Ce texte est la suite logique à mon précédent article intitulé "le Duumvirat et la Dyade" paru dans Le Calame numéro 1175, en date du 18 Septembre 2019.
Il exprimait mon opinion sur notre actuel président et son prédécesseur.
Certains échos et avis me sont parvenus sur le dit article, et après les avoir rassemblés et étudiés, l'idée m'est venue d'écrire cette Vox Populi qui veut dire l'opinion du plus grand nombre.
Toute opinion est à l'origine un jugement ou un avis, et l'opinion publique ici est la manière de penser la plus répandue.
Aussi, toute opinion que nous nous faisons est constituée par le cumul perpétuel d'un flux incessant et ininterrompu d'informations que nous subissons le plus souvent malgré nous et à notre insu.
Ces informations sont ou justes ou erronées, mais toujours distillées à dessein.
À la fin nous les digérons, chacun selon ses aptitudes intellectuelles et le régime de ses convictions politiques, religieuses, ou sociales.
Ceci dit, Aziz a été pour la plupart des Mauritaniens irritant, cassant, brutal, étonnant, dérangeant et surprenant. Il a été à l'origine de la fortune et de l'infortune de beaucoup de monde, et pour ces raisons il était ou respecté, considéré, aimé et adulé, ou détesté, haï, honni, méprisé et rejeté.
Certains pensent qu’Aziz est la trahison personnifiée. Maaouya qui l'inventa, créera pour lui et sur mesure le fameux et invincible Basep l'armurerie de la république. Ils affirment qu'il s'est retourné contre lui. Mais ils oublient que c'est seulement après vingt ans de loyaux services, pendant lesquels il engrangera toutes sortes de frustrations et de privations risquant sa vie deux fois pour lui et pour le régime.
En renversant Maaouya, le régime était seulement étêté et toute l'équipe était sauvée et blanchie.
Des curieux rapports de hiérarchies et d'échanges entre Maaouya et Aziz furent à l'origine du complexe d'Oedipe qu’Aziz développera pour éliminer par la suite le père et épouser le pouvoir. Il ne le lâchera plus et deviendra ainsi le faiseur de rois que nous connaissons aussi bien pour feu Ely, Sidi et en fin son ami Ghazwani.
Il a été aussi, par malédiction surement, le malheureux fossoyeur économique de certaines grandes fortunes, celles surtout de ses cousins: Mohamed Ould Bouamatou, Ahmed Baba Ould Azizi, Ahmed Ould Hamza, Md Ould Gadda.
Plus tard il deviendra prestidigitateur, il sortira de sa manche des prodiges et des chefs d'œuvre : Ould Ndiaye, Zein El Abadie et d'autres bien sur.
Au moment où Aziz était tout cela, Ghazwani selon ses thuriféraires et ses laudateurs était le pompier de son ami pyromane, qu’il était toujours son complément circonstanciel (d'effectifs et de matière grise ?), alors que nous savons tous qu’il a été constamment un excellent complément d'objet direct.
Ses partisans disent de lui qu’il est intelligent, calme, patient et très réfléchi. Ces qualités ajoutées au style de l'homme, lui ont permis, dit-on de solutionner beaucoup de problèmes durant tout le temps qu’il a dirigé l'armée nationale. Et qu’il avait rendu plusieurs services.
Néanmoins et nonobstant ce qui a été dit ou écrit ici où là, Ghazwani aujourd'hui est président de la république, il a été plébiscité par une frange non négligeable qui croit en l'homme et pense qu’il réussira.
Maintenant qu’il s'est affranchi de son ex patron et qu’il s'est libéré de son carcan, coupera-t-il le cordon ombilical?
Un certain Laurent Fabius, le plus jeune premier ministre de l'histoire de la république française, écrasé par l'envergure et l'aura du Sphinx politique qu’était son patron François Mitterrand, exaspéré, il cria un jour, à la face des journalistes et de la France : lui c'est lui moi c'est moi.
Si Ghazwani réussit son magistère, il blanchira son ami, comme Aziz en son temps avait blanchi son patron Maaouya, et pourra déclarer comme feu Ely Ould Md. Vall, Allah absous le passé, sous entendu tous les passifs.
Aziz dans son discours d'adieux a souhaité vivre comme un citoyen lambda.
Souhaitons nous à notre tour, à notre nouveau président un affranchissement complet, à la manière de Biram Ould Dah ould Abeid, et laissons le temps au temps cicatriser les plaies, colmater les brèches et écraser les sources d'ignitions.
Sid ‘Ahmed Ould Eleya El Ammoni
AMI