Birame Dah Abeid a fustigé un régime politique qui a pillé les richesses du pays, appauvri les citoyens, semé la discorde et la mésentente entre les différentes composantes du peuple mauritanien. Il a accusé aussi le régime d’avoir fait de la torture et de la répression policière une arme pour brimer toute expression libre, et d’avoir fait de la magistrature et des juges une armée de serviteurs pour assouvir ses desseins plutôt qu’à appliquer la saine justice.
Il a passé en revue la genèse du mouvement IRA, son ancrage populaire et sa force de revendication, jusqu’à son éclosion sur le plan international. De là, le combat sans merci que le régime va mener contre ce mouvement, de sa non reconnaissance officielle en tant qu’organisation, jusqu’à la guerre diplomatique qu’il va mener et perdre sur le plan international. Birame a également mis en exergue le refus des autorités de reconnaître le parti RAG, issu des rangs d’IRA. Selon lui, le régime a tout fait pour radicaliser le mouvement, le pousser vers la violence ou vers l’exil, sans succès.
La patience du pouvoir va arriver à son summum, suite à l’union inattendue que Birame parviendra à tisser avec le parti Sawab d’obédience baasiste, selon lui. Cette alliance que beaucoup considère comme contre-nature, a été d’après Birame, la raison qui a poussé la police politique à manigancer son arrestation avant les échéances pour l’empêcher de participer à la campagne électorale. «Alors que j’étais couché dans l’obscurité de ma cellule de prison, et que les candidats aux élections multipliaient les campagnes, ne sachant s’ils vont gagner ou pas, j’avais la conscience tranquille que j’allais entrer dans l’hémicycle du Parlement avec force » dira Birame, soulevant un tollé de «Allahou Akbar».
Par rapport à la marche envisagée par le parti au pouvoir, l’UPR, contre «le discours extrémiste et la haine», Birame dira que cette marche dont il ne sait ce qu’elle va réserver, doit d’abord régler «l’extrémisme et la haine qui sourdent de ce rassemblement».
Répondant à une question relative à son style langagier qu’il doit revoir pour le rendre conforme au respectueusement correct, Birame dira qu’en tant que député et homme politique nouveau, il apportera un style tout aussi nouveau. «Mon langage vous plaît ?» lança-t-il à ses partisans qui répondirent dans un cri de tonnerre «il est savoureux ». Alors, tout souriant, Birame lança «comme mes militants trouvent mon discours savoureux, j’espère que les autres aussi arriveront à l’aimer».
Birame Dah Abeid s’est dit préoccupé par l’état de la justice, soulignant qu’un «pays sans justice, c’est la porte ouverte au chaos », revenant sur les péripéties de son procès et les échanges qu’il a eu avec le Procureur et le président du tribunal. «Je n’ai pas assisté au procès ni à la lecture du verdict qui s’est faite dans une salle déserte, sans public, sans prévenus et sans avocats». Selon lui, le journaliste auteur de la plainte contre lui est une victime qui a été utilisée par les Renseignements Généraux tout au long de ce processus. «C’est eux qui lui avaient demandé de déposer plainte et ce sont eux aussi qui lui ont demandé de la retirer. Sinon, je ne vois pas pourquoi le retrait de la plainte alors que je ne suis pas revenu sur mes paroles et je n’ai pas demandé d’excuses ».
Birame a aussi réitéré sa volonté de se présenter aux élections présidentielles de 2019, avec le soutien du parti Sawab, tout en n’excluant pas de possibles alliances avec d’autres partis et mouvances pour un soutien à sa candidature.
Cheikh Aïdara
source aidara.mondoblog.org