Dr Amina N’Diaye est la première pédiatre mauritanienne sortie de la faculté de médecine de l’université de Dakar, rebaptisée depuis Université Cheikh Anta Diop. Sa deuxième fille porte jusqu’à présent un des souvenirs du passage de sa maman dans ce temple du savoir. Les étudiantes de la promotion d’Amina l’appellent la fille des étudiants. La tache n’a pas été facile pour cette kaédienne. Elle a eu sa première fille alors qu’elle était en première. Son bac en poche, en 78, celle que des camarades de classe appelaient la « ramasseuse de prix » - elle les raflait tous sauf en arabe où elle obtenait un accessit, fut orientée en Sciences Naturelles à l’Ecole Normale supérieure (ENS) d’où elle devrait sortir professeure. C’était sans compter sur la volonté de son papa à qui elle avait avoué qu’elle ambitionnait de faire médecine. Celui-ci demanda sa réorientation vers celle-ci. C’est ainsi qu’elle se retrouve à la Dakar avec 17 de ses concitoyens. Le début était difficile. Sa maman qui ne voulait de si longues études pour une mère finit tout de même par se résigner en gardant auprès d’elle sa première petite-fille.
Après 7 ans de laborieuses études et une année de thèse, Amina rentre au pays en 1987. Après avoir travaillé à la polyclinique, au centre de santé de Toujounine, à la PMI pilote, elle atterit à la pédiatrie de l’hôpital national où elle exerce de 1986 à 1994, date de son départ pour la spécialité. Un séjour de quatre années et toujours majore de sa promotion, de la première à la 4e année.
Rentrée au pays en 1998, elle reprend au service de la pédiatrie du Centre Hospitalier National (CHN) et devient rapidement cheffe service des urgences pédiatriques jusqu’en 2006. Et c’est au vu de sa carrière bien remplie qu’elle a été directrice générale de l’école nationale de santé publique (ENSP) en 2009. Elle y restera jusqu’en 2016, date de son départ à la retraite.
Très joviale et taquine, Dr. Amina N’Ndiaye s’est illustrée, partout où elle est passée, par le respect du serment d’Hippocrate qui place au cœur du travail du médecin, la satisfaction du patient, avant toute considération, l’exigence du travail bien fait...Toutes ces qualités cachent en même temps, une dame de poigne qui n’accepte pas de se faire marcher sur les pieds. C’est peut-être pourquoi, en dépit du service qu’elle rendu à son pays et de son engagement politique, elle reste l’ « oubliée de la République » depuis sa retraite. Pourtant, comme beaucoup d’autres collègues, elle s’est investie en politique et a même dirigé, en 2009 et en 2014, les campagnes électorales de l’UPR à Dakhlet Nouadhibou et au Tiris Zemmour. Mais à en croire certains observateurs, amis et proches Amina paierait la « proximité » de son mari, feu Bâ Houdou Abdoul, avec l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou. C’est la raison qui expliquerait que depuis qu’elle a fait valoir ses droits à retraite, elle n’a été cooptée dans aucune structure publique pouvant servir à caser ou à recycler les retraités. Il faut rappeler que feu Bâ Houdou a été maire de Bagodine et député de M’Bagne et de Sebkha.
Dalay Lam
lecalame