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un grain de sable pour secouer la poussière...

En Mauritanie on confond " apostasie " et " laïcité "

Dimanche 27 Mai 2018 - 13:10

Dans une sortie récente, un leader d’une formation politique de «gauche» a déclaré que les tenants du mouvement «POUR UNE MAURITANIE LAÏQUE» risquent de plonger le pays dans la «fitna», compte tenu du caractère apostat de la laïcité!

Il ne fallait pas plus pour que des membres de ce mouvement répliquent, en émettant une déclaration publique dans laquelle ils condamnent vigoureusement «cette détérioration intellectuelle et paresse cognitive que connait la scène politique (et qui) continue de gagner du terrain et attirer l’élite progressiste de la même manière qu’elle a attiré les obscurantistes.»

Les intervenants sur les réseaux sociaux, quant à eux, ont carrément traité les signataires du mouvement «POUR UNE MAURITANIE LAÏQUE» de mécréants, d’apostats … et j’en passe.

Il faut dire que l’intérêt de ce débat, c’est qu’il nous montre ô combien, de part et d’autre, les gens semblent confondre l’apostasie en islam et la laïcité dans l’État.

L’apostasie en islam (ارتداد) est le fait pour un musulman de «renier publiquement sa foi» ou d’insulter Dieu (SWT) ou ses prophètes (SAAWS). D’ailleurs, la monture du tout nouveau article 306, reprend grosso modo cette conception.

La laïcité, quant à elle, impose la «neutralité» de l’État à l’égard des confessions religieuses, mais celui-ci reste quand même garant de la «liberté de conscience» pour tous les citoyens, ce qui est logique et juridiquement rationnel.

Malheureusement, en Mauritanie la confusion est totale. L’article 1 de la Constitution nous dit que l’Islam est la religion du «peuple mauritanien». Cela est rassurant, voir évident! Mais, reconnaissons quand même que la «religion» régit les rapports entre «l’individu et son créateur», et non entre le «peuple et le créateur».

Oui, le peuple peut partager une communauté de valeurs islamiques, ce qui est heureusement le cas en Mauritanie, mais la sanction dans l’Au-delà reste, quant à elle, ultimement singulière et personnelle.

Il n’y a donc manifestement une dichotomie à cet égard.

En plus, l’article 5 de cette même Constitution nous dit que «l’Islam est la religion de l’État». WOW!

L’État, en tant que personne morale, ne peut avoir de religion, car il est dépourvu de CONSCIENCE et donc ne peut s’acquitter des devoirs imposés par le «Créateur» aux croyants.

Certes, l’État peut opter dans ses lois et ses politiques publiques pour une religion plutôt qu’une autre; défendre son choix à cet égard, mais il ne peut jamais, valablement, s’auto-déclarer religieux en tant que tel!

Tous nos problèmes en Mauritanie, source de notre sous développement endémique, structurel et économique, nous viennent de cet amalgame et de cette «confusion État-religion».

Car, en définitif, on peut bien être un BON musulman et vivre parfaitement dans un État laïc.

Maître Takioullah Eidda, avocat
Montréal, Canada

source adrar-info.net

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