Cent partis politiques sont dans les starting-blocks pour les élections du 1er septembre 2018. Cent partis politiques ! Le « journuliste » que je suis est pourtant incapable de les citer tous. Malgré trente ans de compagnonnage de notre chère « bolletig », en tant qu’acteur d’abord et d’observateur ensuite. Voyons voir.
L’Union pour la République (UPR), le parti du makhzen (certaines mauvaises langues diront des opportunistes) est le plus connu de tous. Il présente des listes sur toute l’étendue du territoire national, et c’est le contraire qui aurait pu étonner. C’est le parti du pouvoir et pour le pouvoir. Il raflera la mise, c’est certain aussi. Fraude, ou pas fraude.
L’Alliance populaire progressiste (APP), le parti de Messaoud Ould Boulkheir, et le Rassemblent des forces démocratiques (RFD), la formation d’Ahmed Ould Daddah, tirent leur notoriété « historique » de la stature nationale de leurs chefs, anciens compagnons de route que les manœuvres du pouvoir ont fini par affaiblir en les séparant. Ces élections seront un test pour voir comment ces deux grands partis ont pu faire face à l’usure politique (et l’âge) de leurs chefs.
Il y a ensuite les partis structurés : L’Union des forces de progrès (UFP) et « Tawassoul », la formation des islamistes mauritaniens réputés proches des Frères musulmans. Ces deux formations ont un atout majeur : la discipline. Malgré les soubresauts que les Idéologues de l’UFP ont connus peu avant le choix des candidats, et les débauchages de têtes de listes de listes des islamistes par le pouvoir.
Viennent ensuite des partis de l’opposition de création récente mais qui se battent pour s’affirmer : Al wiam de l’ancien ministre Bodieil Ould Houmeid, Adil de l’ancien Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghef, l’AJD/MR de Sarr Ibrahima, le MPR de Kane Hamidou Baba, la CDN (Convergence démocratique nationale) de Me Bettah, le Renouveau démocratique de Ould Abeiderrahman, Hatem du « cavalier » Saleh Ould Hannena, l’UNAD, le PLEJ…
Il y a les partis « d’appoint » pour le pouvoir, ceux qui accueillent à bras ouverts « les opposants dans la majorité » : l’UDP de Naha Mint Mouknass, le Sursaut de la Jeunesse, Al karama, Al Vadhila (les islamistes du pouvoir), le Parti pour l’unité et le développement (PUD). Ils constituent une soupape de sécurité quand le trop plein de candidats embarrasse un pouvoir qui préfère une majorité hétéroclite à une bipolarité politique au sein d’une assemblée nationale où la parole des opposants porte souvent plus fort et plus loin que celle des « majoritants ».
Il y a enfin les autres partis (plus de 80) que je ne suis probablement pas le seul à ne pouvoir citer. L’enjeu pour eux, au cours de ces élections, est de franchir la barre modeste, mais fatidique, des 1%. Je ne sais si le pouvoir a pensé à « Tetracycline Opht. 1% pom. opht. », pour permettre aux mauritaniens de mieux voir, mais c’est une question de survie qui explique le « weylemak yel warrani » (gare au dernier) que l’on observe aujourd’hui.
« L’assainissement » de la scène politique nationale par le retrait des récépissés aux partis politiques qui n’auront pas obtenu 1% au cours de ces élections est, en soi, une bonne décision dans un pays ou la duplication (repiquage) est la « vertu » la mieux partagée. Mais l’encombrement que l’on constate, à la porte de ces élections, met la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dans une situation inconfortable : gérer une situation inédite. Elle mériterait tous les égards si elle s’en sort à moindre frais.
Sneiba Mohamed
source courrierdunord.com