Les citoyens en uniforme qui se sont acquittés de leur devoir vis-à-vis de la Nation en défendant la patrie en danger au prix fort de martyrs, de handicapés à vie et d’un effroyable séjour dans les prisons ennemis ont créé une dette de sang envers la Nation et, en contrepartie, attendent un devoir de reconnaissance des sacrifices physiques et psychologiques consentis, un devoir de leur accompagnement ainsi que leurs familles et tous ceux qui de près ou de loin ont été affectés par la guerre, ainsi qu’un devoir de réparation pour tous ces dommages subis.
Il est indispensable que les autorités concernées traitent ceux qui ont défendu la nation et qui se sont retrouvés du jour au lendemain dans la rue avec des pensions dérisoires et sans aucune préparation préalable pour une insertion dans la vie civile, de manière convenable et leur exprimer la gratitude pour éminents services rendu à la nation, qui doit se manifester par la RECONNAISSANCE DE LA NATION.
Dans le conscient des mauritaniens, l’image des anciens combattants reste associée à celle des soldats qui ont combattu pour la France pendant la deuxième guerre mondiale, la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie et la bataille de Tegueul. Avec les différents évènements qu’ont connus nos Forces armées et de Sécurité dont la guerre du Sahara, l’attaque de Lemgheity, les embuscades de Tourine, de Hassi Sidi et récemment les engagements dans les Opérations Extérieures, pour n’en citer que ceux-là, cette image doit être doit être mise au point.
Des associations spécifiques
L’évolution quantitative, qualitative et stratégique des Forces Armées et de Sécurité dicte la nécessité de réviser les dispositions statutaires en matière de pensions, particulièrement en ce qui concerne les militaires engagés sur les théâtres d’opérations, en repensant et adaptant aux réalités de ces changements structurels et sécuritaires le statut des anciens combattants et en mettant sur pied des structures d’accueil et d’accompagnement adaptées.
Les associations des anciens membres des Forces Armées et de Sécurité, à l’instar des autres associations relèvent certes du ministère de l’Intérieur, mais la spécificité de ces associations fait que ce sont les institutions dans lesquelles leurs membres ont servi qui doivent s’occuper de leur accompagnement et de leur insertion dans la vie civile. Cette situation ambiguë qui coupe le lien ombilical entre les vétérans des guerres et leur institution d’origine appelle la prise de dispositions particulières pour pallier cette situation anachronique. Dans cet ordre d’idées quelques options peuvent être considérées.
La solution la plus objective et la plus courante est la création d’un ministère des Anciens Combattants et des Retraités à l’instar des pays de la sous-région. Cette solution à l’avantage de créer une structure adaptée pour prendre en charge les problèmes des vétérans des guerres et des retraités et d’alléger le ministère de la Défense, chargé des Affaires des Retraités et des Enfants des Martyrs et le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation de la gestion et du suivi de cette multitude d’associations, pour les libérer aux tâches plus importantes de la Sécurité extérieure et intérieure.
Une deuxième solution consiste à créer un Office d’Anciens Combattants et Victimes des Guerres ou un établissement public similaire sous la tutelle du ministère de la Défense, chargé des Affaires des Retraités et des Enfants des Martyrs. A défaut d’un ministère des anciens combattants et des retraités, cette solution permet de laisser la gestion des affaires des vétérans et des retraités entre leurs mains sous le contrôle du Département de la Défense.
Un statut juridique reconnu
La troisième solution et la plus simple est de réviser l’accord par échange de lettres relatif au statut, à l’organisation et au fonctionnement de l’Office des Anciens combattants et Victimes de Guerres de Mauritanie en date du 13 Mars 1967 et le protocole annexé aux échanges de lettres relatif au statut, à l’organisation et au fonctionnement de l’Office des Anciens combattants et Victimes des Guerres de Guerre de Mauritanie. Cette solution à l’avantage de juste procéder à certaines dispositions pour permettre aux vétérans des guerres de Mauritanie d’accéder à l’Office des Anciens combattants et Victimes de Guerres de Mauritanie et continuer de pourvoir l’Office en adhérents pour parer à l’extinction imminente de ses membres.
La qualité d’ancien combattant est un statut juridique reconnu par les autorités militaires et civiles d’un pays à toute personne ayant servi sous leur autorité durant la guerre. Il donne droit à certains avantages et une pension de retraité bonifiée.
Les anciens combattants des Forces Armées et de Sécurité ont risqué leur vie pour protéger la nation. Il est tout naturel qu’à l’instar des anciens combattants de tous les pays du monde, ils puissent disposer de structures qui leurs sont propres dont l’unique mission est la prise en charge de ces milliers de vétérans des guerres, de retraités, de veuves et d’orphelins en leur octroyant des bénéfices d’aides fixes en réparation, d’aide de solidarité et d’aide à la reconversion pour les assister à se réintégrer dans la vie civile. C’est le rôle des structures d’accueil d’aider les anciens combattants à cette réintégration et cette insertion dans la vie civile.
C’est là ce qu’attendent avec empressement ces milliers de malades chroniques avec leurs insuffisances physiques, leurs traumatismes mentaux, privés de bras, de jambes, d’yeux, souffrant de maux débilisants, de troubles psychologiques, paralysés, dont certains sont morts dans les conditions les plus dégradantes et d’autres continuent de vivre dans l’indigence extrême qui, l’âge aidant, sont devenus des cadavres attendant leur ensevelissement et qui continuent à vivre dans leur chair et dans leur esprit les traumatismes des guerres qu’ils ont vécues.
Colonel/R Mohamed Lemine Ould Taleb Jeddou
AMI