Initié et créé par deux hommes, Mohamed Ould Abdel Aziz, officier de sécurité, et Sidi Mohamed Ould Maham, Avocat, qu’un concours de circonstances particulières à placés au-devant de la scène politique nationale, l’UPR est né des cendres du PRDS.
La rencontre de ces deux hommes, sans culture politique et sans base populaire, est l’œuvre du premier, qui venait de réussir un coup d’Etat militaire, qu’il ambitionne de « civiliser » pour l’inscrire dans la durée. Le second, qui avait fait ses premières armes, en défendant les auteurs du coup d’Etat manqué de 2003 et leurs supposés soutiens politiques civiles, en particulier Ahmed Ould Daddah, nourrissait de grandes ambitions.
La mise en place, par Aziz, du fameux » Bataillon des députés », offre à Ould Maham l’occasion de montrer ses muscles, non pas de juriste, mais de « député du peuple ».
Dix ans après, ce grand Parti, se proclamant « parti au pouvoir » et locomotive de la vie politique du pays, l’UPR se décline suivant 3 visages.
L’UPR voulu. Parti de masse, ayant pour objectif principal de permettre à Aziz de civiliser son pouvoir en se faisant élire, démocratiquement, comme Président de la République. Objectif largement atteint, en 2014, avec plus de 52% des suffrages exprimés. En fait, ce score avait été annoncé par les « sorciers du Parti » avant les élections et les urnes n’ont fait que le confirmer.
L’UPR vécu. Champ de mines politiques et broyeur, sans pitié, de tous les opposants et concurrents potentiels ou effectifs du Président Aziz.
Et comme partout, dans toutes les révolutions du monde, les premiers à neutraliser sont souvent ceux qui ont le plus fait pour le triomphe de la révolution. Les enfants de la révolution d’Aziz, sont bien placés pour confirmer cette règle universelle.
Les victimes, grandes ou petites, se connaissent et ne souhaitent probablement pas être citées, puisque la roue tourne en permanence et une réhabilitation est toujours possible.
En haut lieu, on explique leur départ par la traduction dans les faits des grands slogans du Parti : lutte contre la pauvreté, rajeunissement de la classe politique et plus récemment la chasse à la gabegie et à la corruption. Les résistants parmi les collaborateurs d’hier, devenus les traitres d’aujourd’hui, savent que leurs jours sont comptés et « militent » en conséquence.
L’UPR obsolète.La fin des mandats légaux du Président Aziz et l’éventualité d’une possible rallonge légale, secoue le géant aux pieds d’argile depuis plus d’un an.
Un état des lieux s’est avéré nécessaire, à la fois pour apprécier la capacité réelle des troupes, mais aussi et surtout, pour préciser les retouches qui conviennent pour la grande mue qui pourrait s’imposer.
Une mue dont les objectifs tourneraient au tour de la place et des pouvoirs du futur Président du Parti, qui pourrait être aussi le Président tout court, les relations institutionnelles entre l’UPR et l’armée, la nature du pouvoir politique, (moins présidentiel et plus parlementaire).
C’est donc d’une revue globale des institutions et du système administratif de « la Mauritanie nouvelle », qu’il s’agit. Confier une telle mission, sans en préciser les termes de référence, à une poignée de responsable de l’UPR-vécu, conduit fatalement à la confusion et au démembrement du Parti auxquels nous assistons en ce moment.
Ainsi, le Président Aziz, se rendant compte qu’il risque de ne récolter que ce qu’il a semé, doit rapidement résoudre les grands problèmes qui se dressent devant son Parti, son troisième mandat, direct ou délégué, en fait, devant son système et son devenir.
L’UPR, parce que c’est de lui qu’il s’agit, contribuera-t-il aux solutions que recherche Aziz, ou cédera-t-il sa place à un futur parti du Président et non de la majorité ? En tout état de cause, le Bataillon des députés n’est pas mort et pourrait profiter de la confusion actuelle pour proposer ses précieux services à un nouvel acquéreur. S’il y a preneur…
Ahmed Ould Mohamed