en ligne que c’était,  pour se forger une personnalité propre à lui. Une personnalité  qui tranche complétement avec la sagesse de ses ainés Messaoud Ould Boulkheir, Boubacar Ould Massaoud, Boidjiel Ould Houmeid, Bilal Ould Werzeg, Braika Ould M’Bareck, Saad Ould Louleid, Bilal Ould Ramdane, Sghair Ould M’Bareck, Tidiane Youssouf Sylla,  tous des modérés qui luttaient contre toutes les formes d’esclavages mais toujours en préservant la cohésion sociale et nationale. C’est donc bien pour pénétrer avec fracas sur la scène politique  que Biram Ould Dah Ould Abeid s’était lancé dans les attaques verbales insolentes  et abjectes à l’adresse des maures de manière générale. C’était donc pour Biram une manière de prendre un  « bon   départ » en politique en cascadant avec insolence. 

Dans la vidéo, publiée, Biram Dah Ould Abeid dit sans  détour  et sans moindre gêne : « Les maures vous ont dit qu’ils vont me pendre, qu’ils vont m’assassiner. Je leur dit moi, ce que j’ai dit à Nouakchott et que j’ai  répété à l’étranger. Je le dis à eux tous,  à  leurs chefs religieux, à leurs oulémas, à leurs walis, à leurs préfets, à leurs gendarmes et à leurs policiers qu’ils se les mettent où je pense*.».

L’insolence verbale inouïe avait surpris plus d’un. Et évidemment, cette insolence tranchait complétement avec la sagesse de ses ainés qui avaient créés  le Mouvement El HOR -(un appel à la désobéissance dans des circonstances très osée)-, mais toujours en maintenant un respect mutuel entre anciens maitres et descendants d’esclaves. 

C’était voulu et intentionnel. D’une part, Biram Dah Ould Abeid trouvait trop longue la période de sursis accordée  « aux maures » pour « abandonner » définitivement les pratiques de l’Esclavage.  Pour lui la lutte dont  Messaoud Ould Boulkheir avait fait depuis le début des années 70 son  cheval de bataille ne donnait rien. Il fallait donc activer de nouveaux  mécanismes en  prônant la violence verbale et même physique   pour  briser  le tabou de la domination des blancs (maures) sur les noirs (harratines).

En s’isolant par cette approche qui menaçait sérieusement la cohésion sociale entre maures (arabes) et noirs (harratines), Biram Dah Ould Abeid s’était retrouvé isolé politiquement. Mais son discours « révolutionnaire » avait insufflé un sang nouveau à une  horde  des « m’djembrines »,  cette génération des harratines nés après les événements de 89,  qui préféraient « s’assimiler » aux négro-mauritaniens dont ils sont très proches dans certaines zones géographiques du pays, plutôt que de s’identifier aux maures (esclavagistes) dont ils sont différents par la couleur,  par le mode de vie, par la musique, par certaines coutumes et par certaines traditions.

C’est sur cette « corde sensible » que « les thèmes » des  campagnes d’intoxication de l’IRA ont été orientés. C’est qui expliquait à l’époque (2014-2017) cette montée en puissance de l’IRAisme, et ce qui avait déversé les « Irawiyines » et les « Irawiyattes » dans l’adhésion d’une mouvance affiliée à un parti qui n’était même pas reconnu officiellement.

Au début,  pour les « Irawiyines », le marché conclu entre eux et leur leader Biram était un marché gagnant-gagnant. Gagnant,  pour le leader de l’IRA en popularité  donc en force politique, et gagnant pour eux puisqu’ils trouvaient une bouche pour dire ce que Messaoud Ould Boulkheir, Boidjiel Ould Houmeid et Boubacar Ould Massaoud pouvaient dire aussi, mais qu’ils  évitaient de dire pour ne pas mettre un désordre incontrôlable au sein de  la communauté  maure au sens large du terme.

Mais dans la réalité, sans le montrer, Biram Dah Ould Abeid avançait à toute vitesse et sans freins  vers un objectif qui était différent de celui vers lequel les sympathisants de la Mouvance  IRA cherchait à progresser. 
Si les Irawiyines aspiraient à plus d’égalité et de justice et voulaient imposer leur poids démographique sur la balance de la scène politique nationale  afin de  chercher à  être plus représentatifs à tous les niveaux, Biram Dah Ould Abeid lui n’aspirait qu’à  à s’élever à un niveau charismatique national et international qui ferait de lui l’unique interlocuteur « agréé » par les occidentaux et les américains comme interlocuteur légitime et incontournable des descendants d’esclaves de Mauritanie opprimés.

Le bandit de Dakar qui se bat le jour publiquement avec ses complices et le soir vole avec eux.

Biram  avait donc par ses discours « révolutionnaires » immobilisé les moyens humains pour se faire entendre même dans la fumée des grenades lacrymogènes. Il avait un terrain sur lequel il se battait, le  pays où les harratines malgré toutes les batailles menées par leur idole Messaoud Ould Boulkheir, aigris patinaient à cause l’ignorance, de l’analphabétisme et à cause surtout de leur exploitation continue par certains de leurs anciens maitres dans une complicité de générations.

Biram avait aussi des « soutiens » internes et externes. Il avait charmé toute la « récupération » des populations sympathisantes des FLAMs qui lui servait de valeur ajoutée pour lus de considération par les occidentaux et les américains. Et, jaloux des subventions qu’obtenait SOS Esclaves dans la légalité, Biram Dah Ould Abeid  avait mis en place donc  une toile d’araignée de représentants (pour la plupart d’ailleurs des négro-mauritaniens tous des intellectuels refugiés en occident  et aux Etats-Unis après les douloureux évènements  de 89  ) pour faire des  collectes des fonds qui, selon Saad Ould Louleid, ancien leader de l’IRA et fin connaisseur du Mouvement,  passaient   par un circuit fermé  confié à Abidine Ould Merzoug et Boubacar Ould Yatma.
 
Mais aussi et sur un autre plan, il avait un avantage de poids. Ces manœuvres dilatoires de Ould Abdel Aziz  qui faisaient de Biram l’ami au fond, mais aussi  en apparence l’ennemi juré du régime. C’est pourquoi, Biram n’était jamais  un détenu comme les autres. Biram dormait dans la même cellule que ses codétenus,  (Saad Ould Louleid et  Bilal Ould Ramdane) mais  vaquait à ses occupations « occultes »  au moment   de ses rencontres lors  des visites des proches de l’ancien président.

Des financements « blanchis » par un circuit fermé.
 
Quand Saad Ould Louleid avait fait des révélations sur le blanchiment par Biram de l’argent de l’IRA pour son propre compte, certains pensaient que l’ancien compagnon du leader cherchait simplement à dénigrer un homme que lui-même avait « trahi »  corrompu par le régime en place. Même si ce que disait Louleid par rapport à la collecte  des fonds opérée  par des activistes harratines et négros-mauritaniens réfugiés en France ou aux Etats-Unis était faux, il y’a quand même ce qui reste vrai. Biram Dah Ould Abeid « Limdjeimber » comme il se qualifie lui-même,  a bien « sifflé » les « Slalikhs » de Ould Bouamatou, (156.000.000 d’ouguiyas) à l’insu des adhérents de son mouvement.

Dans la tradition orale, chez nous, ont dit que les parties du mouton égorgé sont préalablement reparties. Si  les guerriers, les marabouts et les chérifs se taillent les parties les plus importantes, les forgerons et les esclaves se contentent du reste. C’est-à-dire la tête (pour les forgerons), le cou et des slalikhs pour les seconds (les harratines).

Et,  généralement, quand les esclaves prennent leur part (éraagbé,  el kimbiss, et quelques m’sarines), ce soir-là, c’est la fête. Les esclaves de la famille  préparent assez de couscous très délicieux qu’ils partagent ensemble. Mais aussi généralement dans des pareilles circonstances,  quand le père de famille  « Ezram » se remplit le ventre, il dort toute la nuit en ronflant et ne se réveille que le lendemain affamé par une longue digestion.

Le Python de la réserve de Djoudj dans la région de Saint-Louis.

Il y’a quelques années, un ami journaliste sénégalais de Saint-Louis, m’avait demandé si j’avais une fois visité le Parc Naturel de Djoudj réserve naturelle ornithologique de Saint-Louis la 3ème plus grande du Monde. Je lui avais répondu que non. Il m’a dit : «  Il faut aller une fois, tu ne regretteras pas ». Je connais bien le Sénégal et je me rendais très souvent à Saint-Louis, pas « pour boire » comme d’autres mauritaniens mais en tourisme un peu particulier. Je n’avais donc jamais eu la curiosité de visiter ce parc naturel qui est le prolongement de notre parc de Diawling.

Un jour, alors que j’étais en mission à Saint-Louis, la ville natale de mes frères  de N’Dar Toute, (Thierno Fall, N’Deye Tabara Fall (Yarhamha), Moctar et Youssouf Fall),  j’ai invité un ami italien à  m’accompagner pour visiter cette réserve célèbre. Il n’y avait pratiquement rien à découvrir. Que des oiseaux migrateurs, les mêmes qui passent de notre frontière à leur frontière. J’étais déçu,  mais mon invité était content de découvrir des cygnes, des pélicans et des flamants roses  en si grand nombre, trois millions répartis en 350 espèces. 

Notre guide, un forestier qui lisait sur mon visage une certaine  déception, (moi qui allait mettre la main  à la poche pour payer sa prestation de guide, m’a dit : « tu veux voir un python ? » J’ai répondu « pour ça oui, s’il est vivant ». J’étais curieux de voir un python vivant. Il m’a dit « vous voyez ces traces ? » j’ai dit  « oui ». Il me dit « Ce sont ses traces.»  Et il m’explique qu’au vu de la largeur des  traces de sa progression, cela veut dire qu’il venait d’avaler une  proie. « On va le suivre à la trace ». 

Nous avons suivi le forestier et là tout d’un coup il cria « le voilà ! » Sous un arbre, le géant reptile dormait replié en cercle sur lui-même. C’était impressionnant. De la main, le forestier nous montre une partie du reptile très dilatée. Il nous explique que c’est sa proie qui se trouve-là. Je lui pose la question : « tu touches le reptile de la main. Tu n’as pas peur ? »  Il me répond « non ». 

Alors il m’apprend quelque chose que je ne savais pas. Il m’explique que quand le python avale sa proie, il commence un   cycle de digestion très lent. Pendant toute la durée de ce cycle généralement il dort et même s’il est réveillé il est inoffensif. Il ne redevient agressif  que lorsqu’il est de nouveau affamé.

Le forestier s’adresse à moi : « Vous pouvez le toucher vous aussi si vous le voulez ». Je lui ai répondu : « Ça se voit que vous ne connaissez pas qui je suis. »  Je lui demande si un python peut  avaler une personne ? Il me répond : « Une fois nous avons découvert un python qui était en train d’avaler un veau ». J’ai eu froid au dos. Lui ne savait pas mais en 2017, un adulte de 25 ans avait  été retrouvé dans un python réticulé de 7 mètres de long.

Je ne sais pas pourquoi, je vous raconte cette histoire. Peut-être du « Khroujou ». Peut-être aussi pour que vous en tiriez cette conclusion. Parfois aussi,  si l’homme a faim il  devient agressif comme un animal. Ce qui explique peut-être pourquoi  des journalistes, des politiciens, et très souvent des chômeurs deviennent très agressifs verbalement  dès qu’’ils sont fauchés. L’explication de ce phénomène c’est parait-il « El Alava » quand elle se vide.

Mohamed Chighali
Journaliste indépendant.


Ses propres mots ont été changés à cause de leur insolence.

NDLR les propos de la rubrique " tribune libre" n'engagent que leur auteur

 
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