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un grain de sable pour secouer la poussière...

Interview de Mohamed Ould Borbosse, président du Parti de la Construction, et du Progrès (PCP)

Mercredi 8 Novembre 2017 - 22:45

Interview de Mohamed Ould Borbosse, président du Parti de la Construction, et du Progrès (PCP)

Le Calame : Les partis politiques ayant pris part au dernier « dialogue national inclusif » viennent d’être reçus, séparément, en audience par le président de la République. Cette audience intervenait après le gel par la Coalition Citoyenne de sa participation au comité de suivi des résultats dudit dialogue, accusant au passage la partie gouvernementale de ne pas respecter les décisions prises par consensus par les différents pôles. Au sortir de cette rencontre, presque tous ont exprimé leur « satisfaction » de la rencontre. Concrètement, qu’elle était l’objet de cette rencontre ?
 

Mohamed Ould Borbosse : Permettez-moi de vous remercier et à travers vous toute l’équipe du Calame pour m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur des sujets aussi actuels et au passage, d’informer mes compatriotes et les autres citoyens du Monde qui ne le savent pas encore que notre parti s’appelle désormais : le Parti de la Construction et du Progrès (PCP). Il est le parti de tous les mauritaniens (attention, les mauritaniens intègres et de bonne foi …!) qui partagent avec nous les mêmes idéaux et les mêmes principes. Il a été officiellement reconnu le 22 juin 2017. Le récépissé faisant foi, délivré par le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, porte le numéro 001/2017, pour mémoire.
 

Pour ce qui est de votre première question, je sais que dans le pôle de l’Opposition, sans empiéter sur la position de la Coalition Citoyenne dont j’ignore la teneur de l’entrevue avec le président de la République(elle l’a vu seule sans le reste du pôle), nous avions un souci majeur, c’est celui de voir le dialogue national inclusif auquel nous avions activement participé, donner les résultats qu’on attend de lui. Je crois que  c’est aussi l’attente toute naturelle et objective  de tous les mauritaniens sans exclusive même si cette attente reste volontairement tue par certains et que ceux-ci cherchent, par tous les moyens imaginables et inimaginables, à dénaturer ses résultats aussi probants qu’idoines.
 

L’audience que le président de la République a bien voulu nous accorder (il en est vivement remercié) entre dans le cadre de l’évaluation à mi -parcours d’un processus : préparatifs du dialogue, le dialogue dans son contenu et ses acteurs, le protocole d’accord politique sanctionnant les assises du dialogue, l’élaboration des lois et les mesures de leur mise en application (…) et enfin la mise en œuvre proprement dite des résultats. Elle a ainsi porté sur deux aspects essentiellement :
 

-le premier a porté sur nos remerciements au président de la République pour l’intérêt accordé souvent à nos doléances et sa volonté affichée de les satisfaire : prise en compte des demandes du pôle dans la représentation de l’Opposition dans le Conseil Constitutionnel, entre autres ;

-le deuxième  a eu trait cependant, à nos griefs quant au traitement qui a été réservé aux préparatifs du dialogue et à quelques points de ses résultats du point de vue aussi bien de forme que de contenu se manifestant tantôt par notre absence parfois, en tant que partenaires à certaines étapes des décisions, tantôt par l’urgence qui nous est imposée pour l’élaboration de certains projets de lois : l’ouverture unilatérale des journées du dialogue, la gestion du point relatif à l’hymne national, le temps imparti à l’étude de certaines questions, principalement.
 

La compréhension du Président quant aux problèmes posés et sa disponibilité à corriger tout ce qui était  considéré par nous comme erreur n’a pas manqué de nous rassurer  tous ou presque, d’où la satisfaction exprimée au sortir de l’audience.   

Etes-vous satisfait du fonctionnement de ce comité de suivi et comment il met en œuvre les résolutions de l’accord du 20 octobre 2017 ?
 

 Il y a eu naturellement des hauts et des bas du fait de la diversité et de la différence de ses composantes de par leurs idéologies, leurs principes, leurs valeurs, mais aussi leurs priorités, pour ne citer que cela, mais nous devons avouer que la concorde, le respect mutuel, la complémentarité et la volonté de réussir leur pari ont régné  entre ses membres et vont en se renforçant et se consolidant.
 

La décision de la Coalition citoyenne de Bilal Ould Werzeg est la deuxième divergence après cette du parti APP de Messaoud Ould Boulkheir qui avait appelé à voter contre les modifications des couleurs du drapeau. N’y aurait-il pas de concertations entre les partis de l’opposition dialoguiste pour la prise de décision ?
 

 Malheureusement, non ! Du moins, Il n’y en avait pas du tout ou très peu. Mais je crois que le mal a été réparé. L’élaboration commune de notre dernière contribution sur laquelle les représentants des partis politiques ont planché (sans la coalition citoyenne, bien sûr) du 16 au 21 Octobre dernier portant sur :

-le Code Electoral,

- la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI),

-les Conseils Régionaux,

ne manquera pas, sans nul doute, d’offrir un climat de complémentarité et de meilleure cohésion entre les composantes du pôle.

Mais faut-il préciser que les concertations entre les parties composant le pôle de l’Opposition n’est pas synonyme de similitudes de points de vues car ces parties, encore une fois, sont différentes et peuvent ne pas avoir forcément les mêmes positions par rapport à certains problèmes. Ce qui n’entame en rien la possibilité de synergie entre elles dans beaucoup d’actions et la coordination bénéfique tout en se respectant les unes les autres dans leurs différences. 
 

Malgré le dialogue politique de 2016, la situation politique reste marquée par une tension entre le pouvoir, le FNDU et le RFD. Pensez-vous que les élections anticipées, recommandées par le dernier dialogue pourraient se passer dans la sérénité, sans la participation de ces 2 pôles de l’opposition ? Que pourriez-vous faire dans ce sens pour favoriser des élections consensuelles et inclusives ?
 

 Ce que nous devrions faire, nous en avions déjà fait beaucoup. Les multiples rencontres, les appels du pied envers nos autres amis de l’Opposition et les résultats du dialogue en sont l’illustration. Si nous devrions recommencer et faire plus, nous le ferions volontiers pour que la « situation politique » se décante et se normalise. Nous restons cependant convaincus que si élections anticipées, il y en aurait, les absents seraient à compter sur les bouts des doigts et pour cause. Les partis politiques ne sont pas faits que pour le boycott et on n’est pas à l’Opposition parce qu’on s’attend à marcher sur des tapis rouges. Faut-il souligner aussi que par expérience, la participation de tous n’a pas toujours forcément offert la sérénité d’élections censées être consensuelles et inclusives précédemment  organisées.

C’est pour ainsi dire que ce qui est souhaitable et pour lequel nous nous battons sans relâche, c’est que les conditions d’une réelle transparence, objectives et satisfaisantes soient réunies pour que personne n’ait de raison valable pour refuser de participer quand bien même, la participation reste  un choix politique et stratégique qu’il appartient à tout un chacun de se choisir le moment et le lieu selon son appréciation et ses intérêts  propres.
 

Que vous inspire le dossier dit « Bouamatou et consorts » ? Pensez-vous, comme le dit l’opposition, que nous assistons à un recul des libertés dans notre pays ?
 

Nous sommes au regret de constater qu’au lieu de profiter des contributions de tous ordres que peuvent nous offrir certains de nos fils, nous les avons sur le dos ou ils ont  notre « Etat » sur le dos,… ma foi ! A la place des tenants du pouvoir et de leurs soutiens politiques, nous nous serions suffis d’exclure de nos rangs les fauteurs directs pour indiscipline. Et puisque nous ne sommes pas dans le secret des renseignements de l’Etat, nous voudrions bien voir ce problème connaître un traitement purement judiciaire, rapide, loin de toute influence de l’exécutif et des interférences politiciennes,  une procédure judiciaire étant déjà engagée.
 

Les libertés, elles, pour nous, bien que nous soyons de l’Opposition,  sont si chères, si coûteuses et précieuses qu’il faut se battre et aussi se faire violence pour les préserver, les protéger et les renforcer mais elles ne sont pas du tout synonyme de désordre et d’anarchie non plus ! Faut-il aussi le rappeler et à juste titre? Beaucoup d’entre nous exploitent très mal, très négativement l’espace de libertés conquis et/ou offert et c’est regrettable.
 

Que pensez-vous des perspectives de la présidentielle de 2019 avec ou sans la candidature de l’actuel président Mohamed Ould Abdel Aziz ?
 

La présidentielle en vue est une échéance qui peut être apparemment difficile du fait de « la situation politique », mais normale en elle-même et attendue logiquement par tous si tout  ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nous ne sommes pas ici  non plus  dans le secret de l’homme (le président de la République en l’occurrence) mais nous prenons acte de ses engagements publics, devant tous les mauritaniens, devant nous, individuellement, entre quatre murs,  devant d’autres encore ( ils en ont fait cas haut et fort) , à travers ses interventions médiatiques,(…) de ne pas chercher à se présenter pour un quelconque autre mandat présidentiel parce que, avait-il dit substantiellement, cela ne militait pas en faveur du renforcement de la démocratie ni de l’intérêt supérieur de l’Etat. Nous ne pouvons que  le croire jusqu’à preuve du contraire. Pour l’histoire, nous pensons qu’il n’était pas obligé de l’annoncer de sitôt. Il l’avait fait pour rassurer certains. Les faits augurent du contraire. Il n’a apparemment pas réussi et il en paie les frais.
 

Quel geste attendez-vous du gouvernement pour faire face aux conséquences d’un déficit pluviométrique qu’a enregistré le pays, cette année ?
 

Nous attendions et attendons encore beaucoup du Gouvernement et pas seulement des palliatifs même si plus de quarante milliards d’ouguiyas vont être débloqués pour faire face à cette situation. L’année dernière, plus de trente milliards d’ouguiyas avaient été investis, dit-on, pour la même cause, mais ceci n’a pas empêché une autre action cette année-là.  Nous, nous voulons des stratégies à même de nous sortir de la dépendance systématique de la pluviométrie. Nous, nous voulons des investissements susceptibles de nous assurer l’autosuffisance en certains produits qui constituent la base de notre alimentation. Nous, nous voulons des unités industrielles de transformation à même de nous produire nos besoins par nous-mêmes et à partir de nos propres et énormes ressources au moins, plutôt que de vendre nos matières premières (animaux, leurs produits, poissons et toutes nos richesses halieutiques, fer, bronze, or et toutes autres ressources extractives,…) à des prix dérisoires et les racheter avec les yeux de nos têtes après avoir été transformés par d’autres et ailleurs.

Nous, nous voulons une véritable mise en valeur et une exploitation judicieuse et profitable de nos eaux. Nous, nous voulons une efficiente stratégie agricole de mise en valeur et d’exploitation de nos terres pour résorber le chômage aigu auquel nous sommes confrontés qui va en s’aggravant et en s’intensifiant et nous assurer nos attentes susmentionnées… entre autres. Nous, nous sommes pressés de voir des pôles économiques se constituer à travers nos régions, chacune en fonction de ses spécificités pour mieux profiter de ses potentialités.   Nous, nous aspirons à l’élaboration, à la mise en œuvre et au suivi efficient aussi bien en amont comme en aval de programmes ambitieux, prometteurs, capables de juguler nos problèmes, tous nos problèmes, et au besoin et pour faire face aux aléas de la nature, nous nous attendons à des mesures préventives, pas à des retouches répétitives et souvent coûteuses et inefficaces. Si rien n’est fait dans ce sens-là, nous perpétuons le mythe de Sisyphe, voire, nous l’entretenons comme système de gouvernance. Et si cela, devrait continuer ainsi, quel avenir nous attend-il ?
 

Après votre départ du parti El Moustaqbel vous avez créé une formation politique. Comment se porte-t-elle ?
 

Oui, on nous a arraché injustement et de façon pas compréhensible du tout,  inattendue de surcroit, le parti que nous avions créé non sans sacrifices et labeur, le parti qui nous a arraché à beaucoup d’autres obligations et intérêts pour qu’il ait droit de  cité dans la scène politique nationale, mais Dieu merci, son équivalent si ce n’est mieux est heureusement déjà né. Il s’agit comme précisé plus haut du Parti de la Construction et du Progrès. Il a juste quatre mois et un peu plus de dix jours. Mais il n’a rien à envier aux autres formations politiques. La dernière échéance électorale, sa campagne référendaire, ses autres manifestations témoignent de son impact et de sa présence sur le terrain, que cela soit à Nouakchott ou à l’intérieur du pays. Et pourquoi pas ! Le parti est bien jeune par sa reconnaissance récente en tant que formation politique mais ses instances et structures, par les hommes, les femmes, les jeunes, militants qui les composent avec la conjugaison des efforts de ses sympathisants rivalisent par leur présence sur le terrain, par leur audience et leur discours attrayant, par leur intégrité, (ils rivalisent) avec leurs égales dans les autres partis politiques.  Vous savez chers amis, Dieu est grand et nous, nous y croyons.

 

 

Comment expliquez-vous que des partis comme le RAG ou les FPC, qui ont fait des demandes de reconnaissance bien avant nous, n’ont toujours pas obtenu de récépissés. Pourquoi vous et pas eux?
 

Si j'étais dans les pensées de l'administration concernée, je vous aurais répondu sans peine. Mais je la connais à peine et je n'ai pas pris la peine de lui poser cette question.
Vous me donnez ici l'occasion de réitérer à mes amis du RAG et du FPC mon regret qu'ils ne soient pas encore reconnus et mon soutien indéfectible pour qu'ils recouvrent tous leurs droits.

Propos recueillis par DL

source lecalame.info

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