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Les cinq mentalités à scanner de nos mémoires après les élections de juin

Vendredi 14 Juin 2019 - 20:54

Les cinq mentalités à scanner de nos mémoires après les élections de juin

«  En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes » (Coran, S13, V 11)

Les handicaps qui plombent  notre envol  politique, économique, culturel  et notre  cohésion sociale,  se trouvent ancrés, en  notre for intérieur : Ce sont nos mentalités !!!

Celles-ci  ont bâti, en chacun d’entre nous,  une  toile  de dogmes, mythes et complexes   qui étouffent    nos esprits, cœurs et consciences. 

N’est-il pas temps  de nous mettre en cause,  écrabouiller cette toile de paranoïa et tenter de changer  notre manière de voir ?

Sans que la liste ne soit limitative, voici cinq  mentalités, à scanner, en priorité,  de notre mémoire :
 

  1. Le « makhzen » (l’appareil étatique)

Dans l’entendement ambiant, les dirigeants de l’Etat  sont là, non pas, pour servir les citoyens mais pour s’en servir.

Cette  tendance doit être renversée.  Les  populations  ont désormais  pris conscience de leurs droits et devoirs  et les   autorités politiques et administratives  ont, à leur tour, compris que l’ère de la gestion arbitraire  de la chose publique est révolue.

 

2. La « gazra »  politique

D’aucuns compatriotes, n’hésitent  pas à s’autoproclamer «  promoteur » , «  défenseur» ou «  porte –parole »  , d’une partie ou  de l’ensemble des mauritaniens , en fondant un mouvement ,un parti  politique  ou tout simplement une « moubadara » (initiative) à caractère religieux ou communautaire .

 Ceci n’est pas juste, car source de stigmatisation, discorde et  animosité entre  les citoyens.  L’islam, religion  de tous les mauritaniens ne doit pas être manipulé, par certains à des fins égocentriques.  De même, l’ethnie, la caste ou la région, patrimoine commun, ne doivent être détournées par des tierces personnes ou groupuscules intempérants.

De cette vision, il ressort, qu’après les élections de juin, le parti Tawassoul, la coalition vivre ensemble et le mouvement IRA, gagneraient  à changer de  statuts et de leitmotiv.

3.       Le complexe social

Par le passé, bien avant la république,  certains ancêtres de  mauritaniens se targuaient  de « tirer prestige » d’un statut social supérieur à leurs autres semblables.

Aujourd’hui, force est de constater  que les descendants  des  prétendus « nobles »d’antan : Les guerriers et  zouaya  (marabouts Lechiakh et cherva ) regrettent , avec  honte et embarras, que leurs grands parents  ,étaient  réputés  pillards, razzieurs  et coupeurs de route ,pour les premiers.  Manipulateurs cupides de la religion (glorifier l’esclavage, baraka, mysticisme)  à des fins égoïstes, pour les seconds.

On en déduit que : Les hommes se valent et s’apprécient, en raison  de leurs qualités humaines et non, par leur ascendance généalogique !!!

Ceci  est d’autant plus vrai, qu’aujourd’hui, les mauritaniens sont censés  vivre, sous une république qui assure et garantit l’égalité de tous les citoyens, devant la loi.

 

  1. 4.       La victimisation

Par habitude et par culture, les mauritaniens aiment soutenir les victimes d’actes ou phénomènes donnés : rejet social, catastrophe naturelle, agression, terrorisme, racisme…

Cependant,  se comporter en victime politique, est jugé comme  étant une faiblesse  morale et un handicap intellectuel

Les actes et événements graves à caractère social, qui se sont passés, se passent  ou se passeront en Mauritanie, contre des citoyens, se doivent  d’être envisagés  et  traités  en tant que : problèmes nationaux , revendiqués et défendus  par chaque citoyen mauritanien.Leur résolution s’inscrit dans la logique  des démarches  qu’entreprennent les organisations des droits de l’homme. Par contre, en faire un label de victimisation politique, serait contre productif, voir nuisible

Et ce, d’autant plus que, selon les psychologues, les conséquences de la victimisation peuvent être redoutables.

« D’abord parce que la personne qui se pense victime peut s’enfermer dans un schéma psychologique permanent.

Ensuite parce que s’il y a victime, il y a « bourreau » ou « agresseur ». Or dans le cadre d’une victimisation excessive, se retrouve étiqueté bourreau quelqu’un qui n’en a ni les intentions ni la perversion ».

Dans le cas particulier de notre pays, ce qui est touchant, c’est que, faute de pouvoir  (pour diverses raisons), déterminer ou châtier le « bourreau » ou « agresseur », certaines victimes ou leurs proches  incriminent arbitrairement d’autres citoyens, qui n’y sont, pourtant, pour rien !!!….

 

5.       Notre regard à l’endroit des Haratins

 Le groupe social, communément connu sous l’appellation, Haratine, porté sur la sellette et médias publics, ces derniers temps, reste  peu compris.

Les Haratins  , comme les autres groupes sociaux du pays  , ont une longue histoire qu’il convient d’apprendre. Des écrits à ce sujet ont été publiés par des chercheurs mauritaniens et étrangers.

Si   les Peuls , Soninkés,Oulofs et bidhanes   sont domestiqués  mentalement, par leurs attaches géographiques (peu enclins à quitter leur terroir natif) et  sociales (solidarités ,familiales, tribales et régionales ), les  haratins  sont libres de ces contraintes.

Ils  comptent   des  savants et  des illettrés, des riches et des pauvres ;  Des révoltés et des soumis ….

En comparaison, avec les autres groupes sociaux, les Haratins  sont  les  citoyens, les plus  patriotes, les plus souverains, les plus dignes et probablement les plus nombreux.

Ils   sont Patriotes, en ce qu’ils ne prêchent que pour  leur pays, la Mauritanie(les autres ensembles sociaux peuvent lorgner : assistance, refuge ou soutien de leurs parents  fixés dans  les pays voisins du Nord, Est et Sud) ;

Ils sont  Souverains et dignes, en ce qu’ils ne comptent que sur le fruit de  leur labeur.

Ils sont surtout,  le régulateur,  la jointure solidaire et l’échine indéfectible du socle social mauritanien. C’est en cela, que l’avenir du pays, leur appartient.

Comprendre cela, par les haratins eux-mêmes, les dirigeants politiques et les intellectuels, stimulerait la volonté de  rapprochement  et de solidarité de tous les mauritaniens ; Briserait les carcans des complexes et préjugés entre  frères  du même pays et assurerait une cohésion sociale solide et définitive.

Ceci étant dit, les candidats à l’élection présidentielle qui, au travers de leurs discours respectifs, semblent vouloir marquer la prochaine étape, par un changement profond, s’il n’est radical, feraient mieux de commencer par changer eux-mêmes leurs mentalités.

-          Mohamed Ould Ghazouani , s’il serait élu, gagnerait, à prouver son désengagement de la méthode de son prédécesseur, en constituant ,un gouvernement de rassemblement où  TOUS les mauritaniens s’y sentent concernés .

A défaut,  inviter, dés sa prise de fonction -comme il a promis- ses adversaires, candidats à la présidence et autres notoriétés politiques, à un débat politique sincère et permanent, aux fins de se concerter sur les questions d’importance nationale.

-          Sidi Mohamed Ould Boubacar , Biram Dah Abeid, Mohamed Lemine El Mourteji  (qui n’ont pas de partis politiques ) et Kane Hamidou  Baba (qui dirige une coalition politique ) , ont martelé maintes fois, au cours de leurs discours de campagne « que la Mauritanie ne serait qu’avec l’ensemble de ses composantes sociales ».
 

Ils gagneraient, eux aussi, et ensemble, par  respect à leurs engagements, à charpenter une  fusion  politique avec UFP/RFD ,afin de  constituer un grand parti à mesure de faire face, au GEANT parti UPR et ses coalisés.

Ainsi, après juin 2019, aurons nous, en Mauritanie,  à l’image des pays modernes et civilisés, deux grands pôles politiques ; « droite » vs «gauche »  ou « républicains » vs   « démocrates » qui s’alterneront sur le pouvoir.

Il sera  alors  interdit la création ou le fonctionnement de tout  parti politique ne disposant pas de 500.000 adhérents, au moins.

C’est à ce prix que  les mauritaniens se sentiraient, dirigés par des hommes politiques,  soucieux, avant tout, des  intérêts suprêmes de la nation, plutôt que par des considérations, idéologiques, ethniques, tribales, régionales ou de prestige personnel.

Bonne fin de campagne électorale

Ely Salem Khayar

source adrar-info.net

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