Difficile de savoir aujourd’hui précisément quel lien unit les deux hommes forts de la Mauritanie. « Il y a entre eux un rapport hiérarchique militaire fort », explique une spécialiste du pays, qui ne voit pas le président Abdel Aziz passer au second plan. Pour un autre connaisseur de la région, il ne faut pas s’attendre à une rupture : « Les amis d’hier restent encore les amis d’aujourd’hui ».
Pourtant, durant cette campagne électorale, des dissensions sont apparues. « Il y a eu des humiliations des deux côtés », estime un opposant au pouvoir en place. À l’image de cette passe d’armes par médias interposés aux dernières heures de la campagne. Alors que le porte-parole du candidat Ghazouani déclare sur RFI, le matin, que le président Abdel Aziz n’a plus le droit de briguer un mandat présidentiel, le chef de l’État lui répond, le soir, en direct à la télévision, que la Constitution ne l’empêche aucunement de se représenter dans cinq ans.
Vers la rupture ?
« La rupture, on sait qu’elle va venir, confiait juste avant le scrutin un responsable de la campagne du candidat. Nous n’avons aucun intérêt à ce qu’elle arrive trop vite, mais cela semble inévitable. » De source diplomatique, même si l’on met en avant la solidarité, la confiance réciproque qui existe entre les deux généraux, on reste prudent pour la suite : « On verra si le changement de rôle signifiera aussi un nouveau rapport de force entre les deux hommes ».
Et le futur ex-président a déjà prévenu. Lors d’une conférence de presse un peu avant le scrutin, il a clairement expliqué qu’il ne serait « ni demain ni après-demain » le Premier ministre de son dauphin.
RFI