La gestation du dialogue politique, dont les manœuvres avaient abouti à un consensus autour de la mise en place d’un comité de pilotage, semble avoir du plomb dans les ailes. On n’en parle plus ou presque. Les deux camps s’apprêtaient pourtant à désigner leurs représentants au sein dudit comité et auraient même convenu comment en assurer la présidence. L’UPR la voulait mais semblait avoir fini par reculer devant la réaction de l’opposition appelant à une personnalité indépendante nommée directement par le président de la République. L’objectif visait à impliquer davantage celui-ci, lui qui avait consenti à des « concertations », après avoir estimé que le pays n’avait pas besoin de « dialogue »…
Puis les divergences au sein de l’opposition retardaient la désignation de ses représentants. L’Alliance Populaire Progressistes (APP) du président Messaoud Boulkheïr et le député de SAWAB, Biram Dah Abeïd choisissant, chacun, de faire cavalier seul. C’est alors qu’intervint le décès du docteur Kane Hamidou Baba, dont le rôle de « modérateur » au sein de l’opposition paraissait incontournable. Plusieurs leaders de celle-ci et de la majorité se dirent très affectés par cette disparition qui ne « manquerait pas de peser sur le cheminement du dialogue ». « Kane jouait un rôle très déterminant dans le processus de préparation », reconnaissait d’ailleurs un haut responsable de l’opposition.
Le discours de Ouadane, point de mire de toute la République, vint là-dessus occuper l’actualité. La dénonciation des archaïsmes de notre société jetèrent le dialogue aux oubliettes. Et l’UPR d’organiser ses troupes pour un méga-meeting à Nouakchott. C’est bien connu, rien de tel pour ameuter les membres du parti et du gouvernement, les élus et les hauts responsables de l’État. Tous préoccupés à se faire voir et entendre en mobilisant les leurs. Un seul objectif, une seule idée, fixe : être cités parmi ceux qui ont contribué au succès de l’évènement. Les concertations en gestation ? Il y a plus urgent !
Dernière cause du retard, la COVID du président de la République. Une contamination coupant le souffle à plus d’un, au sein du pouvoir. Vous vous souvenez de la balle de Tweïla qui toucha Ould Abel Aziz, alors Président en exercice ? La fièvre qui s’était emparée du gouvernement, des casernes et de l’UPR… Les banderoles formulant des prières pour le rétablissement du Guide et les oraisons pour sa guérison… Un « bon vieux temps » dont l’UPR ne s’est d’ailleurs guère pressée – on se demande encore pourquoi – d’extraire cette fois tout le jus. Mais, bon, stand by, tout de même !
Suspension… suspendue ?
Autant de facteurs qui auront suspendu la préparation du dialogue. Une situation qui ne dérange pas le pouvoir dont les faucons s’appliquent à justement éviter la tenue dudit débat. « La conjoncture du pays ne le commande pas », s’entêtent-ils à prétendre. Mais voici qu’un haut responsable de parti relance l’idée : « le moment est venu de reprendre les démarches. L’opposition s’y attèlera sous peu », promet-il. Ha, enfin du nouveau au pays de « la changité dans le continuement » ?
Il y a en tout cas urgence. Les problèmes que vit le pays sont toujours là. Et on ne peut continuer à tout renvoyer au lendemain. Il s’agit de prendre une fois pour toutes le taureau par les cornes. Le terrasser ou s’avouer vaincu.
Un autre ajoute la balle dans le camp du pouvoir : nous attendons la réponse du président de la République qui a reçu notre proposition relative à la présidence du comité de pilotage des concertations. Ghazwani doit donc choisir une personnalité consensuelle pour présider ce comité, ce qui le replacera au centre du dialogue, non en dehors.
Dalay Lam Lecalame