« En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes » (Coran, S13, V 11)
Les handicaps qui plombent notre envol politique, économique, culturel et notre cohésion sociale, se trouvent ancrés, en notre for intérieur : Ce sont nos mentalités !!!
Celles-ci ont bâti, en chacun d’entre nous, une toile de dogmes, mythes et complexes qui étouffent nos esprits, cœurs et consciences.
N’est-il pas temps de nous mettre en cause, écrabouiller cette toile de paranoïa et tenter de changer notre manière de voir ?
Sans que la liste ne soit limitative, voici cinq mentalités, à scanner, en priorité, de notre mémoire :
- Le « makhzen » (l’appareil étatique)
Dans l’entendement ambiant, les dirigeants de l’Etat sont là, non pas, pour servir les citoyens mais pour s’en servir.
Cette tendance doit être renversée. Les populations ont désormais pris conscience de leurs droits et devoirs et les autorités politiques et administratives ont, à leur tour, compris que l’ère de la gestion arbitraire de la chose publique est révolue.
2. La « gazra » politique
D’aucuns compatriotes, n’hésitent pas à s’autoproclamer « promoteur » , « défenseur» ou « porte –parole » , d’une partie ou de l’ensemble des mauritaniens , en fondant un mouvement ,un parti politique ou tout simplement une « moubadara » (initiative) à caractère religieux ou communautaire .
Ceci n’est pas juste, car source de stigmatisation, discorde et animosité entre les citoyens. L’islam, religion de tous les mauritaniens ne doit pas être manipulé, par certains à des fins égocentriques. De même, l’ethnie, la caste ou la région, patrimoine commun, ne doivent être détournées par des tierces personnes ou groupuscules intempérants.
De cette vision, il ressort, qu’après les élections de juin, le parti Tawassoul, la coalition vivre ensemble et le mouvement IRA, gagneraient à changer de statuts et de leitmotiv.
3. Le complexe social
Par le passé, bien avant la république, certains ancêtres de mauritaniens se targuaient de « tirer prestige » d’un statut social supérieur à leurs autres semblables.
Aujourd’hui, force est de constater que les descendants des prétendus « nobles »d’antan : Les guerriers et zouaya (marabouts Lechiakh et cherva ) regrettent , avec honte et embarras, que leurs grands parents ,étaient réputés pillards, razzieurs et coupeurs de route ,pour les premiers. Manipulateurs cupides de la religion (glorifier l’esclavage, baraka, mysticisme) à des fins égoïstes, pour les seconds.
On en déduit que : Les hommes se valent et s’apprécient, en raison de leurs qualités humaines et non, par leur ascendance généalogique !!!
Ceci est d’autant plus vrai, qu’aujourd’hui, les mauritaniens sont censés vivre, sous une république qui assure et garantit l’égalité de tous les citoyens, devant la loi.
- 4. La victimisation
Par habitude et par culture, les mauritaniens aiment soutenir les victimes d’actes ou phénomènes donnés : rejet social, catastrophe naturelle, agression, terrorisme, racisme…
Cependant, se comporter en victime politique, est jugé comme étant une faiblesse morale et un handicap intellectuel
Les actes et événements graves à caractère social, qui se sont passés, se passent ou se passeront en Mauritanie, contre des citoyens, se doivent d’être envisagés et traités en tant que : problèmes nationaux , revendiqués et défendus par chaque citoyen mauritanien.Leur résolution s’inscrit dans la logique des démarches qu’entreprennent les organisations des droits de l’homme. Par contre, en faire un label de victimisation politique, serait contre productif, voir nuisible
Et ce, d’autant plus que, selon les psychologues, les conséquences de la victimisation peuvent être redoutables.
« D’abord parce que la personne qui se pense victime peut s’enfermer dans un schéma psychologique permanent.
Ensuite parce que s’il y a victime, il y a « bourreau » ou « agresseur ». Or dans le cadre d’une victimisation excessive, se retrouve étiqueté bourreau quelqu’un qui n’en a ni les intentions ni la perversion ».
Dans le cas particulier de notre pays, ce qui est touchant, c’est que, faute de pouvoir (pour diverses raisons), déterminer ou châtier le « bourreau » ou « agresseur », certaines victimes ou leurs proches incriminent arbitrairement d’autres citoyens, qui n’y sont, pourtant, pour rien !!!….
5. Notre regard à l’endroit des Haratins
Le groupe social, communément connu sous l’appellation, Haratine, porté sur la sellette et médias publics, ces derniers temps, reste peu compris.
Les Haratins , comme les autres groupes sociaux du pays , ont une longue histoire qu’il convient d’apprendre. Des écrits à ce sujet ont été publiés par des chercheurs mauritaniens et étrangers.
Si les Peuls , Soninkés,Oulofs et bidhanes sont domestiqués mentalement, par leurs attaches géographiques (peu enclins à quitter leur terroir natif) et sociales (solidarités ,familiales, tribales et régionales ), les haratins sont libres de ces contraintes.
Ils comptent des savants et des illettrés, des riches et des pauvres ; Des révoltés et des soumis ….
En comparaison, avec les autres groupes sociaux, les Haratins sont les citoyens, les plus patriotes, les plus souverains, les plus dignes et probablement les plus nombreux.
Ils sont Patriotes, en ce qu’ils ne prêchent que pour leur pays, la Mauritanie(les autres ensembles sociaux peuvent lorgner : assistance, refuge ou soutien de leurs parents fixés dans les pays voisins du Nord, Est et Sud) ;
Ils sont Souverains et dignes, en ce qu’ils ne comptent que sur le fruit de leur labeur.
Ils sont surtout, le régulateur, la jointure solidaire et l’échine indéfectible du socle social mauritanien. C’est en cela, que l’avenir du pays, leur appartient.
Comprendre cela, par les haratins eux-mêmes, les dirigeants politiques et les intellectuels, stimulerait la volonté de rapprochement et de solidarité de tous les mauritaniens ; Briserait les carcans des complexes et préjugés entre frères du même pays et assurerait une cohésion sociale solide et définitive.
Ceci étant dit, les candidats à l’élection présidentielle qui, au travers de leurs discours respectifs, semblent vouloir marquer la prochaine étape, par un changement profond, s’il n’est radical, feraient mieux de commencer par changer eux-mêmes leurs mentalités.
- Mohamed Ould Ghazouani , s’il serait élu, gagnerait, à prouver son désengagement de la méthode de son prédécesseur, en constituant ,un gouvernement de rassemblement où TOUS les mauritaniens s’y sentent concernés .
A défaut, inviter, dés sa prise de fonction -comme il a promis- ses adversaires, candidats à la présidence et autres notoriétés politiques, à un débat politique sincère et permanent, aux fins de se concerter sur les questions d’importance nationale.
- Sidi Mohamed Ould Boubacar , Biram Dah Abeid, Mohamed Lemine El Mourteji (qui n’ont pas de partis politiques ) et Kane Hamidou Baba (qui dirige une coalition politique ) , ont martelé maintes fois, au cours de leurs discours de campagne « que la Mauritanie ne serait qu’avec l’ensemble de ses composantes sociales ».
Ils gagneraient, eux aussi, et ensemble, par respect à leurs engagements, à charpenter une fusion politique avec UFP/RFD ,afin de constituer un grand parti à mesure de faire face, au GEANT parti UPR et ses coalisés.
Ainsi, après juin 2019, aurons nous, en Mauritanie, à l’image des pays modernes et civilisés, deux grands pôles politiques ; « droite » vs «gauche » ou « républicains » vs « démocrates » qui s’alterneront sur le pouvoir.
Il sera alors interdit la création ou le fonctionnement de tout parti politique ne disposant pas de 500.000 adhérents, au moins.
C’est à ce prix que les mauritaniens se sentiraient, dirigés par des hommes politiques, soucieux, avant tout, des intérêts suprêmes de la nation, plutôt que par des considérations, idéologiques, ethniques, tribales, régionales ou de prestige personnel.
Bonne fin de campagne électorale
Ely Salem Khayar
source adrar-info.net