Birame Dah Abeid
De quoi s’agit-il ?
Le 28 mars 2022, des dizaines de prisonniers politiques déclenchent une grève de la faim en vue d’informer, l’opinion, sur la précarité de leurs conditions carcérales ; le geste collectif dénude la partialité de la justice de caste et de classe en Mauritanie.
Le contexte
Le 15 septembre 2021 à 9 heures, une manifestation spontanée a été organisée à R’kiz, département situé à 100 km de Rosso, le chef-lieu de la région du Tarza, frontalière du Sénégal. La protestation de rue, avait été organisée pour dénoncer les délestages d’électricité et d’eau, tandis que des notables de la localité disposent de groupes électrogènes et de surpresseurs, les mettant à l’abri de la pénurie. En 2 jours de trouble sur la voie publique, la foule s’en prendra aux symboles du favoritisme, de la gabegie et des inégalités de naissance. Les forces de l’ordre dont le nombre s’avéra vite insuffisant ne purent rétablir le calme à temps. Les marcheurs en colère convergeaient alors vers la Préfecture, dès 14 h, obligeant le plus haut représentant de l’Etat à réclamer, enfin, des renforts.
Ciblage et brutalités
A 15 heures, le surcroît de forces de l’ordre parvient investir R’kiz, encore sous le coup des heurts ; aussitôt, les arrestations commencent, sur la base du délit de faciès, pour s’étendre à la circulation en ville. Toute personne, surprise hors de chez elle, devenait suspecte et s’exposait à l’interpellation. Ainsi, des patients et usagers, à la recherche d’une pharmacie, en firent les frais. Le muezzin qui se déplaçait afin d’appeler au culte fut écroué. L’humiliation parviendra à son comble lorsque la police en équipement anti-émeute se mit à encercler les deux quartiers populaires, Talhaya et Helet Joud, lieu de concentration de la communauté Haratine. Tous les hommes mâles, présents dans le périmètre, subiront des actes de torture, sur place ; piétinés, humiliés et écroués sans préavis, ils comptaient, parmi eux, nombre de mineurs. L’isolement de Talhaya et Helet Joud a duré 5 jours durant lesquels les populations enduraient la peur et la contrainte brute. Les détenus témoignent de sévices infligés dès le début de la garde-à-vue. Plusieurs d’entre eux se plaignent de mauvais traitement, tels les pincements sur les parties intimes et l’étirement des sexes jusqu’à pissement de sang. Ahmed Cheikh Voulani dit Cheybah et Moustapha Cheikh Mademba en présentent toujours les symptômes.
Le leurre de l’affichage diplomatique
L’atteinte à la dignité physiologique des gens, quoique abolie en Mauritanie - hormis les peines légales d’amputation, de flagellation et de lapidation - continue à marquer le comportement des services de sécurité, surtout à l’endroit des justiciables de souche subsaharienne. Pire, le Mécanisme national de prévention de la torture (Mnp), malgré son entrée en vigueur depuis le 20 avril 2016, peine à produire une riposte probante aux violations de l’intégrité corporelle du prisonnier.
Le 19 septembre 2021, les 41 prévenus se retrouvent, entassés, dans un bus conçu au transport de 15 adultes ; la pandémie de Covid 19 battait son plein ; conduits au tribunal de Rosso où le Procureur les reçoit, ce dernier en libère 1 seul, place 10 sous contrôle judiciaire et ordonne l’écrou de 28 autres, à la prison civile de Rosso, sans décliner les motifs. Simultanément, les services de sécurité procèdent, dans la capitale Nouakchott, à la capture de bloggeurs solidaires des manifestants. La plupart sont des natifs de R’kiz.
Les victimes en quête de solidarité
A. Les 28 originaires de la localité qui croupissent, toujours, en cellule, loin des leurs :
1.Mohamed Leid Mahmoud, 2.Aziz Abderrahmane Ahmed Diabel, 3.Laghdaf Menne Seyd, 4.Moustapha Cheikh Mademba, 5. Maawiya El Hassane, 6.Mohamed Abdallahi Mabrouk Isselmou, 7.Leatigh Abdel Barka, 8.Mohamed Lemine Mohamed Salem Aboud, 9.Lemine Leid, 10.Taleb Saleck Vall, 11.Issa Yelloul, 12.Abdallahi Salem Ahmedou Yehdhih, 13.Abdallahi M’boïrick, 14.Jemal Mohamed Salem, 15.El Hadi Saleck Boïlil, 16.Youssouf Ahmed Brahim Khlil, 17.Mohamed Meyssara, 18.Cheikh Ahmedou Mahmoud Yelloul, 19.El Hassane Abdallahi Imijine, 20.Boubacar Lemaneu Vgueyrich, 21.Cheikh Kinti M’bareck, 22.Hamady Moïlid, 23.Nouh Messoud Abdallahi, 24.Habibouna Abdallahi, 25.Mouhamed Mohamed Salem Kehka, 26. Abderrahmane Samba Hassane, 27.Hamady Bilal, 28.Cheikh Ghali
B. Les 6 blogueurs résidents interpellés à Nouakchott mais transférés à la prison civile de Rosso :
1.Ahmed Barka, 2.Boullah Djabel Souleymane, 3.Mouhamed Vall Ghvalit, 4.Bah Abdel Haye, 5.Mohamed Sidi El Khalil, 6.Ahmed Djabel Souleymane.
Notre appel
Face aux iniquités manifestes que la présente note énumère et documente, IRA-M :
* Dénonce les magistrats partiaux qui écrasent les humbles et assurent l’impunité aux tortionnaires ;
* Propose sa médiation, aux fins d’obtenir la libération des résistants de R’kiz, en attendant la tenue du procès et leur réitère le soutien, sans réserve, dans leur lutte non-violente sur la voie de la citoyenneté.
Nouakchott 07/04/2022
La commission de communication
NDLR : les propos de la rubrique " actualités de l'opposition " n'engagent que leurs auteurs
Le 28 mars 2022, des dizaines de prisonniers politiques déclenchent une grève de la faim en vue d’informer, l’opinion, sur la précarité de leurs conditions carcérales ; le geste collectif dénude la partialité de la justice de caste et de classe en Mauritanie.
Le contexte
Le 15 septembre 2021 à 9 heures, une manifestation spontanée a été organisée à R’kiz, département situé à 100 km de Rosso, le chef-lieu de la région du Tarza, frontalière du Sénégal. La protestation de rue, avait été organisée pour dénoncer les délestages d’électricité et d’eau, tandis que des notables de la localité disposent de groupes électrogènes et de surpresseurs, les mettant à l’abri de la pénurie. En 2 jours de trouble sur la voie publique, la foule s’en prendra aux symboles du favoritisme, de la gabegie et des inégalités de naissance. Les forces de l’ordre dont le nombre s’avéra vite insuffisant ne purent rétablir le calme à temps. Les marcheurs en colère convergeaient alors vers la Préfecture, dès 14 h, obligeant le plus haut représentant de l’Etat à réclamer, enfin, des renforts.
Ciblage et brutalités
A 15 heures, le surcroît de forces de l’ordre parvient investir R’kiz, encore sous le coup des heurts ; aussitôt, les arrestations commencent, sur la base du délit de faciès, pour s’étendre à la circulation en ville. Toute personne, surprise hors de chez elle, devenait suspecte et s’exposait à l’interpellation. Ainsi, des patients et usagers, à la recherche d’une pharmacie, en firent les frais. Le muezzin qui se déplaçait afin d’appeler au culte fut écroué. L’humiliation parviendra à son comble lorsque la police en équipement anti-émeute se mit à encercler les deux quartiers populaires, Talhaya et Helet Joud, lieu de concentration de la communauté Haratine. Tous les hommes mâles, présents dans le périmètre, subiront des actes de torture, sur place ; piétinés, humiliés et écroués sans préavis, ils comptaient, parmi eux, nombre de mineurs. L’isolement de Talhaya et Helet Joud a duré 5 jours durant lesquels les populations enduraient la peur et la contrainte brute. Les détenus témoignent de sévices infligés dès le début de la garde-à-vue. Plusieurs d’entre eux se plaignent de mauvais traitement, tels les pincements sur les parties intimes et l’étirement des sexes jusqu’à pissement de sang. Ahmed Cheikh Voulani dit Cheybah et Moustapha Cheikh Mademba en présentent toujours les symptômes.
Le leurre de l’affichage diplomatique
L’atteinte à la dignité physiologique des gens, quoique abolie en Mauritanie - hormis les peines légales d’amputation, de flagellation et de lapidation - continue à marquer le comportement des services de sécurité, surtout à l’endroit des justiciables de souche subsaharienne. Pire, le Mécanisme national de prévention de la torture (Mnp), malgré son entrée en vigueur depuis le 20 avril 2016, peine à produire une riposte probante aux violations de l’intégrité corporelle du prisonnier.
Le 19 septembre 2021, les 41 prévenus se retrouvent, entassés, dans un bus conçu au transport de 15 adultes ; la pandémie de Covid 19 battait son plein ; conduits au tribunal de Rosso où le Procureur les reçoit, ce dernier en libère 1 seul, place 10 sous contrôle judiciaire et ordonne l’écrou de 28 autres, à la prison civile de Rosso, sans décliner les motifs. Simultanément, les services de sécurité procèdent, dans la capitale Nouakchott, à la capture de bloggeurs solidaires des manifestants. La plupart sont des natifs de R’kiz.
Les victimes en quête de solidarité
A. Les 28 originaires de la localité qui croupissent, toujours, en cellule, loin des leurs :
1.Mohamed Leid Mahmoud, 2.Aziz Abderrahmane Ahmed Diabel, 3.Laghdaf Menne Seyd, 4.Moustapha Cheikh Mademba, 5. Maawiya El Hassane, 6.Mohamed Abdallahi Mabrouk Isselmou, 7.Leatigh Abdel Barka, 8.Mohamed Lemine Mohamed Salem Aboud, 9.Lemine Leid, 10.Taleb Saleck Vall, 11.Issa Yelloul, 12.Abdallahi Salem Ahmedou Yehdhih, 13.Abdallahi M’boïrick, 14.Jemal Mohamed Salem, 15.El Hadi Saleck Boïlil, 16.Youssouf Ahmed Brahim Khlil, 17.Mohamed Meyssara, 18.Cheikh Ahmedou Mahmoud Yelloul, 19.El Hassane Abdallahi Imijine, 20.Boubacar Lemaneu Vgueyrich, 21.Cheikh Kinti M’bareck, 22.Hamady Moïlid, 23.Nouh Messoud Abdallahi, 24.Habibouna Abdallahi, 25.Mouhamed Mohamed Salem Kehka, 26. Abderrahmane Samba Hassane, 27.Hamady Bilal, 28.Cheikh Ghali
B. Les 6 blogueurs résidents interpellés à Nouakchott mais transférés à la prison civile de Rosso :
1.Ahmed Barka, 2.Boullah Djabel Souleymane, 3.Mouhamed Vall Ghvalit, 4.Bah Abdel Haye, 5.Mohamed Sidi El Khalil, 6.Ahmed Djabel Souleymane.
Notre appel
Face aux iniquités manifestes que la présente note énumère et documente, IRA-M :
* Dénonce les magistrats partiaux qui écrasent les humbles et assurent l’impunité aux tortionnaires ;
* Propose sa médiation, aux fins d’obtenir la libération des résistants de R’kiz, en attendant la tenue du procès et leur réitère le soutien, sans réserve, dans leur lutte non-violente sur la voie de la citoyenneté.
Nouakchott 07/04/2022
La commission de communication
NDLR : les propos de la rubrique " actualités de l'opposition " n'engagent que leurs auteurs