Le Calame : Vous venez d’être nommé Directeur National de la campagne du Docteur Mohamed Ould Maouloud, candidat de la Coalition des Forces du Changement Démocratique. Votre sentiment ?
Limam Ahmed ould Mohamedou : Un sentiment de satisfaction, envers une marque de confiance à ma modeste personne, de la part du Président Mohamed Ould Maouloud et, à travers lui, toute l’Alliance des Forces du Changement Démocratique. J’en suis très honoré et mesure tout le défi à relever, dans un contexte électoral pas assez lisible. Je demeure cependant confiant : la Coalition a réussi un premier pari, en organisant, avec un franc succès, un méga-meeting, à l’occasion de l'investiture de notre candidat. Les observateurs n’ont pas manqué de constater l’affluence des populations de Nouakchott. Le Dr Mohamed Ould Maouloud est le candidat du changement démocratique, de l'unité nationale, de la jeunesse et, donc, de l’espoir. Sa candidature a déclenché une véritable dynamique à laquelle contribuent, substantiellement, les différents segments de la population, issus de toutes composantes nationales. Les Mauritaniens ne manqueront pas de le plébisciter, en dépit de la manifeste volonté du pouvoir à vouloir rééditer, comme toujours, des élections truquées. Je suis persuadé que nos concitoyens s’y opposeront, cette fois-ci.
- Nombre d’observateurs se demandent si votre candidat parviendra à rassembler les parrainages nécessaires pour faire accepter son dossier par le Conseil Constitutionnel. Que pouvez-vous leur répondre aujourd’hui ?
- Je tiens à rassurer l’ensemble des militants et sympathisants de la Coalition ainsi que les nombreux soutiens de notre candidat que son dossier de candidature est déjà ficelé. Il sera déposé, sous peu, au Conseil Constitutionnel, Inchaa Allah.
- Votre candidat a rencontré, il y a quelques jours, les collectifs des victimes des exactions commises contre la communauté négro-africaine, en 1989/1990. Que pouvez-vous nous dire sur la signification de ce geste et les engagements qu’il a pris pour régler ce douloureux dossier ?
- Effectivement, le Docteur Mohamed Ould Maouloud, accompagné d’une importante délégation de son directoire de campagne, a rendu visite aux collectifs et associations des victimes de cette période très sombre de l'histoire de notre pays. Ce fut l’occasion, pour le candidat et les membres des différents collectifs et associations, d’échanger sur la question de l’unité nationale. Les victimes en ont profité pour réclamer l’accomplissement des devoirs de vérité, de justice, de mémoire et de réparation. Nous avons remarqué que ces victimes, tout en réclamant toute la lumière sur ce qui s’est passé, sont conscientes qu’on doit se tourner vers l’avenir et se battre pour une Mauritanie unie, égalitaire et fraternelle. Nous avons tous convenu qu’il faut apporter une solution rapide au douloureux dossier du passif humanitaire, si délicat et si menaçant pour notre unité nationale.
Au terme de nos émouvants et fructueux échanges, nous avons établi le constat que la Mauritanie a besoin, plus que jamais, de paix, de sérénité, de stabilité, de justice et de solidarité et que cela ne pourra se réaliser en dehors d'un large consensus national. Notre pays a besoin de consolider et promouvoir sa diversité culturelle et linguistique, pour préserver son unité nationale. Le candidat Mohamed ould Maouloud en est parfaitement conscient. Il a rappelé les actes qu’il a posés dans ce sens, tout au long de son parcours politique. Il a enfin indiqué que les victimes de toutes les formes d’injustices le trouveront à leur côté.
- Quel commentaire vous inspire la décision du ministère de l’Intérieur, suspendant les discussions sur la recomposition de la CENI ? Qu’entendez-vous opposer au refus du gouvernement d’accéder à vos doléances ? Irez-vous ou non à une élection supervisée par l’actuelle CENI ?
- A propos de ces négociations, force est de constater que le gouvernement fait preuve de mauvaise foi. Depuis quand l’opposition lui a-t-elle écrit pour exiger la part qui lui revient dans la constitution de la CENI ? Depuis plusieurs mois. Il n’a réagi que très récemment, en enclenchant des discussions marathon, pour enfin les interrompre. C’est l’indéniable preuve de sa mauvaise foi. Force est de constater, aujourd’hui, que la CENI est constituée, en écrasante majorité, de partis favorables au candidat du pouvoir... Une telle CENI peut-elle être neutre et impartiale ? Nous exigeons, simplement, le respect de la loi qui nous donne la place que nous méritons, c'est-à-dire un peu moins de 50% des postes, ce à quoi le Ministère de l’Intérieur s’oppose.
Que faire, alors, dans cette situation ? Nous opposons des moyens pacifiques, comme nous en usons d’ailleurs depuis toujours. Mais si le pouvoir persiste et s’obstine dans sa logique d’obstruction, nous prendrons nos responsabilités. Le peuple mauritanien n’entend certainement pas se laisser voler, à nouveau, ses suffrages. L’opposition est soudée. Elle l’a prouvé en organisant, la semaine dernière, une grande marche pour exiger des élections libres et transparentes. Enfin, je dois vous dire que nous ne réclamons pas seulement notre part au comité directeur de la CENI mais, aussi, en chaque département technique et au sein de chaque démembrement. C’est notre droit. La CENI doit être constituée de manière paritaire et, partant, jouer son rôle d’arbitre, indépendant et impartial. Nous l’exigeons, parce qu’il y va de l’intérêt même de la Mauritanie.
Propos recueillis par DL
source lecalame.info