Chaque époque de notre histoire est une palissade de défis à relever et des enseignements à transmettre de générations en générations. Ces enseignements nous apprennent à nous relever devant tout obstacle et à réfléchir sur nos manières de nous comporter face à l’histoire, face à nos enfants et face à Notre Nation. Nous traversons une époque turbulente. Une sombre époque incarnée par une classe dirigeante incompétente et anarchiste qui continue d’alimenter des rivalités, de plonger le peuple dans le chaos et de lui imposer une vision réductrice de la société mauritanienne. La Mauritanie est fragile. Elle se cherche de jour en jour. Elle se cherche dans nos luttes et elle s’identifie dans nos idéologies fédératrices. Elle était belle, rayonnante et souriante. Son image s’assombrit chaque seconde qui passe. Elle se plonge dans le désespoir et peine à se relever pour affronter son destin.
Dans un profond échec de diverses luttes et un manque considérable d’idées, une partie déboussolée de la jeunesse noire de la Mauritanie théorise avec simplicité sur la création d’une nouvelle République au sud du pays. Une revendication vieille de quelques cinquantaines d’années mais qui continue de séduire certains intellectuels noirs qui, dans l’impuissance de s’organiser, se voient noyer dans un monde imaginaire où la couleur de la peau constitue un facteur primordial et un élément essentiel d’une Nation. Le temps est pour la lutte sans relâche pour un État de droit en Mauritanie et non une philosophie politique de la séparation qui trouve sa cohérence et sa légitimité dans les milieux intellectuels noirs incendiaires et dépassés par la complexité des réalités socio-politiques de notre pays.
Il n’est pas interdit de rêver mais quand on est éveillé et conscient des dangers qui nous guettent et des carences considérables de notre condition, il est légitime et nécessaire de penser à une Mauritanie nouvelle ou la diversité et le respect inconditionnel des principes de modernité politique constitueront le socle d’une nouvelle République arabe, berbère et africaine. La spéculation inutile, sans aucun fondement philosophique et social n’est qu’une forme d’anarchie qui pourrait bouleverser la structure de nos diverses sociétés et de notre société commune. Ce qui est primordial pour la construction d’un corps social solide c’est une éducation structurée sur nos multiples origines et un profond diagnostic de notre retard, de notre condition sociale et de cette injustice aveuglante que subissent nos concitoyens dans nos sociétés respectives.
Cette remise en question et cette volonté de changer radicalement notre manière de voir l’avenir doivent être fondées sans aucun doute sur la confiance et le respect qui sont la base de notre développement et un pilier fondamental pour éradiquer toute imposture. Dans le mépris et la haine, la raison n’est qu’une forme d’émotion qui se dirige aveuglement vers un mur de la destruction et de misère. A travers des discours incendiaires de la jeunesse noire intolérante et des intellectuels bornés, une idéologie nauséabonde se forme et emploie des termes inacceptables contre la communauté arabo -berbère du pays.
La lutte pour la reconnaissance sociale et politique passe inéluctablement par la reconnaissance d’une cause sérieuse qui prend en compte l’opinion des individus concernés. Elle doit s’inspirer de pratiques sociales conventionnelles qui mettent en avant l’intérêt général et non des sensibilités obsessionnelles. Dans ce tourbillon idéologique de scission de la Mauritanie, une minorité d’hommes et de femmes, ignorant honteusement les bases d’une lutte sociale structurée se cachent derrière un échec alarmant de différentes luttes sociales pour spéculer sur une philosophie sans aucun fondement raisonnable. Cette minorité biberonnée par la haine contre la composante arabo – berbère qui, dans l’imposture, se retranche dans les couloirs des exigences infondées qui mettent en danger la vie de nos concitoyens.
Quand une revendication est sérieuse et fondée, elle doit reflétée l’image d’une composante sociale prête à assumer son destin et d’aller à la rencontre de l’autre pour discuter. Dans notre cas, la bassesse des revendications, le manque de répartie et la pauvreté des propositions nous donnent une image en profondeur de ceux qui conceptualisent sans aucune volonté et ignorant lamentablement les conséquences de cette entreprise complexe. Cette idéologie est compréhensible et séduit de plus en plus de jeunes noirs mauritaniens.
Elle est compréhensible dans les différentes réformes sociales et politiques de la Mauritanie qui écartent et discriminent sans aucune gêne les noirs mauritaniens et les territoires occupés par ces derniers. Quelques soient les manœuvres politiciennes qui ont pour objectif de discriminer encore plus la composante noire, notre discernement et la clarté de nos propositions contre l’injustice doivent primer sur une éventuelle division de notre peuple. La Mauritanie appartient à tous ses fils ( peul, soninke, bambara, wolof, berbère et arabe ). Elle est un tout. Un ensemble d’hommes et de femmes de cultures différentes, de couleur peau différente et une religion commune qui aspirent à une Mauritanie nouvelle. Nul doute ne subsiste quand à l’existence d’une classe d’idéologues arabo-nationalistes qui voudraient éradiquer totalement la communauté noire mauritanienne. Ils sont nombreux et ont en leur possession des ressources financières très importantes. Cette classe sociale minoritaire doit être combattue avec force, avec détermination et avec une volonté sans faille. Cette détermination et cette volonté de réunir tous nos frères mauritaniens devraient être notre priorité et notre cheval de bataille.
Avant d’exiger la scission de notre pays, il est primordial que les théoriciens noirs militent et luttent contre les différentes manifestations sociales injustes qui existent au sein des communautés noires. L’injustice, l’esclavage, le mépris de l’autre sont des plaies béantes qui s’infectent à chaque seconde qui passe. C’est cette lutte intérieure et légitime qui devrait nous préoccuper pour pouvoir construire une force solide contre les discriminations, l’injustice, l’exploitation au niveau étatique. Sans ce rassemblement des opprimés et des oubliés de la République, notre avenir est incertain. C’est dans cette direction que nos regards doivent se tourner et non dans des revendications utopiques qui n’ont pour objectif que d’amuser la galerie et de créer un environnement anarchique.
Quand bien même, une scission soit proclamée, d’autres facteurs importants seront là pour nous défier. La création d’une nouvelle République exige des moyens humains et financiers très importants pour la mise en place des représentations diplomatiques à l’étranger, l’organisation des structures administratives et économiques. Ces chantiers titanesques pour des petits États constituent des défis à relever avec discipline ( ce qui nous manque) et une volonté herculéenne ( presque inexistante dans nos communautés). Cette nouvelle aventure périlleuse laisse souvent derrière elle des victimes innocentes et des conflits ethniques meurtriers qui peuvent durer pendant des années. Dans d’autres circonstances, la reconnaissance d’un État fraîchement créé n’est pas une chose acquise. Sans la reconnaissance, il est quasiment impossible d’avoir des relations diplomatiques avec les autres États, d’avoir des échanges économiques, culturels et éducatifs. Nous serons totalement isolés et sans aucun contact avec le reste du monde.