L’UFP est traversée par ce que l’on peut appeler, à la fois, une crise de croissance, et un conflit de générations. Pour mieux comprendre et évaluer cette « crise », il faut remonter à l’année 1998, où l’UFP s’est constituée sur une architecture sociale à trois niveaux.
Une base constituée, pour l’essentiel, de travailleurs et de paysans, majoritairement Haratines et Négro-africains.
Un mouvement de jeunes et de femmes où l’on compte de nombreux intellectuels et où les Arabes sont majoritaires.
Une Direction issue, pour l’essentiel, des anciens mouvements politiques de gauche, nés de la fusion entre nationalistes Arabes (Nasséristes) et Négro-africains, à la fin des années 60, du siècle dernier, et où la mosaïque ethnique et le genre ont été pris en compte.
A peine, dix ans après sa naissance, et alors qu’il était encore en pleine restructuration, le Parti s’est lancé dans les Présidentielles de 2007, avec, comme objectif principal « faire connaître l’UFP et son Président du grand public ». Et c’est au cours de cette campagne, et même, en pré-campagne, que le parti a pu mesurer l’ampleur du désert politique dans lequel il se trouvait. En effet, certaines formations nouvelles, d’essence ethnique et idéologique, avaient mené un véritable travail de siphon dans les rangs de l’UFP. L’AJD, les FLAM, Tewassoul, et même l’APP, l’ »allié objectif », ne s’y sont pas gênés.
Face à un tel constat, et pour renflouer le moral et les caisses, le parti a répondu favorablement à une offre venant de ceux que l’on a appelés à l’époque, le « groupe du Tagant ». Un groupe hétérogène, organisé au tour de trois personnalités politiques dont un Wali, en activité (catalogué Islamiste, en mal de leadership), un ex-Ministre du PRDS (Kadhafiste notoire)et un ancien dirigeant Kadihines, la caution morale du groupe.
Face à l’entrée en force de ce « sang impur », venu d’ailleurs, un certain malaise gagna les jeunes loups, qui tiraient leur fierté politique du simple fait d’être membre de l’UFP et d’être à son service (Ould Sidi Meyle, Ould Habib, entre autres) et même d’autres jeunes, en cours d’adhésion (les groupes M’Bérick et Ould Oubeyd), ont commencé à se poser des questions de fond sur la stratégie du Parti avec des « nouveaux venus », qui ne manqueront pas à peser sur la composition des futures instances dirigeantes et donc sur sa ligne idéologique de l’UFP.
Et puis, vint le boycott des élections de 2013, qui mit à jour le désaccord avec la Direction et le retrait de nombreux militants et responsables, de taille (Ba Adama, Cheikhatou, etc).
Une contestation de trop, face à une direction en proie à de nombreux problèmes internes, dont la disparition tragique de feu Diallo Lassana, la courroie de transmission avec les paysans, la pré-retraite de responsables historiques, Daffa Bakary, Ba Boubacar Moussa et le doyen Sy Mamoudou.
Une succession d’évènements qui a rendu la mission de la direction du parti, quasiment impossible, où les éléments de la « génération intermédiaire », Khadiata, Khalilou et Gourmo, pour ne citer que les résidents en Mauritanie, ont dû mettre les bouchées doubles pour assurer l’expédition des affaires courantes.
Seuls, parmi les « anciens », Bedreddine et Mohamed OuldMoloud, qui mène un autre combat sur un autre front (sa santé), se sont trouvés en face des ex-jeunes loups, devenus majeures, qui réclament la prise de position de l’UFP à propos d’un débat devenu national, sur la laïcité de l’Etat mauritanien.
La première réponse, qu’ils ont reçue de « leur Président » est que la laïcité divise le peuple Mauritanien et risque de le mener vers d’avantages de problèmes ». Le Bureau Exécutif ne pouvant trancher, entre en crise face à ce gros problème de générations.
La démocratie, force majeure de la ligne politique de l’UFP, la nécessaire cohésion du parti et des forces de gauche, face aux défis du moment, dictent aux jeunes, et à la direction du parti, de s’en remettre au bon vieux « Nighach », pour résoudre leurs différends, préserver l’unité et la pérennité de l’UFP.
Ahmed Ould Mohamed
source adrar-info.net