Rentré d’exil depuis le 11 mars 2020, l’homme d’affaires mauritanien Mohamed Ould Bouamatou clame haut et fort son ambition de contribuer à l’émergence d’une Mauritanie prospère. Bénéficiant de l’abandon, par le nouveau régime du président Mohamed Ould Ghazouani, du mandat d’arrêt international lancé contre lui il y a trois ans, le banquier conjugue le présent avec espoir par une nouvelle décennie de construction et de réalisations.
Parlez-lui d’horizon 2050 pour une Afrique développée, M. Bouamatou n’y croit pas. Pour le patron du groupe éponyme Bouamatou Société Anomyme (BSA), le changement c’est maintenant. Présent à la quatrième édition des Financial Afrik Awards, tenue les 16 et 17 décembre 2021 à Nouakchott, il nous livre les raisons de son optimisme.
Vous êtes de retour dans votre pays après dix années d’exil. Croyez-vous que les choses ont réellement changé ?
J’en suis persuadé. Cette décennie dans laquelle nous sommes actuellement est celle de l’espoir. C’est aussi la décennie de la sérénité et de la quiétude. Avant, la Mauritanie traversait des années de plomb avec un gang de vautours et de rapaces qui ont pillé tout le pays et qui ont empêché qui que ce soit de faire des affaires à part un petit cercle restreint. Cela nous a malheureusement fait perdre toute une décennie.
Maintenant l’espoir renait avec le président Mohamed Ould Ghazouani. Déjà, ma présence en Mauritanie montre que les choses ont changé. Sinon je ne serais pas là. J’ai été en exil pendant des années et je suis loin d’être le seul parce que de nombreux hommes d’affaires ont aussi été dans le même cas que moi. Je suis sûr qu’avec cette nouvelle décennie, nous aurons la sécurité alimentaire, l’égalité entre les gens, la quiétude, l’encouragement pour de nouveaux investissements et la relance des affaires. Il y a de l’espoir. Il y a une certaine sérénité. On dort l’esprit tranquille, ce qui n’était pas possible avant. Il y a du changement.
Les gens qui étaient au pouvoir avant utilisaient le pouvoir comme un raccourci pour s’enrichir. Il (l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz, ndlr) avait une fois déclaré qu’il est pauvre et est le président des pauvres, qu’il avait seulement une foreuse pour forer. Dix ans, après il revient dire qu’il est devenu riche, qu’il est milliardaire et que ses milliards vont continuer à augmenter. Vous avez déjà entendu un seul chef d’Etat au monde déclarer qu’il est devenu riche et que sa fortune va augmenter ? A-t-on déjà entendu ça dans toute l’Afrique ? La réponse est juste non.
Alors je suis persuadé que cette nouvelle décennie est la bonne et sera la décennie de l’autosuffisance alimentaire et de l’émergence de la Mauritanie.
Croyez-vous à une Afrique développée d’ici 2050 ?
Je ne crois pas à des projections aussi éloignées. Donner des projections pour 2050, c’est du bluff. Le temps va très vite, les choses vont vite. Il faut faire des projections sur le court terme, une dizaine d’années par exemple, pas plus. Personnellement, je crois en la prospérité de la Mauritanie. Notre pays est déjà prospère et riche. La Mauritanie a 600 kilomètres de côtes et 600 kilomètres de fleuve. En plus de cela, nous avons des mines d’or et des mines de fer. La Mauritanie a déjà tout pour être riche. Si l’on faisait ce que fait le Maroc dans le secteur de la pêche qui a un milliard cinq cent mille emplois, nous n’aurions aucun chômage ici. Donc il faut que l’on s’inspire de l’exemple du Maroc.
Concernant l’autosuffisance alimentaire, comment est-ce possible que la Mauritanie qui a le fleuve Sénégal puisse importer des légumes ? Vous avez déjà vu un seul pays au monde qui importe des légumes ? Ça n’existe pas. Alors, voilà autant d’exemples qui prouvent la décennie de plomb qu’avait instaurée l’ancien régime.
Je suis vraiment confiant qu’avant la fin du mandat du président Ghazouani, le pays n’importera plus de légumes. Nous serons autosuffisants. Et je suis sûr que c’est un objectif que nous pouvons atteindre.
Quelles sont vos perspectives d’investissement en Mauritanie ?
Tout ce qui est possible. Je suis un investisseur et je m’intéresse à tout. Il faut que la Mauritanie offre aux investisseurs la liberté d’exercer. L’Etat doit être garant et non gérant. L’Etat ne doit pas faire la concurrence aux hommes d’affaires. Il doit plutôt leur donner la possibilité de se développer, il doit les soutenir. C’est ça le rôle de l’Etat.
Pourquoi la Mauritanie ne pourrait pas être aussi développée que Dubaï ? La Mauritanie a les moyens de devenir le Dubaï de l’Afrique de l’ouest au courant de cette décennie. Nous pouvons le faire.
Que dites-vous aux investisseurs étrangers qui souhaitent investir dans votre pays ?
Qu’ils viennent investir. Que la Mauritanie n’est plus ce qu’elle était avant avec l’autre régime. Ils ne seront plus obligés de faire des courbettes à qui que ce soit. Ils ne seront plus obligés de passer par les membres du gang qui était ici. C’est fini tout ça. Ils n’auront qu’à investir dans des projets transparents. Mais je leur dis de faire en Mauritanie ce qu’ils feraient dans leur propre pays et avoir un comportement irréprochable.
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