A la veille de chaque élection, la vie politique en Mauritanie s’arrête. Tout ou presque se focalise sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Elle devient le sujet – et l’objet – de tous les débats. Pourquoi ? Je n’ai trouvé qu’une seule explication : elle est notre « petit mur » (leh’weït lekseyer).
Ne trouvez pas injuste, en effet, de faire porter la responsabilité de nos échecs à cette « pauvre » institution qui, sans moyens conséquents, et avec les complications de plus en plus grandes des élections, s’efforce à jouer son rôle d’arbitre. Je ne dis pas qu’elle y parvient comme il se doit (d’ailleurs, il arrive qu’elle reconnaît elle-même quelques défaillances), mais la crise politique actuelle dont le péché originel se trouve être le fameux Accord de Dakar de juin 2009, constitue un réel embarras pour tous. Le jeu d’ombre et de lumière auquel s’adonne pouvoir et opposition traduit, dans la réalité, le rapport de forces continuel qui détermine les choix des uns et des autres : les dialogues (inclusif-exclusif) menés par la majorité avec une partie de l’opposition, le boycott que cette dernière choisit intempestivement comme attitude de « résistance » ou la participation, quand elle est poussée dans ses derniers retranchements.
C’est exactement la situation aujourd’hui. L’amont qu’on a négligé pour se soucier de l’aval.
Ayant raté le train du dialogue (par la volonté du pouvoir ou manque de rigueur tactique de sa part), l’opposition s’engage dans une présidentielle qui arrive dans le même contexte, ou presque, de celui des élections municipales, régionales et législatives de fin 2018. Elections dans laquelle la CENI était la CENI, avec les mêmes hommes et femmes qui la composent aujourd’hui. Les mêmes orientations politiques (les partis de « l’opposition dialoguiste » avaient plus d’atomes crochus, dans les faits, avec la majorité). Mais on n’a aucune preuve que la CENI a fait montre de parti pris. Sa mission est un engagement pour la Mauritanie et il est difficile, vue l’expérience passée dans une situation plus complexe d’explosion de candidatures, qu’il en soit autrement.
De toutes les façons, je ne pense pas qu’avec l’entrée de nouveaux membres, la garantie de transparence soit plus effective que celle qui est offerte actuellement. Le combat de l’opposition pour gagner la présidentielle à mener sur le terrain, dans cette Mauritanie profonde où les pouvoirs (tribus, argent et savoir) sont encore, malheureusement, le Pouvoir. Ce n’est pas une question de CENI pour qui a accepté, dans le temps, d’aller dans des élections organisées, de A à Z, par le ministère de l’Intérieur.
Mohamed SNEIBA
source elhourrya.net