Le Calame : On ne vous a pas entendu depuis la fin des dernières élections municipales, régionales et législatives. Un temps de méditation sur ce qui s’est passé ? Qu’en avez-vous retenu, de façon générale, mais aussi de façon spécifique pour votre parti ?
M. Saleh Hanana : Les dernières élections municipales et législatives ont été, comme à l’accoutumé, caractérisées par la fraude massive et par l’utilisation des biens publics de façon à peine voilée. Notre parti a participé à ces élections avec un peu de retard et avec des moyens financiers limités. Nous avons, malgré tout cela, occupé le 4ème rang parmi les partis politiques mauritaniens avec l’ordre de 4% des voix des citoyens mauritaniens.
L’opposition à laquelle vous appartenez a fortement décrié le déroulement du processus électoral et sa gestion par la CENI et les résultats que celle-ci a proclamés. Partagez-vous cet avis ?
Comme je l’ai dit plus haut, nous partageons avec tous les mauritaniens intéressés par la chose publique, le souci et la crainte de voir le processus électoral bafoué et la volonté du citoyen détournée afin de servir un régime qui se veut démocratique alors que la réalité en est toute autre. Les résultats proclamés par la CENI (que je m’abstiens de qualifier) ne reflètent guère la volonté des mauritaniens.
Pensez-vous qu’il faudrait la réorganiser avant la prochaine présidentielle ? Si oui comment ? L’opposition accepterait-elle d’aller aux élections avec la CENI actuelle ?
Nous pensons que la présente CENI a été formée sur des bases non consensuelles et qu’elle est à la fois juge et partie. En conséquence sa réorganisation est extrêmement nécessaire avant les prochaines échéances présidentielles. Je pense que l’opposition participera à ces élections même avec l’actuelle CENI car une fois soudée derrière un candidat unique, elle aura de grandes chances de gagner les prochaines élections présidentielles et elle pourra contrecarrer les tentatives de fraudes du régime sans lesquelles il n’aura aucune chance de gagner.
Que vous a inspiré le dernier réaménagement du gouvernement et surtout de l’arrivée à la défense de celui qui est considéré le potentiel dauphin du président Mohamed Ould Abdel Aziz ?
Le dernier remaniement ministériel n’a rien apporté de nouveau. Il s’agit seulement de changement de portefeuilles. Il a été caractérisé par le souci de plaire à tous les intervenants dans la machine de fraude électorale. La nomination du nouveau Ministre de la Défense est certes l’unique mesure particulière et qui rentre dans le cadre des partages des rôles entre les différents acteurs du régime.
Êtes-vous de ceux qui continuent à douter de la sincérité du président Aziz qui a répété à maintes reprises qu’il ne modifierait pas Constitution pour briguer un 3emandat ?
Les jours avenir apporteront la réponse à cette question qui préoccupe tous les mauritaniens.
Nous sommes à quelque 6 mois de la prochaine présidentielle. Si côté du pouvoir et de sa majorité, on se prépare, du côté de l’opposition, on ne voit rien venir. Où en êtes dans les préparatifs de cette échéance cruciale ? L’opposition (AEOD) ne risque-t-elle pas, une fois encore d’être obligée de prendre le train en marche et donc de rater l’alternance de 2019?
L’opposition a ses stratégies et ses calculs qu’elle ne veut pas divulguer à l’heure actuelle. Mais ce qu’on peut dire, c’est que nos préparatifs vont bon train.
Étant ancien officier de l’armée, que vous inspire ces dernières nominations intervenues au sein de l’armée, mais aussi au niveau de certains établissement publics comme la SNIM et le Port de l’Amitié, quelques mois avant la prochaine présidentielle ? Qu’augurent-elles, selon vous ?
Ces nominations sont, comme je viens de le dire, une tentative de réorganiser les hommes du régime. Mais comme le dit l’adage hassani : « la fuite n’empêche pas la mort ».
Selon des révélations de notre confrère Al Akhbar, la SNIM dont l’ancien ADG vient d’hériter du poste de premier ministre et un nouveau nommé à sa place, connaîtrait de graves difficultés financières. Que pensez-vous de ce scandale ?
La SNIM n’est que l’une des institutions qui sont victimes de la gabegie et des détournements des deniers publics. Le problème de la SNIM et des autres entreprises publiques consiste en la mauvaise gestion caractérisée entreprise par le régime en place.
L’opposition a récemment dénoncé l’exclusion de la composante noire du pays, ceci après la publication de la liste du premier gouvernement Béchir. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que la Mauritanie est la patrie de tous et que chacun doit se sentir citoyen à part entière au même pied d’égalité que son concitoyen. Les nominations doivent être faites sur la base de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut sans considération aucune des appartenances.
Que pensez-vous de l'adoption par le gouvernement d'une loi qui dissout les partis politiques n'ayant pas obtenu 1% au cours de deux élections locales ?
La prolifération des partis politiques a été de mise lors des dernières décennies à un stade tel qu’ils ont dépassé les 100 partis. Les dernières élections ont été très influencées par cette situation. Cette mesure contribuera à limiter les partis et à leur donner plus de crédibilité et de sérieux.
Propos recueillis par DL
source lecalame.info