« Les concertations en vue doivent permettre de parvenir à un consensus national autour des questions vitales du pays et à une loi électorale » : tel est le souhait de Moustapha Abdeiderrahmane, actuel maire de Moudjéria
Pour cet ancien ministre et gouverneur de la BCM, le climat d’apaisement politique instauré par Mohamed Cheikh El Ghazwani depuis son arrivée à la tête du pays a conduit à la décrispation et la normalisation des rapports entre l’opposition et la majorité. Certains en ont hâtivement déduit que des rencontres entre le président de la République et divers acteurs politiques, doublées des réponses ponctuelles que celui-ci pouvait apporter à leurs doléances, suffiraient à régler tous les problèmes de notre nation. Mais, dit Ould Abdeiderrahmane, il faut aller au-delà : la Mauritanie a besoin d’un profond dialogue pour aplanir les nombreuses divergences, notamment celles revendicatives liées à l’unité nationale, à l’esclavage et ses séquelles, ainsi qu’à l’ancrage de la démocratie. Il est nécessaire, juge l’ex-président du Renouveau Démocratique (RD), que l’opposition et la majorité aient le courage de poser ces questions sur la table, avec la Société civile, afin d’arriver à des solutions consensuelles.
Assumer ses responsabilités
Sur le passif humanitaire, le maire de Moudjéria affirme que la reconnaissance, par l’État, des exactions commises ne suffit pas, il faut trouver un mécanisme robuste de résolutions des questions encore pendantes, à travers une large concertation des forces vives du pays. Il faut en parler pour vider cette plaie et avancer dans le renforcement de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Les séquelles de l’esclavage doivent être elles aussi vigoureusement combattues et les textes adoptés en ce sens rigoureusement appliqués. Dans un cas comme dans l’autre, l’État doit assumer ses responsabilités et force rester à la loi. Pour aller au-delà dans la construction de cette unité nationale, le maire de Moudjéria préconise des mariages mixant les composantes du pays et la fondation d’un fonds d’appui aux enfants issus de ces rencontres. Non seulement le mixage va permettre de rapprocher les composantes du pays mais le fonds aidera aussi ces enfants dans leur scolarisation et leur prise en charge au plan sanitaire.
Examinant le renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance, Ould Abeiderrahmane demande des institutions fortes, prioritairement à l’écoute des citoyens et promptes à répondre à leurs doléances, dans la justice et l’équité. Le maire plaide également pour une loi électorale apte à garantir des élections transparentes et justes : l’argent ne doit pas dicter sa loi aux urnes. Des lignes rouges doivent être clairement tracées et ceux qui les violent sévèrement punis.
Des actes concrets
« Je pense que les parties au dialogue devront élaborer une feuille de route claire et le gouvernement en faire un tableau de bord pour la bonne exécution des résolutions, objet du consensus national. Sur ce point », ajoute le maire de Moudjéria, « nous attendons beaucoup du président de la République. Maintes fois répétée, son annonce de ce que le gouvernement accompagnera les concertations et mettra en œuvre toutes les recommandations est un engagement fort mais il faut le concrétiser pour que le pays puisse franchir un nouveau pas.
Parlant enfin des hausses continuelles des prix, le maire de Moudjéria insiste à ce que les mesures prises par les autorités pour les enrayer ou les réguler soient rigoureusement appliquées. Un mécanisme pertinent et efficace doit être mis au point à cette fin, sinon chacun va se livrer à la spéculation, ne sentant pas, dans son petit coin, la présence de l’État et ne le craignant donc pas. Celui-ci n’a certes pas vocation à approvisionner le marché, c’est le rôle des opérateurs économiques, mais il doit le réguler et prendre des décisions ponctuelles, en cas de pénuries ou de difficultés, comme avec la COVID.
D.L
lecalame