Nous, signataires de la charte Coalition Espoir Mauritanie – partis, mouvements et personnalités - exprimons notre inquiétude face à la situation grave que subit notre pays, laquelle nous interpelle, à ce moment décisif de notre histoire.
Constat
Au sommet de l’Etat, la gestion des affaires de la cité tâtonne et, atteste, ainsi, d’un échec protéiforme de l’action du gouvernement, ; il en résulte, entre autres lacunes et errements dont le surplus n’échappe aux Mauritaniens, le cumul de la gabegie, de l’impunité des délits et crimes financiers et, surtout, l’incohérence dans le choix du personnel en charge d’assurer la conduite des politiques publiques ; aussi, le défaut de vision, de générosité, de volontarisme et l’essoufflement de l’imagination conduit-il, le noyau du pouvoir, à poursuivre le bradage des ressources du pays, en particulier les mines et l’économie de la pêche. Du fait de l’inaptitude, des dirigeants, à concevoir une échelle des priorités au service du relèvement de la collectivité, la gouvernance devient un exercice de bricolage hebdomadaire, une ambition d’au-jour-le-jour.
La somme des dysfonctionnements précités finit par consolider et figer le dispositif de discrimination et d’exclusion que sa constance et sa vulgarité destinent, pourtant, à la contestation. L’outrance des inégalités, souvent vieilles de quelques siècles, la dissémination de la discorde et le regain de la haine, parmi nos diverses communautés, confirment la réalité d’un enjeu de survie, vecteur d’une menace, imminente, à la stabilité des institutions.
Conséquences
Le projet de nation, hérité des pionniers de la Mauritanie, a été progressivement vidé de sa substance, à force d’outrages, de corruption, d’incompétence, de brutalité et d’impunité ; la structure administrative, la justice, l’école et même les forces armées et de sécurité n’échappent plus à la dynamique de déperdition et s’y dissolvent ; toutes, agonisent, sous nos yeux, pratiquement à l’œil nu, dans les spasmes du tribalisme, la concurrence des clientèles, le festival des ententes occultes et la banalisation du conflit d’intérêts. Formellement au-dessus de la mêlée mais, de facto actrice de la foire d’empoigne, une coterie de civils et militaires - orphelins d’inspiration et de courage - arbitre le litige, par la répartition tournante des prébendes. Entre soi, à chacun son tour, ils se servent et s’amnistient, avec une scrupuleuse réciprocité.
Perspectives
A l’inverse, désormais abonnés au désarroi devant les urgences de la crise multidimensionnelle, les citoyens congédient leurs aspirations à refonder un contrat social sur les principes du droit et de l’uniformité des chances. L’accès à l’état-civil, la gratuité d’un savoir de qualité et la possibilité même d’un emploi décent s’effacent du champ de l’espérance, au profit des biais de la fraude et des préférences privées : les forces de la conservation et de l’obscurantisme ayant définitivement pris le contrôle du pouvoir d’Etat et des leviers de création de richesses, seules elles s’imposent sur l’arène électorale, d’où leur revient le loisir, quasi-exclusif, d’acheter les consciences et de déterminer l’opinion. La pénurie artificielle des partis, que l’Exécutif s’obstine à entretenir, permet de verrouiller la compétition, aux fins de s’assurer une majorité d’élus grégaires, les fameux disciples de Panurge, si bien décrits par le chroniqueur de l’excès, François Rabelais.
Au terme de la manœuvre – ne nous y trompons – se profile la reproduction des fausses factures, des avenants, des emplois fictifs, du surendettement, des détournements, du blanchiment d’argent sale, des nominations relationnelles et de la contrefaçon des diplômes. L’archaïsme et la médiocrité des infrastructures de base, la bidonvilisation des immeubles et bureaux où siège l’autorité et l’insalubrité de la capitale, témoignent de l’ampleur du désastre. D’autre part, personne, à présent, n’ignore combien la frustration légitime habite et hante les victimes de l’esclavage et du système de castes et dégoûte, du lendemain, les survivants du passif humanitaire, ces deux groupes de paria, toujours mis en demeure soit d’oublier, soit de patienter, hors délai.
Notre position
Malgré la noirceur du tableau, nous en sommes convaincus, l’épreuve des urnes renferme l’unique voie d’un changement sans dégâts et à l’abri des règlements de compte ; nous le savons, d’expérience, l’organisation d’élections inclusives et transparentes reste le rempart au risque insurrectionnel et le meilleur antidote à l’effritement d’une cohésion, depuis trop longtemps en berne.
Contre la marginalisation des femmes, le patriarcat, la misogynie, l’infantilisation de la jeunesse, le chômage de masse, les inégalités de naissance, le racisme, la faim, la destruction des écosystèmes vitaux, la faillite de la santé publique, l’arrogance des élites de l’inculture et de la marchandise, la raison des armes et la déraison de la résignation, nous pressons, les Mauritaniens des villes et des campagnes, les ouvriers et les paysans, les enseignants et les artistes, les lycées et étudiants, les braves ménagères et les compatriotes de bonne volonté, à rejoindre notre élan de reconquête ; au bout de l’effort commun pointe la lame acérée de la victoire et triomphe la nécessité de la rupture !
ENSEMBLE, ICI ET MAINTENANT, PORTONS LE FLAMBEAU DU PROGRES POUR LA MAURITANIE DE L’EQUITE ET DU MERITE !!!!
Les signataires :
- Parti Front Républicain pour l’Unité et la Démocratie (FRUD)
- Parti Rassemblement des Démocrates Progressistes (RDP)
- Parti Changement Effectif
- Sursaut Populaire Démocratique (SPD)
- La Mauritanie qui rassemble
- Mauritanie forte