Le Cadre de Concertation des Rescapés militaires (CCRM) et le Cadre de Concertations des Victimes des Evènements (CCVE) ont organisé, le dimanche 15 décembre, une conférence de presse au siège du premier robinet (Sarakole) à Sebkha. 13 organisations rassemblées dans ces cadres ont pris part à cette rencontre, elles tenaient visiblement à connaître l’évolution des discussions menées, depuis des années avec le gouvernement.
Prenant la parole, le président de la CCVE, Rachid Ly a brossé succinctement les différentes étapes du processus de règlement du passif humanitaire enclenché avec le pouvoir et le travail effectué par la commission de suivi. M. Ly a indiqué ensuite qu’après les préliminaires, les discussions ont démarré avec les représentants du président de la République et ont abouti à la création d’une commission de suivi; il a évoqué les obstacles rencontrées et avoue que la tache n’a pas été facile dans la mesure où les différentes organisations n’avaient pas le même entendement, voire les mêmes attentes. En effet, certains réclamaient purement et simplement la justice, c'est-à-dire que les présumés auteurs des crimes soient traduits devant des tribunaux et d’autres l’amorce des discussions avec le pouvoir qui a manifesté une volonté de trouver une solution globale, consensuelle et définitive du passif humanitaire, mais sans enquête ni jugement des présumés bourreaux – ils sont protégés par une loi d’amnistie votée en 1993. Le pouvoir a dit, sans ambages qu’il ne peut pas juger les présumés auteurs des exactions, a informé le président de la CCVE. Dès lors, il ne reste plus qu’à négocier avec lui pour trouver une solution consensuelle qui ne lèse peut-être pas les victimes.
L’objectif des deux organisations engagées dans ce processus est d’aboutir à un consensus autour des revendications de l’ensemble des victimes civiles et militaires. En dépit de nombreux obstacles sur ce chemin – elles sont accusées par certaines veuves et autres groupes et individus de « jouer le jeu du pouvoir » - les organisations de défense des victimes ont pu convenir, en 2022, d’une une feuille de route signée par CCRM-Mauritanie, CCRM- Europe/USA et CCVE. Elle comporte trois points : initier le processus de réconciliation nationale par la mise en place d’une justice transitionnelle conforme aux réalités du pays, procéder à la réparation matérielle et professionnelle, digne et décente en faveur des victimes ou ayants droit ; localisation des tombes et remise des sépultures de tous les morts et enfin matérialiser la mémoire des disparus par des symboles conformes à l’Islam.
Ce document servira de base de travail avant d’être envoyé au commissariat des droits de l’homme ; là, une autre commission est mise en place pour poursuivre et parachever le travail ; les organisations ont remis les listes des victimes en fonction de 8 typologies du passif humanitaire qu’elles ont arrêtées. Elles sont remises au commissariat des droits de l’homme pour vérification et validation. « Le processus est en très bonne voie et sous peu, nous espérons voir son aboutissement heureux», annonce Rachid Ly.
Prenant la parole, à son tour, le président du CCRM-Mauritanie, N’Gaidé Aliou Moctar a tenu à indiquer que leurs organisations ne travaillent pas pour des intérêts personnels, comme l’accusent certains, mais réclament les droits de toutes les victimes ; « le processus se veut inclusif, mais aucune victime n’est obligée d’y adhérer, si elle n’y trouve pas son compte ; nous avons choisi de discuter avec le pouvoir qui a clairement fait savoir qu’il ne peut pas juger les présumés auteurs des exactions, libre donc aux autres de choisi leur option », a-t-il martelé M. N’Gaidé avant d’ajouter que 99% des victimes du passif humanitaire sont dans nos organisations, c'est-à-dire que l’écrasante majorité des associations et collectifs des victimes adhèrent au processus en cours ; il a invité les adversaires du processus à se dévoiler clairement au lieu de jeter de l’opprobre sur ceux qui ont choisi un autre chemin.
Revenant sur le pèlerinage avorté d’Inal, à l’occasion de la célébration de l’indépendance, le 28 novembre dernier, M. N’Gaidé a indiqué que le voyage a été annulé parce que les autorités n’ont pas autorisé le déplacement. « Tout était fin prêt mais on nous ne nous a pas accordé une autorisation, du coup, nous avons renoncé ».
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