J’ose penser que cette fois ci , une fois n’est pas coutume , nous avons le droit à un vrai débat sur les enjeux de la campagne électorale qui s’est déclenchée en dehors du temps réglementaire.
Je crois que le temps est venu , au moins pour l’élite pensante , d’envisager l’avenir avec sérénité et de discuter des problèmes de la Mauritanie tout en restant polis .
En fait principal enjeu de cette campagne consiste , on le sait déjà , dans l’idée de l’alternance à la tête de l’État . Il semble que le pouvoir en place s’est bien préparé à cette exigence institutionnelle et qu’il s’attelle , jour et nuit , à assurer les conditions propices à un nouveau changement dans la continuité.
À cette fin il ne manque pas d’atouts . Outre son expérience en matière de sécurité ,rassurante aussi bien pour le pôle conservateur toutes catégories confondues ( les grands électeurs à la mauritanienne ) que pour les partenaires de la Mauritanie , le candidat issu du pouvoir en place a dévoilé , pour qui veut le croire, le côté attirant de ce que pourrait être son style personnel ou plutôt sa manière, ã lui , de gouverner .
Il aura , néanmoins , la tâche , pas du tout facile , d’affronter , dans cette campagne , dès candidats porteurs de projets , éminemment , alternatifs .
Il y a , d’abord , cette idée tenant à « la reprise du pouvoir par les civils » jadis portée aux anges par l’opposition historique et qui , paradoxalement, constitue aujourd’hui un cheval de bataille pour des théoriciens , plutôt réputés alliés du pouvoir militaire. Cette idée s’est invitée , tel l’indésirable qui vient cracher dans la soupe , dans l’actuel débat .
Or et cela va sans dire que le candidat incarnant le plus ce projet alternatif est une personnalité crédible qui a une grande expérience de l’État et qui peut , donc valablement jouer dans la cour des grands de ce monde mais ses principaux alliés continuent , à tort ou à raison , d’être encombrants mème, après avoir abandonné la théorie du califat .
Dans la perspective » civiliste » , l’ex premier ministre est, d’ailleurs , en concurrence avec un ancien théoricien de la révolution nationale démocratique et populaire , lequel a reçu , en héritage contesté, les vestiges de l’opposition historique . Il s’agit , certes d’un Professeur d’histoire , plutôt propre, politiquement parlant , mais tout porte à croire que le temps de » l’imagination au pouvoir » n’est pas encore arrivé .
La seconde idée , bien présente dans ce débat tient à l’envahissante tentation du communautarisme incarnée aussi bien par le bouillonnant activiste radical qui entend jouer au Spartacus des temps modernes que par l’ex commis de l’État et , aussi figure de l’opposition historique , lequel après avoir déposé les armes en 2009 , cherche , sous le prétexte du » vivre ensemble » , à devenir le grand seigneur de la vallée.
À ce propos , il s’agirait de trancher , par la transparence des élections , la question de savoir si ces deux leaders auto proclamés ont un poids réel et significatif auprès des communautés qu’ils prétendent , malgré un maquillage républicain de pure forme , représenter ,
En tout état de cause , le véritable enjeu de cette alternance qui s’annonce pour la Mauritanie de Demain et qui constitue , en soi, un indéniable acquis institutionnel , se situe dans le sens de la justice lequel suppose un perceptible progrès de l’État de Droit et , au plan de l’urgence , une sensible réduction des flagrantes inégalités, par le biais entre autres, d’une intelligente redistribution des richesses du pays .
Il reste à préciser, au risque de dire une lapalissade que la politique, au gouvernement , c’est l’art du possible et que de nos jours , les programmes de gouvernance sont de plus en plus standardisés mais ceci n’empêche pas, évidemment , les politiciens , qui sont rarement des saintes vierges , de promettre dans leurs campagnes électorales , la pluie et le beau temps . ,
Abdel Kader Ould Mohamed
source rimweekly.com