Les opérations d’implantation des Unités de Base (UB) de l’UPR, le parti au pouvoir, se sont achevées, tant bien que mal, dans les moughataas d’Aïoun, Tintane, Tamchekett, et, en queue de poisson, à Kobenni. Les opérations y ont été suspendues, à deux reprises, à cause d’une série d’agressions dirigées contre les membres de la commission, par les deux principales tendances rivales dont chacune les accuse de partialité au service de sa rivale. Il y eut d’abord la confiscation du matériel informatique, par des proches de Hamady ould Meymou, avant que la police n’intervienne pour en arrêter les auteurs qui ont agi, disent-ils, après que la commission a refusé de leur implanter plus de 20 UB. Ils ont fini par obtenir gain de cause mais c’est maintenant l’autre camp qui refuse et s’attaque directement aux nouveaux missionnaires du parti dépêchés, in extremis, pour la circonstance. Une fois arrivés sur les lieux pour entamer le travail de mise en place des UB, les voilà en butte aux protestations du camp adverse. Une bagarre éclate, faisant des blessés graves. Les autorités interviennent et arrêtent quatorze personnes, dont le maire de Gogui, Dede ould Ahmed Messoud, avant de les déférer, lundi, au Parquet général du tribunal d’Aïoun. Le département est en effervescence.
L’aspect général qui a marqué, sans surprise, le processus demeure l’activation des mécanismes tribaux, comme ce fut déjà le cas lors de l’adhésion. Les acteurs politiques qui se déploient sur le terrain, toutes tendances confondues, ne reculent devant rien, usant et abusant du trafic d’influence et des promesses, pour engranger le maximum d’UB. Ils ont agi sans vergogne, chacun en ce qui le concerne, sur la fibre tribale réveillant, non sans conséquences, les vieux démons. Deux grands pôles se disputent l’essentiel des UB ; autrement dit, le leadership local tirant les ficelles de ce jeu risqué. Il s’agit du camp du Premier ministre, l’ingénieur Yahya ould Haddemine, et de celui du général Missgarou ould Sidi. Dans les sept communes du département d’Aïoun où leur compétition est particulièrement rude, voici les grandes tendances des résultats. Les deux camps sont au coude à coude, dans les communes d’Aïoun (132 UB au total), de N’saveny (35 UB au total) et d’Oum Lahyadh (83 UB au total). Dans les communes d’Egjert (53 UB au total) et de Dweyrare (83 UB au total), c’est le camp du général qui l’emporte, haut la main. À Bennimane (48 UB au total) et de Tinhimad (27 UB au total), c’est le camp du PM qui réalise le plus gros score.
Dans le département d’Aïoun, objet de tous les appétits, et de Kobenni, très convoité, le ralliement des indécis, parmi les indépendants et les minorités, sera d’une extrême importance dans la détermination du véritable rapport de force entre les deux camps. Une grosse inconnue qui peut modifier les tendances, au profit d’un pôle ou de l’autre. Reste à savoir quelles seront les capacités des uns et des autres à sceller des alliances. En tout cas, l’heure est aux grandes manœuvres, sauf si le parti décide – beaucoup y croient – de suspendre la suite du processus, pour préserver le semblant de cohésion et affronter, dans l’union, les échéances électorales qui se profilent déjà à l’horizon. Quoi qu’il en advienne, le système Aziz aura réussi à meubler le temps et occuper la base, en pleine la période de soudure, avant de lui offrir un autre menu…
Dans la moughataa de Tintane, ceux qui roulent pour le compte du PM ont obtenu une majorité, confortable, de plus de 660 UB implantées. Leur principal et unique rival, Mohamed Lemine ould Khattry, seul contre tous, a tout de même enregistré un score qui lui sauve l’honneur. À Tamchekett les amis du PM, dont le tonitruant juriste défenseur des amendements constitutionnels, Fadily ould Rayiss, ont été laminés par le camp adverse, dirigé par les deux députés du département, le richissime homme d’affaires Mohamed Lemine ould Bahah et le chef-général Taleb Moustaph ould El Bou.
Moustapha Béchir
CP Hodhs
source lecalame.info