Au sujet du Coran traduit ces derniers jours en langue Soninké, mon humble avis est le suivant:
Pour avoir lu le Coran en arabe des milliers de fois, et même en avoir récité par cœur une bonne partie, je peux affirmer, que sans les exégèses telles que celles de ibn Kathir, ibn Abass, At Tabari, Al Qurtubi, etc. une grande partie au moins de ce livre sacré ne peut jamais être comprise d'elle même, même si on maîtrise à 1000% la langue arabe.
Le Coran, dans une bonne partie de ses sourates, n'est pas un livre qui s'explique par lui-même, mais plutôt un livre qui a besoin d'être expliqué à la lumière d'un ensemble de paramètres tels que "le contexte", "la notion de l'abrogé et de l'abrogeant", "la notion d'invalidation", "la notion du sens figuré", "les raccordements entre des ayates situées à différents endroits du livres" et énormément d'autres paramètres. .. Et le problème est justement que ces paramètres là sont très loin de faire l'unanimité chez les exégètes, et sont à l'origine de très grandes divergences parfois, aboutissant à plusieurs écoles et rites islamiques dont chacun s'est choisit lui-même ses propres paramètres.
Ne pas oublier aussi que l'ordre de rassemblement des sourates du Coran et même les titres qui leur ont été donnés sont une œuvre humaine subjective faîte complètement après le décès du prophète Mohamed PSL et non de son vivant ni avec son approbation (C'est du moins l'avis majoritaire chez les sunnites, et notamment chez les Melikites, rite Officiel de la République Islamique de Mauritanie).
Ce qui rend évidemment toute traduction complètement fidèle au Coran dans d'autres langues quelque chose de strictement IMPOSSIBLE, à mon humble avis.
Car pour pouvoir traduire le Coran, il faut déjà pouvoir le comprendre, et pour pouvoir le comprendre on est obligé d'en lire et choisir au moins l'une de ses exégèses. Et les exégèses du Coran, non seulement il y en a des centaines différentes (près de 300), mais en plus, ce ne sont que des interprétations humaines faillibles, qui ne garantissent pas du tout qu'on ait vraiment compris.
Donc, les Corans, en français, en Anglais, en chinois, en Japonais, etc. sont en réalité des traductions d'interprétations d'exégèses coraniques, et non des traductions authentiques du Coran directement.
Très peu de personnes non-arabophones savent cela malheureusement, et croient vraiment avoir en leur possession le Coran juste traduit fidèlement et directement à partir de l'Original.
Donc si vous lisez le Coran dans une langue autre que l'arabe, sachez que vous êtes entrain de lire une traduction influencée forcément par l'une des exégèses du Coran.
Autrement dit, vous êtes entrain de lire, l'avis d'un monsieur, sur ce que signifierait dans votre langue l'avis d'un autre monsieur sur ce que signifierait les phrases des sourates du Coran.
Cela ne signifie pas que les arabophones comprennent forcément mieux le Coran que les non arabophones. Mais signifie en tout cas que les non-arabophones ne peuvent jamais accéder au contenu authentique du Coran sans d'abords être influencé par l'avis subjectif d'un arabophone sur le sens de ce contenu. Puisque ce qu'ils lisent dans leurs langues respectives n'est en réalité, au moins en partie, que la traduction de l'interprétation d'un monsieur arabophone du Coran.
Mais rassurez vous, même nous les arabophones, n'avons accès au Coran que par le prisme de ce qu'en pense un certain monsieur du nom de Ibn Kathir, ou un certain At Tabarri, ou Al Qurtoubi etc. qui ont été parmi les premiers exégètes à définir une grille de lecture et établir et proposer des sens à des mots dans le Coran que les arabes eux même n'auraient jamais pu comprendre tous seuls, et se demandent d'ailleurs jusqu'à aujourd'hui s'ils les ont vraiment compris, puisqu'il persiste encore et toujours beaucoup de divergences parmi les exégètes eux-mêmes, autant sur les paramètres et axes de lectures, que sur le sens tout simplement de certains mots voire de certaines phrases du Coran.
source Kaw Touré FB
source Kaw Touré FB