L'armée israélienne a revendiqué tôt mercredi matin une série de frappes aériennes de "grande ampleur" contre des sites militaires en Syrie, qui ont tué au moins 11 "combattants" selon une ONG, "en réponse" à des tirs de roquettes la veille.
Mardi, le système de défense antimissile israélien avait intercepté quatre roquettes tirées de Syrie "par des éléments iraniens" en direction du nord d'Israël, selon l'armée israélienne.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, avait de son côté fait état de premières frappes israéliennes de représailles dans la journée.
Mercredi matin, l'armée israélienne a revendiqué de nouvelles frappes, de "grande ampleur", contre des positions du régime syrien et des forces iraniennes Al-Qods en Syrie, pays allié de l'Iran, le grand ennemi régional d'Israël.
"Celui qui nous frappe nous le frapperons! C'est ce que nous avons fait cette nuit contre des cibles militaires syriennes et des forces al-Qods iraniennes en Syrie", a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, actuellement au coeur d'intenses tractations pour se maintenir au pouvoir.
Les avions de chasse israéliens ont, selon l'armée, frappé une "dizaine de cibles militaires" en Syrie, incluant des entrepôts et des centres de commandement militaires.
Selon OSDH, 11 combattants, dont sept étrangers ont été tués dans ces raids nocturnes israéliens.
"Nous ne pouvons pas confirmer si les sept étrangers sont tous Iraniens ou des combattants pro-iraniens de diverses nationalités", a précisé à l'AFP le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane, qui a aussi fait état de quatre civils blessés dans ces frappes.
"Ca été bref et très intense", a pour sa part déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée israélienne, Jonathan Conricus. "La principale cible a été +l'édifice de verre+" situé dans le "périmètre militaire de l'aéroport international de Damas", selon lui.
"Il s'agit du principal immeuble qui sert aux Gardiens de la Révolution (...) pour coordonner le transport de matériel militaire de l'Iran à la Syrie et au-delà", a ajouté ce responsable.
- "Lourde attaque" -
Les militaires israéliens, qui revendiquent rarement des attaques en sol syrien, ont indiqué qu'un "missile antiaérien syrien" avait au préalable "été tiré malgré des avertissements clairs de ne pas le faire".
Selon l'agence officielle syrienne Sana, la défense anti-aérienne a riposté à une "lourde attaque" de l'aviation israélienne et a "abattu" plusieurs missiles israéliens près de Damas. Un correspondant de l'AFP dans la capitale syrienne a entendu plusieurs fortes explosions.
"A 01H20 (23H20 GMT) des avions militaires israéliens ont tiré un certain nombre de missiles près de Damas", a indiqué Sana, alors que l'agence libanaise ANI a elle évoqué des "avions de combats hostiles" ayant "simulé des raids à basse altitude au-dessus de Tyr", dans le sud du Liban.
"Notre défense anti-aérienne a riposté à cette lourde attaque, a intercepté les missiles hostiles et a été en mesure de détruire la plupart" de ces missiles, a encore affirmé l'agence syrienne Sana, citant une source militaire. Elle n'a pas fait état de morts.
L'armée israélienne a assuré que les frappes syriennes n'avaient "pas fait de victimes" côté israélien, et que "tous les pilotes étaient rentrés sains et saufs" à leur base. Mais elle a noté tenir le pouvoir à Damas "responsable" des actions sur son sol.
"Nous sommes prêts pour différents scénarios", a ajouté l'armée israélienne qui avait mené en août une frappe en Syrie afin, selon elle, de prévenir une attaque au "drone kamikaze" que l'Iran préparait contre Israël.
"Tout cela est très mauvais", a réagi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, puissance alliée de la Syrie. Le raid israélien "contredit totalement le droit international", a-t-il jugé.
- Après Gaza -
L'armée israélienne avait par ailleurs mené la semaine dernière une opération contre le Jihad islamique à Gaza, enclave palestinienne de deux millions d'habitants.
Simultanément, une frappe avait visé à Damas la maison d'une figure de ce groupe armé palestinien, Akram Ajouri.
Cette frappe, imputée par la Syrie à Israël --qui n'a pas commenté--, avait fait deux morts, dont le fils d'Akram Ajouri, considéré comme un ténor du bureau politique du Jihad islamique.
Dans la foulée de l'opération dans la bande de Gaza contre le commandant Baha Abou al-Ata, le Jihad islamique avait répliqué en lançant quelque 450 roquettes vers Israël, selon l'armée. L'Etat hébreu avait multiplié les frappes contre des "cibles" du Jihad islamique à Gaza.
Deux jours environ après le début de ces affrontements, huit membres d'une même famille palestinienne --un homme, deux femmes et cinq enfants-- avaient été tués dans une frappe à Deir al-Balah, dans le sud de l'enclave.
Au total, ces frappes israéliennes sur Gaza avaient fait 34 morts et 110 blessés, selon le ministère local de la Santé.
AFP