La Russie a rendu lundi à l'Ukraine trois navires militaires saisis un an plus tôt au large de la Crimée, à trois semaines d'un sommet censé relancer le règlement du conflit dans l'Est ukrainien.
La restitution des bateaux est un nouvel épisode de la relative détente des relations entre les deux pays depuis l'élection en avril à la présidence ukrainienne de l'ex-comédien Volodymyr Zelensky, favorable à une relance du dialogue.
Après un entretien téléphonique entre le président français Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine, l'Elysée a estimé lundi que la restitution par Moscou des navires à Kiev "contribue à renforcer la confiance".
En septembre, un échange massif de prisonniers avait pu avoir lieu, permettant notamment le retour en Ukraine des équipages des trois navires après 10 mois de détention en Russie. Par ailleurs, de premiers retraits de troupes ukrainiennes et de combattants séparatistes prorusses ont pu se tenir dans trois secteurs de la ligne de front à l'Est, où le conflit a fait plus de 13.000 morts.
Dernier signe de ce réchauffement, l'annonce d'un sommet le 9 décembre à Paris, qui doit réunir le président Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky MM. Poutine et Zelensky ne se sont encore jamais rencontrés.
Aucun sommet de ce type, appelé format "Normandie", n'a eu lieu depuis 2016. Or c'est justement ce forum qui organise le processus de paix issus des accords de Minsk, signés en 2015.
Lors d'une conférence de presse lundi à Moscou, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a dit espérer que Paris ferait "son maximum pour lever toute ambiguïté et pour que le sommet confirme l’intangibilité et l'absence d'alternative à l'application des accords de Minsk".
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, est lui attendu mardi à Kiev pour aider à la préparation du sommet. Il s'entretiendra avec les responsables ukrainiens et se rendra sur la ligne de front.
- Geste de bonne volonté -
Le retour des trois navires ukrainiens apparaît comme un geste de bonne volonté de Moscou.
Ces bâtiments avaient été saisis par les gardes-côtes russes en novembre 2018 au large de la Crimée, territoire ukrainien annexé par Moscou en 2014. Cet incident a constitué la première confrontation armée directe entre la Russie et l'Ukraine.
Kiev a confirmé avoir repris possession des navires, tout en refusant de dévoiler leur destination précise en Ukraine.
Dès dimanche, une vidéo diffusée par des médias de Crimée montrait les bateaux remorqués par des gardes-côtes russes, passant sous le pont construit à grands frais par Moscou pour relier la péninsule à la Russie.
Moscou avait saisi les navires, les accusant d'avoir pénétré illégalement dans ses eaux territoriales en mer Noire, près du détroit de Kertch. Les gardes-côtes russes avaient alors ouvert le feu et capturé 24 marins ukrainiens, en blessant trois.
Les marins ont été relâchés dans le cadre de l'important échange de prisonniers du mois de septembre, qui a aussi vu la libération du réalisateur ukrainien Oleg Sentsov.
- Avancées -
L'achèvement, le 9 novembre, d'un retrait de troupes ukrainiennes et séparatistes prorusses de trois petits secteurs de la ligne de front dans l'est de l'Ukraine a rempli une condition clé fixée par Moscou pour participer au sommet de paix.
Mais ce recul des troupes, ordonné par le président Zelensky, est impopulaire au sein d'une partie de la population ukrainienne, en particulier chez les nationalistes et des anciens combattants qui ont manifesté en nombre.
Pour Moscou, la résolution du conflit dans l'Est ukrainien passe par l'adoption d'un statut d'autonomie pour les territoires séparatistes de Lougansk et Donetsk, puis la tenue d'élections locales dans ces régions.
Pour Kiev, le préalable à un scrutin est le contrôle de ses frontières, le désarmement des rebelles et le départ des Russes les soutenant.
Kiev et Moscou sont à couteaux tirés depuis l'arrivée début 2014 de nouvelles autorités pro-occidentales à Kiev et l'annexion de la Crimée.
Ukrainiens et Occidentaux accusent la Russie de soutenir financièrement et militairement les séparatistes, ce que le Kremlin nie malgré de nombreuses preuves.
AFP