La dynamique, si dynamique, il y a, du moins nous l’espérons, initiée par le changement à la tête de l’Etat et par l’entrée récente de la Mauritanie dans le club restreint des pays producteurs d’hydrocarbures, doit être un appel à toutes les forces vives de la Nation, en vue d’engager un débat national, mobilisant l’intelligence collective pour tracer les contours d’un nouveau modèle de développement, approprié à la Mauritanie, au delà des slogans de la politique politicienne.
Ce nouveau modèle devrait permettre à la société mauritanienne d’engager des réformes économiques pour produire plus de richesse et d’emplois, notamment en faveur des jeunes et de répartir équitablement les fruits de la croissance entre toutes les couches de la population.
Mais faire d’un modèle de croissance, un instrument plus efficace du développement et de lutte contre la pauvreté n’est pas chose facile.
Ce sont les abus de pouvoir, et la mauvaise gouvernance de certains responsables d’organismes publics, qu’il faut pointer du doigt.
L’avenir possible du développement futur de la Mauritanie à l’aube du IIIe millénaire passe nécessairement par la lutte contre la mauvaise gouvernance, les multiples déviances administratives et les pratiques de gestion malsaines pour ne pas dire frauduleuses, érigées en mode de gestion.
C’est sur ce thème du nouveau modèle de développement, que l’auteur que je suis, a réfléchi et présente aujourd’hui analyse et propositions.
Mais comme je ne me reconnais ni le droit de parler des problèmes politiques ni la compétence d'aborder le domaine social, je me contenterai de ce qui touche directement à ma formation d’économiste.
J’ai laissé de côté, bien de sujets d’actualité, car ce n’était pas mon objet, tels que :
face aux carences des gestions passées, les citoyens ne doivent-ils pas exiger plus de transparence dans la conduite des affaires publiques et réclamer des changements à la tête de nos Institutions économiques, pour que celles-ci soient mieux à même d’atteindre les objectifs qui leurs sont assignés?
Ou encore :
Le processus d’intégration régional n’est–il pas, la politique appropriée de coopération économique ?
Et bien d’autres sujets encore.
Je ne me suis posé que quelques questions :
Comment lutter contre la mauvaise gouvernance qui sévit dans certains de nos organismes et établissements publics ?
La croissance économique, n’est-elle pas tributaire de l’existence d’une nouvelle élite économique engagée dans le développement du pays ?
Le manque de transparence n’est – il pas « l’art d’empêcher les gens de s’occuper de ce qui les regarde ? »
A quelles conditions économiques, la Mauritanie peut-elle devenir un pays émergent ?
Je n’ai sans doute pas épuisé le sujet, heureusement d’ailleurs, car mon vœu est simplement d’apporter une contribution.
Mais auparavant, il est un point que je voudrais encore une fois, souligner dès le début. Ne voulant surtout pas manquer à la courtoisie, en exposant publiquement des remarques sur le mode de fonctionnement de nos établissements publics, je me contenterai d’un propos général, en parlant d’organisme public, pour ne pas les nommer, en caractérisant d’emblée l’esprit par la critique constructive.
Qu’on nous comprenne bien. Il s’agit de critique constructive, -pas d’attaques personnelles -, dans un esprit d’amélioration et de valorisation qui vise la recherche de solutions correctives et non dans un esprit de juge justicier.
Dès lors j’entends enrichir le débat public sur la gestion de nos institutions économiques et éventuellement leurs réformes en améliorant la qualité par la mise à profit du mérite et de l’expérience.
C’est précisément grâce au débat et à la recherche que certains pays ont mieux réussi que d’autres à se développer durablement et à réduire la pauvreté.
Un nouveau modèle de gouvernance
La volonté de redressement exige des mesures pratiques et réglementaires à même d’engager le pays dans une nouvelle dynamique et le doter d’un nouveau modèle de développement porteur de croissance par des mécanismes de contrôle, de suivi et d’évaluation.
L’exploitation des nouveaux gisements en eau profonde des ressources gazières suite au boom de l’exploitation des autres minerais, d’or, de fer, de cuivre et du secteur de la pêche, représente une opportunité phénoménale pour la Mauritanie. Elle peut devenir un moteur essentiel pour la croissance économique et le développement social, ainsi qu’un atout majeur pour la croissance de l’emploi qui est le bien le plus précieux et représente un rempart contre l’extrémisme, l’intolérance et la haine raciale.
Mais là encore, le succès reste tributaire de la fin des dysfonctionnements et des incohérences administratives qui entachent aujourd’hui encore chez nous, la gestion des affaires publiques.
Cette mauvaise gouvernance constitue l’expression même d’un ras – le – bol généralisé au sein des anciens cadres compétents et motivés.
Ce qu’il nous faut, c’est une véritable purge anti-corruption qui doit viser ces hauts responsables qui se croient hors d’atteinte, à l’abri de certaines lois scélérates adoptées dans la plus grande opacité.
Ces lois sont une arme à double tranchant.
Tout dépend donc de la personne qui détient cette arme.
Entre les mains d’un responsable probe, elle peut beaucoup servir pour engager des réformes sur la base de la compétence et du mérite.
Par contre, entre les mains d’un incompétent, elle peut beaucoup nuire au point où même les agents administratifs ne trouvent plus l’utilité de respecter les règles.
Encore une fois, ce n’est pas une question personnelle. Nous serions les premiers à nous réjouir de la gestion de qualité de nos responsables.
Il ne nous est cependant pas possible de garder le silence sur les dysfonctionnements et les pratiques pernicieuses érigées en règle d’administration. Il faudrait bien qu’un jour les choses soient dites.
Le jour où on demandera des comptes à ces responsables, ils perdront de leur superbe, de leur prestance et de leur suprématie.
« Nos institutions économiques sont basées sur la confiance, qu’il faut préserver, disent-ils, en évitant d’étaler en public nos modes de fonctionnement».
Ce n’est pas en interdisant la prise de parole aux membres d’une élite que nos organismes publics s’en trouveront mieux.
Eclairer, communiquer avec les citoyens est le minimum que l’on puisse exiger dans une démocratie.
Le sentiment d’impunité derrière lequel ces prévaricateurs se sont toujours retranchés volera en éclats.
A l’image du régime dont ils sont la création, ils se croient en pays conquis par leurs armes, et qu’ils peuvent faire ce qui leur bon semble en toute impunité.
Les temps retiendront que l’histoire en Mauritanie a des phases, y compris celle du grand banditisme. Elles servent tantôt un enrichissement illicite, tantôt à l’accumulation du capital à coup de prébendes.
Il semble du moins, il faut l’espérer, que cette phase soit sur sa fin avec le changement à la tête de l’Etat et les nouvelles exigences pour passer à la phase suivante et accélérer la mise en place des réformes innovantes.
Pour l’émergence d’une nouvelle élite économique
et intellectuelle de qualité
L’importance de l’existence d’une masse critique d’élite administrative et économique de qualité est vitale pour accompagner le processus de réussite des réformes qui seront engagées.
Les notions de patriotisme, de citoyenneté et de solidarité doivent prévaloir sur tout le reste.
Pour cela, il faut adopter des règles et garde - fous efficaces pour endiguer l’arbitraire et extirper la corruption au sein de certains responsables au plus haut niveau.
La mise en place d’une gestion publique responsable suppose l’existence des mécanismes de contrôle adéquats et de contre - pouvoirs institutionnalisés.
Ce qui n’est pas le cas dans certaines de nos institutions qui ne sont soumises à aucun contrôle, ni de la part de la Cour des Comptes, ni de l’Inspection Générale de l’Etat.
Mais peut être ai – je tort de m’étonner ? Après tout ce n’est pas la première fois qu’on prend du retard avant d’adopter chez nous un exemple étranger convaincant.
Le parcours de certains pays émergents d’Asie de l’Est montre qu’un système récompensant à la fois le mérite et l’ancienneté aide à forger un esprit de corps, une volonté commune d’atteindre des objectifs collectifs.
C’est tout le contraire de ce qui se passe chez nous dans certaines de nos institutions publiques.
Certains responsables puissants exercent une autorité arbitraire. La corruption au plus haut niveau est devenue endémique, le développement s’est trouvé compromis et la pauvreté a perduré ; justifiant ainsi la citation, il y a plus d’un siècle « un pas en avant, deux pas en arrière » du grand visionnaire du Kremlin de l’époque.
Le renforcement de la transparence
En transposant volontiers, une formule célèbre, on peut dire que toute déclaration officielle qui négligerait les retombées économiques et sociales serait seulement « l’art d’empêcher les gens de s’occuper de ce qui les regarde ».
Si le pays possède 1,048 milliard de dollars comme réserves en devise selon les déclarations officielles, nos compatriotes eux, préfèrent se référer au prix du pain, du sac de riz, de sucre, du litre de gasoil à la pompe, du KW/h- les factures de l’électricité sont parmi les plus chères au monde -.
Mais puisqu’il s’agit des importations et de leur couverture durant six mois, pourquoi se garde-t-on de parler du dangereux déficit de la balance commerciale ?
La balance commerciale accumule des déficits depuis des années et chaque année qui passe fragilise encore davantage notre balance des paiements.
La dernière année en date, 2018, le trou de la balance commerciale culmine à 253 milliards de MRO, contre 117 milliards de MRO en 2017. Soit une hausse de 136 milliards de MRO soit plus que le double.
Pour berner les gens et les anesthésier, ils annoncent des chiffres en valeur absolue, alors qu’en valeur relative le taux de couverture des importations par les exportations est seulement de 73%.
Et d’ajouter que les émissions des Bons du Trésor à 5% est un acte courant. Je regrette, mais avec un taux de 5%, les bailleurs de fonds, les investisseurs et les banques ne voudront plus financer l’économie. Ils vont préférer les placements en bon du trésor, sûrs et porteurs de tant d’intérêts. Si par exemple une banque ou un groupe plaçait 50 milliards de MRO en bons du trésor, ça lui ferait 2,5 milliards de MRO d’intérêts. Mais c’est énorme!
Ce n’est pas pour rien que le taux directeur de la banque d’Angleterre est seulement de 0,75%, celui de la banque centrale européenne de 0 ,0%, quant à la banque du Japon, il est même négatif - 0,1%.
La Mauritanie, futur pays émergent
Le modèle de développement passé s’est avéré inapte à satisfaire les besoins croissants des citoyens.
Chacun doit faire preuve d’objectivité en proposant des solutions innovantes quitte à écarter les méthodes appliquées jusqu’ici.
Nous appelons à l’élaboration d’une nouvelle politique axée fondamentalement sur l’emploi.
D’abord, il faut avant tout lutter contre la corruption au sein de nos institutions économiques centrales par une limitation des pouvoirs discrétionnaires pour ré-tonifier le secteur public.
Il faut donc améliorer le fonctionnement des institutions économiques pour pouvoir répondre aux besoins collectifs.
Le développement futur de la Mauritanie passe donc nécessairement par l’adoption d’une nouvelle stratégie tournée vers l’avenir. Notre ouverture sur le monde extérieur doit être davantage renforcée par des accords de libre échange.
Sur le plan interne, des relations apaisées doivent être construites entre l’Etat et la société, grâce à des reformes institutionnelles audacieuses.
Le pays connaitra ainsi progressivement l’émergence économique et le développement d’une masse critique d’élite, économique, administrative et intellectuelles de compétence et d’un niveau d’excellence.
Ce thème de l’émergence économique dépasse bien évidement la compétence et la bonne volonté de l’auteur. Celui-ci est néanmoins persuadé qu’un large débat doit être entrepris dans ce sens par l’élite entrepreneuriale, administrative, économique et scientifique.
Je laisse en suspens toutes ces questions posées, mais qui n’en sont pas moins vitales et sollicitent l’attention de chacun d’entre nous.
Conclusion
La stratégie de modernisation économique, généralisée est une œuvre de longue haleine au même titre que la lutte contre la pauvreté, la bonne gouvernance ou la purge anti-corruption.
Bien sûr, ces trois derniers thèmes ont dans l’opinion un degré d’urgence beaucoup plus grand que celui dont l’auteur a voulu se saisir. Et c’est normal. Mais aucun des grands problèmes de la société et de l’économie Mauritanienne ne pourrait recevoir de solution durable, si était négligée ou mal comprise, l’absolue nécessité d’un renouveau de notre modèle de développement.
Nouakchott, le 13/10/2019
LEHBIB OULD BOURDID
Diplômé d'études supérieures de l'ITB du Conservatoire national des Arts et Métiers Français.
lecalame.info
Ce nouveau modèle devrait permettre à la société mauritanienne d’engager des réformes économiques pour produire plus de richesse et d’emplois, notamment en faveur des jeunes et de répartir équitablement les fruits de la croissance entre toutes les couches de la population.
Mais faire d’un modèle de croissance, un instrument plus efficace du développement et de lutte contre la pauvreté n’est pas chose facile.
Ce sont les abus de pouvoir, et la mauvaise gouvernance de certains responsables d’organismes publics, qu’il faut pointer du doigt.
L’avenir possible du développement futur de la Mauritanie à l’aube du IIIe millénaire passe nécessairement par la lutte contre la mauvaise gouvernance, les multiples déviances administratives et les pratiques de gestion malsaines pour ne pas dire frauduleuses, érigées en mode de gestion.
C’est sur ce thème du nouveau modèle de développement, que l’auteur que je suis, a réfléchi et présente aujourd’hui analyse et propositions.
Mais comme je ne me reconnais ni le droit de parler des problèmes politiques ni la compétence d'aborder le domaine social, je me contenterai de ce qui touche directement à ma formation d’économiste.
J’ai laissé de côté, bien de sujets d’actualité, car ce n’était pas mon objet, tels que :
face aux carences des gestions passées, les citoyens ne doivent-ils pas exiger plus de transparence dans la conduite des affaires publiques et réclamer des changements à la tête de nos Institutions économiques, pour que celles-ci soient mieux à même d’atteindre les objectifs qui leurs sont assignés?
Ou encore :
Le processus d’intégration régional n’est–il pas, la politique appropriée de coopération économique ?
Et bien d’autres sujets encore.
Je ne me suis posé que quelques questions :
Comment lutter contre la mauvaise gouvernance qui sévit dans certains de nos organismes et établissements publics ?
La croissance économique, n’est-elle pas tributaire de l’existence d’une nouvelle élite économique engagée dans le développement du pays ?
Le manque de transparence n’est – il pas « l’art d’empêcher les gens de s’occuper de ce qui les regarde ? »
A quelles conditions économiques, la Mauritanie peut-elle devenir un pays émergent ?
Je n’ai sans doute pas épuisé le sujet, heureusement d’ailleurs, car mon vœu est simplement d’apporter une contribution.
Mais auparavant, il est un point que je voudrais encore une fois, souligner dès le début. Ne voulant surtout pas manquer à la courtoisie, en exposant publiquement des remarques sur le mode de fonctionnement de nos établissements publics, je me contenterai d’un propos général, en parlant d’organisme public, pour ne pas les nommer, en caractérisant d’emblée l’esprit par la critique constructive.
Qu’on nous comprenne bien. Il s’agit de critique constructive, -pas d’attaques personnelles -, dans un esprit d’amélioration et de valorisation qui vise la recherche de solutions correctives et non dans un esprit de juge justicier.
Dès lors j’entends enrichir le débat public sur la gestion de nos institutions économiques et éventuellement leurs réformes en améliorant la qualité par la mise à profit du mérite et de l’expérience.
C’est précisément grâce au débat et à la recherche que certains pays ont mieux réussi que d’autres à se développer durablement et à réduire la pauvreté.
Un nouveau modèle de gouvernance
La volonté de redressement exige des mesures pratiques et réglementaires à même d’engager le pays dans une nouvelle dynamique et le doter d’un nouveau modèle de développement porteur de croissance par des mécanismes de contrôle, de suivi et d’évaluation.
L’exploitation des nouveaux gisements en eau profonde des ressources gazières suite au boom de l’exploitation des autres minerais, d’or, de fer, de cuivre et du secteur de la pêche, représente une opportunité phénoménale pour la Mauritanie. Elle peut devenir un moteur essentiel pour la croissance économique et le développement social, ainsi qu’un atout majeur pour la croissance de l’emploi qui est le bien le plus précieux et représente un rempart contre l’extrémisme, l’intolérance et la haine raciale.
Mais là encore, le succès reste tributaire de la fin des dysfonctionnements et des incohérences administratives qui entachent aujourd’hui encore chez nous, la gestion des affaires publiques.
Cette mauvaise gouvernance constitue l’expression même d’un ras – le – bol généralisé au sein des anciens cadres compétents et motivés.
Ce qu’il nous faut, c’est une véritable purge anti-corruption qui doit viser ces hauts responsables qui se croient hors d’atteinte, à l’abri de certaines lois scélérates adoptées dans la plus grande opacité.
Ces lois sont une arme à double tranchant.
Tout dépend donc de la personne qui détient cette arme.
Entre les mains d’un responsable probe, elle peut beaucoup servir pour engager des réformes sur la base de la compétence et du mérite.
Par contre, entre les mains d’un incompétent, elle peut beaucoup nuire au point où même les agents administratifs ne trouvent plus l’utilité de respecter les règles.
Encore une fois, ce n’est pas une question personnelle. Nous serions les premiers à nous réjouir de la gestion de qualité de nos responsables.
Il ne nous est cependant pas possible de garder le silence sur les dysfonctionnements et les pratiques pernicieuses érigées en règle d’administration. Il faudrait bien qu’un jour les choses soient dites.
Le jour où on demandera des comptes à ces responsables, ils perdront de leur superbe, de leur prestance et de leur suprématie.
« Nos institutions économiques sont basées sur la confiance, qu’il faut préserver, disent-ils, en évitant d’étaler en public nos modes de fonctionnement».
Ce n’est pas en interdisant la prise de parole aux membres d’une élite que nos organismes publics s’en trouveront mieux.
Eclairer, communiquer avec les citoyens est le minimum que l’on puisse exiger dans une démocratie.
Le sentiment d’impunité derrière lequel ces prévaricateurs se sont toujours retranchés volera en éclats.
A l’image du régime dont ils sont la création, ils se croient en pays conquis par leurs armes, et qu’ils peuvent faire ce qui leur bon semble en toute impunité.
Les temps retiendront que l’histoire en Mauritanie a des phases, y compris celle du grand banditisme. Elles servent tantôt un enrichissement illicite, tantôt à l’accumulation du capital à coup de prébendes.
Il semble du moins, il faut l’espérer, que cette phase soit sur sa fin avec le changement à la tête de l’Etat et les nouvelles exigences pour passer à la phase suivante et accélérer la mise en place des réformes innovantes.
Pour l’émergence d’une nouvelle élite économique
et intellectuelle de qualité
L’importance de l’existence d’une masse critique d’élite administrative et économique de qualité est vitale pour accompagner le processus de réussite des réformes qui seront engagées.
Les notions de patriotisme, de citoyenneté et de solidarité doivent prévaloir sur tout le reste.
Pour cela, il faut adopter des règles et garde - fous efficaces pour endiguer l’arbitraire et extirper la corruption au sein de certains responsables au plus haut niveau.
La mise en place d’une gestion publique responsable suppose l’existence des mécanismes de contrôle adéquats et de contre - pouvoirs institutionnalisés.
Ce qui n’est pas le cas dans certaines de nos institutions qui ne sont soumises à aucun contrôle, ni de la part de la Cour des Comptes, ni de l’Inspection Générale de l’Etat.
Mais peut être ai – je tort de m’étonner ? Après tout ce n’est pas la première fois qu’on prend du retard avant d’adopter chez nous un exemple étranger convaincant.
Le parcours de certains pays émergents d’Asie de l’Est montre qu’un système récompensant à la fois le mérite et l’ancienneté aide à forger un esprit de corps, une volonté commune d’atteindre des objectifs collectifs.
C’est tout le contraire de ce qui se passe chez nous dans certaines de nos institutions publiques.
Certains responsables puissants exercent une autorité arbitraire. La corruption au plus haut niveau est devenue endémique, le développement s’est trouvé compromis et la pauvreté a perduré ; justifiant ainsi la citation, il y a plus d’un siècle « un pas en avant, deux pas en arrière » du grand visionnaire du Kremlin de l’époque.
Le renforcement de la transparence
En transposant volontiers, une formule célèbre, on peut dire que toute déclaration officielle qui négligerait les retombées économiques et sociales serait seulement « l’art d’empêcher les gens de s’occuper de ce qui les regarde ».
Si le pays possède 1,048 milliard de dollars comme réserves en devise selon les déclarations officielles, nos compatriotes eux, préfèrent se référer au prix du pain, du sac de riz, de sucre, du litre de gasoil à la pompe, du KW/h- les factures de l’électricité sont parmi les plus chères au monde -.
Mais puisqu’il s’agit des importations et de leur couverture durant six mois, pourquoi se garde-t-on de parler du dangereux déficit de la balance commerciale ?
La balance commerciale accumule des déficits depuis des années et chaque année qui passe fragilise encore davantage notre balance des paiements.
La dernière année en date, 2018, le trou de la balance commerciale culmine à 253 milliards de MRO, contre 117 milliards de MRO en 2017. Soit une hausse de 136 milliards de MRO soit plus que le double.
Pour berner les gens et les anesthésier, ils annoncent des chiffres en valeur absolue, alors qu’en valeur relative le taux de couverture des importations par les exportations est seulement de 73%.
Et d’ajouter que les émissions des Bons du Trésor à 5% est un acte courant. Je regrette, mais avec un taux de 5%, les bailleurs de fonds, les investisseurs et les banques ne voudront plus financer l’économie. Ils vont préférer les placements en bon du trésor, sûrs et porteurs de tant d’intérêts. Si par exemple une banque ou un groupe plaçait 50 milliards de MRO en bons du trésor, ça lui ferait 2,5 milliards de MRO d’intérêts. Mais c’est énorme!
Ce n’est pas pour rien que le taux directeur de la banque d’Angleterre est seulement de 0,75%, celui de la banque centrale européenne de 0 ,0%, quant à la banque du Japon, il est même négatif - 0,1%.
La Mauritanie, futur pays émergent
Le modèle de développement passé s’est avéré inapte à satisfaire les besoins croissants des citoyens.
Chacun doit faire preuve d’objectivité en proposant des solutions innovantes quitte à écarter les méthodes appliquées jusqu’ici.
Nous appelons à l’élaboration d’une nouvelle politique axée fondamentalement sur l’emploi.
D’abord, il faut avant tout lutter contre la corruption au sein de nos institutions économiques centrales par une limitation des pouvoirs discrétionnaires pour ré-tonifier le secteur public.
Il faut donc améliorer le fonctionnement des institutions économiques pour pouvoir répondre aux besoins collectifs.
Le développement futur de la Mauritanie passe donc nécessairement par l’adoption d’une nouvelle stratégie tournée vers l’avenir. Notre ouverture sur le monde extérieur doit être davantage renforcée par des accords de libre échange.
Sur le plan interne, des relations apaisées doivent être construites entre l’Etat et la société, grâce à des reformes institutionnelles audacieuses.
Le pays connaitra ainsi progressivement l’émergence économique et le développement d’une masse critique d’élite, économique, administrative et intellectuelles de compétence et d’un niveau d’excellence.
Ce thème de l’émergence économique dépasse bien évidement la compétence et la bonne volonté de l’auteur. Celui-ci est néanmoins persuadé qu’un large débat doit être entrepris dans ce sens par l’élite entrepreneuriale, administrative, économique et scientifique.
Je laisse en suspens toutes ces questions posées, mais qui n’en sont pas moins vitales et sollicitent l’attention de chacun d’entre nous.
Conclusion
La stratégie de modernisation économique, généralisée est une œuvre de longue haleine au même titre que la lutte contre la pauvreté, la bonne gouvernance ou la purge anti-corruption.
Bien sûr, ces trois derniers thèmes ont dans l’opinion un degré d’urgence beaucoup plus grand que celui dont l’auteur a voulu se saisir. Et c’est normal. Mais aucun des grands problèmes de la société et de l’économie Mauritanienne ne pourrait recevoir de solution durable, si était négligée ou mal comprise, l’absolue nécessité d’un renouveau de notre modèle de développement.
Nouakchott, le 13/10/2019
LEHBIB OULD BOURDID
Diplômé d'études supérieures de l'ITB du Conservatoire national des Arts et Métiers Français.
lecalame.info