C'est la deuxième fois que Monsieur Ousmane Mamoudou Kane, ministre des affaires économiques, subit des attaques dédaigneuses rapprochées. Il y a un an, presque jour pour jour, Monsieur Saloum Mohamed Camara, ministre de la fonction publique était, lui aussi, étrillé de façon haineuse. Il lui avait été reproché d'avoir « à l’occasion du 1er mai 2020, osé prononcer un discours en français ».Lire lien en dessous.
L'auteur de cette virulente attaque restée impunie lui avait même délivré un carton rouge et demandé son éviction du gouvernement, le gratifiant au passage de gentillesses du genre « illettré », « incompétent » et décidé qu'il est dans l'incapacité d'exercer ses fonctions en ces termes « Dites-vous que si vous persistiez à continuer pour tenir vos discours dans une langue autre que l’Arabe, celle officielle de notre pays, vous n’aurez plus droit à rester dans votre poste. Oui, et de la manière la plus simple au monde. Pour motif d’incapacité. C’est-à-dire que, si vous ne pouvez pas prononcer un discours en Arabe, cela veut dire, que, vous êtes incompétent. C’est que vous n’êtes pas digne de la confiance placée en vous. Parce que, en ce moment, la meilleure excuse qu’on peut vous donner, est que vous êtes « illettré ». Il n'est pas besoin d'avoir de grands diplômes pour voir le point commun entre Kane et Camara.
Il y a quelques semaines, le député Idrissa Camara s’est vu refuser le dépôt de sa plainte dans un commissariat de police à Nouakchott au motif qu’il ne parlait pas hassaniya. Le point commun avec Messieurs Kane et Camara saute aux yeux d'un myope. Que dire du sort du citoyen noir?
Nous savons tous les motivations des auteurs de ces actes impunis. Nous en mesurons la portée. Il s'agit pour eux d'écoeurer, de déstabiliser, d'humilier constamment à travers des symboles noirs les parias de manière à rendre le pays invivable pour eux. Plus de répit pour eux. Sûrs de l'impunité, ils ne s'en cachent pas.
Nos réactions, nos condamnations sont une réponse à l'exclusion et aux humiliations faites à la composante noire. Pour la cohérence et pour la dignité, il est attendu de chacun à son niveau, membre du gouvernement ou député tendance du pouvoir...., qu'il prenne ses responsabilités et dénonce par les canaux appropriés cette mise à l'écart institutionnalisée. Osez et vous gagnerez. Nous avons collectivement la possibilité, individuellement le devoir, de mettre fin au chaos qui s'annonce.
Ciré Ba – Paris, le 04/05/2021