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un grain de sable pour secouer la poussière...

Lettre ouverte à l’intention de M. Mohamed Cheikh Mohamed Ahmed Ghazwani, candidat à la magistrature suprême de la République Islamique de Mauritanie

Mercredi 10 Avril 2019 - 10:31

Très cher compatriote,

Soucieux de l’avenir de notre cher pays et observateur averti de sa situation politique, je me permets en tant que grand électeur parmi ceux de la région natale de mes parents (père et mère) l’ADRAR, de vous annoncer mon soutien personnel et celui de la grande famille dont je suis issu et que je représente au sein d’un grand ensemble adrarois que l’on appelle IDEYCHILI, (tribu délaissée et abandonnée à son lamentable sort depuis la création de notre république) à votre candidature à la magistrature suprême pour l’élection présidentielle en Juin prochain. Comme la majorité de mes concitoyens, j’adhère pleinement aux grands objectifs et orientations déclinés dans le discours du 01 mars annonçant votre candidature.

Comme ceux-ci, mon souhait est qu’une nouvelle ère s’ouvre à notre peuple dans l’espoir profond de voir une Mauritanie décidée, enfin, à se construire à travers l’instauration d’un véritable Etat de droit, donc de justice, d’égalité entre citoyens, de libertés et d’équité tourné vers la construction sous la direction d’un président d’expérience, juste, compétent, intègre et de grande moralité religieuse dont l’objectif premier sera la répartition équitable des richesses au profit d’un peuple qui n’a que trop souffert, et n’a connu que les conséquences négatives et perverses d’une succession de pouvoirs autoritaires, incompétents et ignorants et ce depuis 1978.

La pratique du régionalisme, du tribalisme, du racisme, de la discrimination de tous ordres, de la gabegie, du détournement des deniers publics, du favoritisme, de l’enrichissement illicite de tous ceux qui ont détenu ces pouvoirs ainsi que leurs acolytes doit être bannie à jamais.

La création de Banquiers, d’hommes d’affaire de paille venus l’on ne sait d’où, de nouvelles têtes d’hommes et femmes que l’on crée ex-nihilo, les nominations des incompétents ici et là à de hautes fonctions dans la grande administration d’Etat ne peuvent constituer l’épine dorsale d’un Président dont les objectifs seraient ceux annoncés dans votre discours.

Les féodaux, les tribalistes, les opportunistes mercantilistes se constituant en un soutien permanent au pouvoir, ceux-ci et ceux-là, notoirement connus à l’échelle nationale devraient être définitivement écartés de la politique, de l’administration et des centres de décisions pour qu’enfin une république qui se veut démocratique puisse aller de l’avant dans la construction d’un Etat de droit riche des valeurs ancestrales qui lui ont été dérobées par une génération de voyous et d’irresponsables ayant contaminé et asservi tout un peuple digne et capable de gérer et régir une société juste, saine et prospère.

 

Cher candidat et compatriote,

Le maintien de mon soutien est, indubitablement, celui de la plupart des patriotes sincères  reste conditionné par la prise en compte dès votre prestation de serment et votre installation au pouvoir en tant que Président de la République, libre et conscient de ses obligations, d’une série de priorités indispensables à la construction d’un Etat de droit si réellement vos intentions exprimées d’ores et déjà dans votre discours de candidature étaient bien franchement les vôtres, dont :

La mise à la disposition de la justice du fameux dossier on ne peut plus complexe de Cheikh Ridha, legs que vous laissera vraisemblablement votre prédécesseur. La justice par le droit saura résoudre les problèmes issus de cette escroquerie historique dans le respect des procédures juridiques et judicaires et situer les responsables de tous ceux qui de près ou de loin y ont trempé. La libération immédiate de tous les prisonniers politiques.

La constitution, sans tarder, d’un gouvernement d’union nationale dont les membres devraient être identifiés et repérés exclusivement sur la base de critères objectifs en l’occurrence, la compétence, l’intégrité morale et intellectuelle, la dignité, et n’ayant jamais rien eu à se reprocher dans leur conduite générale, ni par rapport à la chose publique, ni par rapport aux postes qu’ils auraient occupés par le passé et ni trempé dans une quelconque affaire de favoritisme, de racisme, de ségrégation et de détournement de deniers publics soit directement soit indirectement à l’exemple des appels d’offre nationaux ou internationaux, de financement national ou étranger pour n’en citer que ces reproches, obstacles majeurs demain dans les gestion d’un Etat de droit à travers lesquels l’on s’enrichit grâce à des commissions souvent exorbitantes au préjudice des projets nationaux d’importance à exécuter.

Votre présidence devrait particulièrement se départir dès votre installation au pouvoir de toutes les formes de gestion de notre pays que votre prédécesseur a empruntées si ce n’était la finalisation des projets de développement économique et sociaux en cours d’exécution, mais de façon conforme à l’intérêt national et dont il faudrait extraire tout favoritisme préjudiciable au pays dont bénéficient encore des hommes du sérail de votre prédécesseur constitué d’amis, de cousins, de frères et d’autres opportunistes hommes de paille chargés de la collecte  des biens de la nation.

Ce qui voudrait dire que vous auriez la charge et la responsabilité d’identifier tous ceux qui ont profité illégalement des régimes qui vous ont précédé et les écarter dorénavant de toute forme de gestion des affaires de la nation.
Ce sont plutôt les cadres, les hommes et femmes politiques, les universitaires compétents et intègres et sérieux à qui il faudrait à l’avenir confier les hautes responsabilités et toujours sous votre contrôle. Ils sont nombreux parmi nous, maures, négro-africains, haratines, des compatriotes de grande valeur qui serviraient l’Etat dans le respect de leur dignité en faveur d’une gestion saine et nationaliste des responsabilités qui leur seraient confiées, et ce de façon conforme aux objectifs que vous semblez vouloir satisfaire : la juste répartition des richesses, la justice, l’égalité et l’équité dont doit profiter tout mauritanien indépendamment de sa race, sa culture, son origine et sa couleur.

Ceux qui se sont enrichis au préjudice de la nation devraient plutôt être démis de leurs fonctions et radiés de la fonction publique (sous peine d’incarcération des auteurs de ces placements) ou envoyés dans les garages de leur département jusqu’à leur retraire. Et ceux parmi les hommes d’affaires et de paille qui se sont enrichis démesurément de manière illicite devraient rendre compte.

Votre compagnon et actuel président de la République M. Mohamed Abdel Aziz ainsi que l’ensemble de ses acolytes auraient droit eux aussi à une forme d’amnistie pourquoi pas qui ne dit pas son nom (عَفَا اللّهُ عَمَّا سَلَف) et ce dans la mesure du raisonnable, car notre pays est très endetté. Les placements des biens à l’extérieur de ceux qui ont profité de ce régime devraient, sous peine d’incarcération,  être rapatriés au profit de l’Etat, puisque ce rapatriement va permettre à l’Etat d’affronter le règlement de ses créances en attendant l’exploitation de notre richesse gazière et pétrolière. Leur patrimoine local de grande ampleur leur permettra de subvenir convenablement et même de créer des entreprises  locales résorbant une partie du chômage que le pays vit de plein fouet car le temps presse et la concorde nationale, la stabilité, la paix sociale et l’absence de règlement de comptes seront indispensables pour la continuité du développement économique du pays.
Vote nouvelle équipe saura grâce à ses compétences relever le défi du sous-développement aidée en cela par les richesses que renferme notre sous-sol, nos richesses minières, gazières et halieutiques, en peu de temps.

Vous devriez, dans l’immédiat, après votre installation prendre la décision et sans condition de permettre à tous nos compatriotes, hommes d’affaires, politiques, contestataires, musiciens et opposants se trouvant à l’extérieur de rentrer dans leur pays en appui aux autres mauritaniens qui vous accompagnent dans la grande et difficile œuvre qui vous attend. A leur tête Mohamed Bouamatou, Banquier et homme d’affaires sérieux, compétent, digne, serviable, ayant pour sa part contribué il y a déjà quelques décennies dans la création d’une classe d’entrepreneurs dynamiques et créatrice d’emplois, sans oublier l’utilité énorme de son œuvre de bienfaisance ayant soigné beaucoup de nos compatriotes gratuitement. Pour la simple raison qu’il n’a été empêché de rentrer au pays que pour des raisons strictement politiques, instrumentalisées au plan judiciaire par un pouvoir qu’il a lui-même aidé à s’installer.
Cette même initiative devrait valoir pour le retour en Mauritanie de Ould Chaavi à qui l’on ne peut reprocher que ses prises de position politiques vis-à-vis du pouvoir encore en place.

Aujourd’hui et demain plus que jamais notre pays à besoin de tous ses compatriotes pour la relance dans la sérénité et la transparence des règlements des problèmes nationaux dans un climat général apaisé loin des règlements de compte néfastes et dangereux pour une république encore très fragile. La justice d’un Etat de droit saura apporter les solutions équitables aux différents et contentieux entre individus et l’Etat et entre celui-ci et les entrepreneurs sans aucune forme d’intervention du pouvoir en place.

Aussi sera-t-il utile d’exiger de vous le candidat à l’élection présidentielle une participation active, nationaliste et démocratique dans la refondation ou la reconstitution d’une opposition démocratique indispensable pour un Etat de droit, opposition déjà démantelée, appauvrie par une classe politique dans le seul but de diriger à son profit tout un Etat sans opposition à des fins personnelles à travers un pouvoir autoritaire et oligarchique constitué d’un groupe de personne privilégiées.
Il n’y a pas de démocratie sans la contradiction, l’autre face de la médaille démocratique indispensable pour l’édification des fondamentaux utiles pour le développement économique, social et culturel de tout pays qui se veut démocratique.

 Vous devrez, demain à la magistrature suprême vous atteler à la poursuite et à l’achèvement de la formation d’une armée républicaine, compétente, intègre, de grande moralité et à l’abri des vicissitudes des pouvoirs publics et des nécessités de subsistance correcte puisqu’elle est le dernier rempart contre tout dérapage institutionnel et qu’elle est garante de notre souveraineté nationale.
Cependant, après vous, et après votre mandat ou vos mandats, il est de votre devoir de ne pas encourager la constitution d’une NOMENKLATURA militaire de généraux appelée à se relayer au pouvoir dans le seul but de piller les richesses de ce pays. Mais plutôt une armée forte dirigée par les compétences dont elle ne manque point et des hommes épris de justice destinés à la sauvegarde des acquis de la démocratie. Dans ce cadre, notre armée, elle aussi, a besoin d’être gérée dans le respect des procédures de récompense et d’avancements justes en son sein afin qu’elle puisse s’acquitter convenablement de ses obligations professionnelles dans la certitude qu’aucun officier supérieur ou subalterne ne sont lésé dans ses droits : pas d’avancement au titre de la parenté, de la tribu, de la région, de la couleur ou de la race sinon des avancements au titre des critères classiques. Ce ne sera qu’ainsi que l’on évitera les mécontentements au sein de notre armée, généralement à l’origine des soubresauts attentatoires à l’évolution de la démocratie.

Cher compatriote, cher futur président,

Je ne souhaiterai terminer ce mot sans appeler votre attention sur le fait réel que seul « Allah Le Tout et Très Miséricordieux est éternel » et que « ELLI METT-DARAG EBLEYAME ARYANE » tout en vous recommandant de vous inspirer largement de ce qui se passe autour de nous.

Nous comptons tous sur votre sagesse et votre expérience.

Très haute considération.

N.B.

Conseiller des Affaires étrangères à la retraite depuis 2015, ayant lui-même sollicité son rappel à l’administration centrale des affaires étrangères en 1995 après 14 ans de service dans les ambassades comme 1er conseiller toujours chargé d’affaire en l’absence des Ambassadeurs.

Mis au garage du Ministère des affaires étrangères (Cabinet du Secrétaire général) jusqu’à sa retraite en raison toujours, de sa conception politique oppositionnelle aux pouvoirs qui se sont succédé depuis 1978 avec une parenthèse de soutien au président  Ould Abdel Aziz depuis la fameuse déclaration du président Ahmed Daddah (« Mouvement rectificatif »), homme de grande valeur et de moralité irréprochable que je respecte à plus d’un titre. Cette position a relévé entièrement d’une décision personnelle constituant à soutenir la famille de feu Ely Cheikh O. Mome, dont j’étais et je demeure talibé, dans leur soutien indéfectible et permanent au Président Abdel Aziz au cours de son deuxième mandat.

A ce jour, j’attire votre attention que je n’ai jamais bénéficié d’aucune faveur du Président Abdel Aziz ou de ses gouvernements de quelque manière que ce soit.

Par Senny Sid’Ahmed Khyar,
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