Suite à l’annulation partielle du vote des élections municipales de septembre 2018 dans les communes d’El Mina et Arafat, situées dans la région de Nouakchott-Sud, l’opposition mauritanienne dénonce une décision de justice inspirée par un pouvoir exécutif boulimique et décidé à tout prendre par«la fraude» et met en garde contre les changements «non souhaitables» dans une déclaration rendue publique ce week-end.
Ces municipales partielles dont la date de l’organisation a été fixée au samedi 27 octobre, opposeront l’Union pour la République (UPR-principal parti de la majorité) à une coalition de l’opposition sous la houlette du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD/Tawassoul/mouvance islamiste).
Le collectif constitué en Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD) est composé du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et de l’alliance Sawab/Rag…
Convaincue de la volonté de confiscation du pouvoir nourrie par les autorités de Nouakchott, l’Alliance électorale de l’opposition démocratique rappelle au régime, à travers sa déclaration, que «l’expérience a prouvé, dans notre pays, mais aussi dans d’autres, que ceux qui s’opposent au changement par la voix démocratique et les urnes, ouvrent sans aucun doute la porte à d’autres modes de dévolution du pouvoir à travers des évolutions qui ne sont pas souhaitables».
Entre 1978 et 2008, la Mauritanie a été le théâtre de plusieurs putschs et révolution de palais à travers lesquels des officiers recyclés dans la politique ont exercé le pouvoir d’Etat à tour de rôle. Mais en 2019, le pays a l’opportunité de s’offrir une alternance démocratique sur la base de la limitation constitutionnelle des mandats. Cette perspective reste encore incertaine et suscite la crainte des milieux de l’opposition.
Par ailleurs, la déclaration de l’AEOD revient sur toutes «les irrégularités» notées à l’occasion des élections législatives, régionales et locales de septembre 2018: «exclusion de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), interférence du président Mohamed Ould Abdel Aziz dans la campagne électorale, non représentation dans de nombreux bureaux de vote, procès-verbaux des opérations de vote falsifiés…».
Des entorses en dépit desquels le pouvoir tente à nouveau à prendre les quelques victoires arrachées de haute lutte par l’opposition en instrumentalisant la justice, déplore le communiqué de l’AEOD, qui entend se mobiliser pour le scrutin du 27 octobre.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya