Nouakchott : le mystère des légumes marocains empoisonnés enfin résolu...

Comme beaucoup de quadragénaires, le soir je dîne léger. Etant seul et mauvais cuisinier comme tout bon mauritanien, la cuisine étant l’apanage de la gente féminine, je me fais une salade variée avec juste de l’huile d’olive, un soupçon de vinaigre et du sel, ce qui permet de sentir le goût des légumes contrairement à une habitude mauritanienne de faire des vinaigrettes épaisses à base de moutarde et même de sucre qui altèrent le goût des légumes. 

Avant de déployer ma recette crétoise, je goûte chaque légume cru. Ce faisant, j'ai remarqué qu'à Nouakchott quasiment toutes les tomates, surtout les moyennes, les concombres ont un goût sévère d’insecticide.

Même épluchés, les légumes ont ce goût infect.  J’en ai acheté presque partout à Nouakchott avec le même résultat. On ne sent pas ce goût chimique par habitude du palais quand on n’arrive pas de l’étranger ou quand ils sont cuits ou baignants sous une avalanche d’épaisse vinaigrette de moutarde. Aujourd’hui, à force de m’entendre me plaindre de ne pas pouvoir trouver une tomate saine dans tout Nouakchott, mon frère a voulu en avoir le cœur net et il m’a accompagné chez un marocain. Il n’a pas voulu prendre une tomate pour la goûter à la maison de peur d’être mal vu par le commerçant à qui j’ai fini par expliquer le problème en disant faut arrêter de mettre de l'insecticide pour chasser les mouches car j’ai déjà vu ailleurs un employé mauritanien le faire.

Je pensais qu’il ne pouvait pas y avoir d’autre explication à ce goût chimique sévère. Il m’a répondu qu’il ne pulvérise jamais d’insecticide, je n’y crois pas, mais, dit-il, ce goût avéré vient des camions réfrigérés venant du Maroc car les groupes frigorifiques fonctionnent soit au gaz soit au gasoil et souvent il y a des fuites qui aspergent les légumes durant le trajet. Parfois en épluchant les fruits et les légumes, on le sent à peine mais parfois rien n’y fait, le produit traverse le fruit sauf pour les oranges et les mandarines.

Comment avec tout ce chômage qui affecte des milliers de mauritaniens d’illettrés qui n’ont que leurs bras à proposer au marché du travail, nos terres arables, ce fleuve Sénégal, on n’arrive pas à produire des tomates pour le pays pourtant certains produisent des fruits pour l’étranger ? Les fruits et légumes qui ont subi ce traitement sont un poison qui tue à petit feu tout le monde, riches et pauvres comme le thé dont on attend toujours les résultats. 

C’est une faillite totale des ministères de l’agriculture et du commerce dont l'incompétence et la négligence se payent en santé publique. Ensuite l’Etat doit payer les soins, avec une population malade et la Cnam qui finira ruinée.
Si on ne peut pas cultiver des tomates ni réguler le commerce des poisons qui entrent en Mauritanie, il faut fermer les ministères du commerce et de l’agriculture et donner leur budget au ministère de la santé pour compenser.

Quand un scandale comme celui du thé éclate, il faut sévir au lieu de la fuite en avant catastrophique à tous les niveaux en matière de communication car c’est injustifiable et cela tue tout le monde à petit feu, du citoyen lambda à la présidence en passant par l’armée.

Le déni est une autre maladie. Rien ne coûte de dire la vérité aux mauritaniens car c’est un mal qui touche la planète entière, les pauvres mangent mal et sont empoisonnés par les fruits et légumes infectés par des pesticides, les autres plus aisés ont accès aux fruits et légumes bio.

L’Etat doit informer, libre ensuite aux mauritaniens de continuer à s’empoisonner s’il ne peuvent se passer de ce qui les tue. Informer c’est déjà risquer de ruiner les coupables. Toucher à leur portefeuille à défaut d’interdire leurs produits ou les jeter en prison c’est toujours mieux que rien…

VLANE A.O.S.A