Formellement ce sont 6 candidats qui se disputent le fauteuil présidentiel. En réalitė le duel a lieu entre deux parties: un système et un mėta système avec un avantage évident pour le premier. C'est cette longueur d'avance qui explique , comme on va le voir, pourquoi l'étape actuelle, alternance mise à part, reste peu propice aux changements profonds,
Par système, je désigne tous ces milieux sociaux et politiques dont le rapport au pouvoir et à l'Etat de manière générale s'enracine dans des mentalités façonnées fondementalement par des considérations identitaires traditionnelles relevant de l'esprit de l''assabya tribale et villageoises et d'une approche utilitariste et makhzenienne de l'Etat considérė sous l'angle de ses attributs de bâton et de carotte.
Ce système est organisé de manière à ce que le positionnement politique s'y effectue en grande partie sur la base de calculs et d'intérêts immédiats le plus souvent de tribus, de clans , de corporations ou de personnes.
Se recrutent au sein de celui ci la plupart des cheefferies tribales villageoise et spirituelles, la majorité des fonctionnaires, le commandement militaire et administratif
le monde des affaires , les différents réseaux , quelques intellectuels aigris à force de déceptions et leurs clientèles respectives.
Avant que la démocratisation ne vienne desserrer quelque peu l'étau de la répression, ce système était monolithique . Les milieux qu'on vient de citer étaient tous à quelques exceptions près fédérées autour du President du moment . C'est progressivement qu'on verra cette mono polarité connaitre un début d'érosion suite aux évolutions politiques enregistrées ces 3 dernières décennies particulièrement au niveau de l'économie de la violence physique . Ce qui a permis une relative ouverture du jeu politique caractérisée par l'émergence d'une opposition intra système.
Les motivations des concurrents du Président en place ou de son candidat , tous issus du même milieu, n'excédent pas en conditions normales, le périmètre de l'ambition personnelle si ce ne sont pas des considérations liées au mécontentement qui les propulsent. L'idéologie il n'y'en à point.
C'est dans ce moule que furent façonnées les opposition du Pdt Ely Ould Md Val (rallh) de Bouamattou et actuellement Sm Boubacar.
II- Le meta système
Par méta système on doit comprendre toutes ces visions politiques qui s'inscrivent dans une logique de rupture par rapport au statut quo actuel.
S'y retrouvent ces îlots urbains et ces élites acquises à la culture citoyenne, en ayant internalisė la catégorie de l'identité nationale comme vecteur de brassage et d'assimilation. ; viennent ensuite tous ces mauritaniens entrės en révolte ou en voie de l'être contre l'alienation et l'injustice induites par leur statut social consacré historiquement .
S'inscrivent aussi dans cette volonté de rupture tous ces autres citoyens qui trouvent qu'il ya lieu de procéder tout simplement à une refondation de l'Etat Nation Mauritanie qu'ils jugent antinomique avec le profil d'une nation pluri éthnique et pluri culturelle comme la nôtre.
C'est sous cet éventail que se classent respectivement les candidatures de Mewloud, Birame et de Kane et Elmourtejy.
De quel côté penche la balance?
L'analyse des dynamiques internes de chacun de ces deux pôles prouve sans l'ombre d'un doute que le système continue de mobiliser la majorité des mauritaniens.
Les raisons à cela sont multiples.
La principale reste le faiblesse du niveau de la demande démocratique en tant qu'aspiration consacrant l'identification au creuset national fédérateur. On continue de voter majoritairement sur l'injonction des chefferies tribales et villageoises , des autres notable, des Cheikhs et des milieux affairistes lesquels se sont auto institués en relais et raccourcis électoraux d'un système, dans lequel ils se reconnaissent pleinement.
Viennent s'ajouter aussi les rôle de l'ignorance mais surtout celui de l'urgence économique pour peser à leur tour sur l'orientation des choix électoraux; la majorité de la population continue de trouver qu'un" tiens vaut mieux qu'un tu l'auras" . Or ceux qui distribuent ne serait ce qu'un tout petit peu, en de telle circonstances, sont en majorité issus du sein du système lui même . Il ya enfin l'impact de la crise morale qui a fini par générer une chosification de la conscience rendant de la sorte l'allégeance politique une marchandise accessible au plus offrant. le système toujours lui..
Quelles conséquences?
A partir du moment où on convient du fait que la majorité des mauritaniens reste mobilisée au profit du système, il va de soi que le Président attendu sorte du sein de celui ci.
Dans le Présent cas , ce sera ou Ghazouani ou Sm Boubacar.
C'est entre les deux qu'arbitrera principalement la crainte du bâton, le mécontentement et surtout l'appât de la carotte.
Et le changement dans tout ça ? Me diriez vous. A quoi le mauritanien doit -il s'attendre au niveau de ce registre ci ?
En introduction on avait précisė qu'il fallait ėviter de placer la barre très haut, changement parlant.
En effet quelque soit le futur Président que le système se choisira , il va sans dire que celui ci aura en partie les mains liées par les promesses et les concessions faites ou promises aux tenants du statut quo en contre partie de leur mobilisation. C'est ce constant souci de s'assurer l'appui de la majorité des cercles de l'influence qui force le Président à tolérer sinon à faire usage lui même des leviers du clientélisme, du népotisme et du trafic d'influence considérés comme des instruments d'efficacité politique incontournables . Or chacun sait que ce sont précisément ces politiques favoritistes et discriminatoires qui bloquent la bonne gouvernance et le développement véritable du pays
Autrement dit ne soyons pas surpris de découvrir demain un Président dans l'incapacité de matérialiser les espoirs qu'il a pu susciter naïvement chez beaucoup. Tout au plus pourra-t-il procéder â quelques retouches qui varieront au gré de l'ambition , du sens moral et de l'expérience qui sont siennes.
Wait and see
* Cet essai ne justifie pas. Il constate.
Sidi Mohamed Ould Khattri
Sidi Mohamed Ould Khattri