Toute celle et tout celui qui pensent que la Mauritanie évolue vers le développement et la croissance au service du peuple et de son bien-être, se trompent… de bonne foi.
La raison en est toute simple : la Mauritanie est entrainée dans un engrenage militaro-tribalo-commerçant dont la mécanique tend entièrement à confisquer ses ressources et à gangrener son développement. Ne vous êtes jamais demandé, pourquoi ceux-là même qui ont pillé le pays, et notoirement connus, continuent à exercer et mieux encore à se faire nommer aux postes le plus juteux de la République ?
Ne vous êtes-vous pas demandé pourquoi ceux qui ont publiquement annoncé qu’ils se sont enrichis, sur les biens publics dirigent des institutions de souveraineté en Mauritanie ?
Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi, personne n’est poursuivi et que les délinquants à col blanc de la République se targuent d’avoir des milliards et narguent le pauvre peuple ?
Je ne vous offenserai pas en vous disant que vous ne vous êtes jamais posé ces questions.
Vous vous êtes certainement interrogé sur le pourquoi d’une telle situation et vous avez supplié pour que cela change, soit dans des écrits, soit autour de vous, mais qui pourra vous entendre et qui vous a entendu ?
Quel que soit celui qui arrivera au pouvoir, la situation ne changera jamais, ni en développement, ni en bien-être parce que le système socio-économique et financier mauritanien a été verrouillé par une nomenklatura qui a pris son essor avec l’arrivée des militaires en 1978, s’est enracinée durant la période Taya et s’est développée sou Aziz et consorts.
Tout élément hors de cette nomenklatura militaro-tribalo-commerçante, n’a aucune valeur pour le système politique et socio-économique Mauritanien.
En voici un exemple : la Diaspora.
La Diaspora, n’est pas importante, parce que vous n’apportez rien au développement de cette nomenklatura. Elle ne participe ni aux tractations tribales, ni ne possède des milliards détournés consignés en compte en banque lui permettant d’acheter tel ou tel siège ou telle autorité (exemple être nommé à la tête d’une entreprise publique ou même ambassadeur…), ni une présence sur le territoire lui permettant de négocier un quelconque poste. Or ce qu’apporte la Diaspora en termes de compétences (savoir, culture, science, technologies) est à bannir, car l’éducation éveille les masses et nos gouvernants craignent la conscientisation des masses sur leur réel, leurs réalités ; en somme sur leur misère et leur pauvreté.
Et quand ces masses seront cultivées et conscientes elles pourront désigner les auteurs de leur malheur, alors les gouvernants deviennent redevables de leurs actes. Et cela ils ne le permettront pas ; or la diaspora apporte avec elle l’esprit de liberté, de réflexion sur le devenir, la comparaison avec d’autres systèmes de liberté et c’est en cela qu’elle est « subversive » et dangereuse pour le système militaro-tribalo-commerçant qui tient la Mauritanie en otage dans un cercle vicieux fermé excluant tout élément étranger qui pourrait le déstabiliser.
Aussi, pour une vision systémique de la machine militaro-tribalo-commerçante, et pour mieux appréhender les interactions entre ses divers éléments, et y réfléchir, nous avons élaboré le schéma en fin de cet article.
De ce schéma nous pouvons déjà tirer les principes de gouvernance mauritanienne suivants :
- Principe n°1 : Tout politique en Mauritanie s’élève dans la hiérarchie étatique proportionnellement aux ressources détournées.
- Principe n° 2 : Tout politique en Mauritanie, reçoit le soutien de sa tribu proportionnellement aux ressources qu’il a détournées.
- Principe n°3 : La déchéance d’un politique enrichi est inversement proportionnelle aux biens publics qu’il a détournés.
- Principe n°4 : Tout politique est militaro-tribalo nommé aux postes étatiques s’il répond aux principes n°1 et n°2.
- Principe n°5 : Tout politique n’est déchu du poste militaro-nommé que par application de la principe n°3
Appelons ces principes politiques, principes d’une mauvaise gouvernance gangrénant tout un pays, pris dans l’engrenage de son sous-développement.
Pr ELY Mustapha
agoravox.fr