Le coup d’envoi de la campagne présidentielle pour le scrutin du 22 juin a été donné, ce 7 juin, à OOh. C’est donc parti pour deux semaines de promesses et de vacarmes dans les villes et villages, durant lesquelles les six candidats vont tenter, avec des moyens et stratégies différentes de convaincre les citoyens à voter pour leur programme. Des citoyens dont beaucoup ont perdu confiance en les promesses de leurs politiques, parce qu’une fois élus, souvent grâce à leur argent, pressions ou intimidation, ceux-ci les oublient vite. Du coup, les politiques souffrent de l’absence de crédibilité. Ce n’est pas hélas qu’en Mauritanie, cela sévit partout.
Dans leurs discours, les différents candidats ont évoqué les grandes lignes de leur programme électoral, de leur rêve pour la Mauritanie. Un constat se dégage de leurs propos : tous sont d’accord sur l’urgence de combattre les maux dont souffre ce pays : injustice, corruption, népotisme, clientélisme, unité nationale dont on parle mais sans prendre de mesures réelles pour éradiquer le communautarisme, absence d’équité dans la répartition des revenus tirées des ressources du pays, la question foncière…
Mais tous divergent, à quelques degrés près, sur les modes d’actions.
Consolider les acquis et poursuivre le processus
Le candidat Oulda Ghazwani ayant choisi de lancer sa campagne à parti de la capitale économique du pays, Nouadhibou en présence de l’actuel président, a d’abord prêché la consolidation des acquis d’Ould Adbel Aziz, à qui il a d’ailleurs rendu hommage pour avoir respecté la Constitution limitant le mandat présidentiel à deux, pour avoir assuré, dix années durant la sécurité et la stabilité du pays, pour avoir modernisé le pays à travers de nombreuses réalisations. Il s'est engagé à assurer la sécurité et la stabilité du pays.
Il a ensuite promis au Mauritaniens un programme alliant « réalisme et ambition». A boire et à manger dedans ! Réalisme et ambition pour le processus enclenché depuis un certains août 2008. Il a enfin demandé à ses compatriotes de lui donner l’occasion de les servir et de servir la Mauritanie. A méditer ! Il aurait pu quand même ajouter « et non se servir ». Comme on l’a vu au cours de la dernière décennie.
Rupture
Autre son de cloche du côté des candidats de l’opposition.
Ould Boubacar, Ould Maouloud, Kane et Biram ont de leur côté prôné une rupture totale avec le règne finissant d’Ould Abdel Aziz. Pour eux, le changement c’est maintenant, comme le prône le slogan de SMOB, et cette présidentielle offre, plus que jamais l’occasion d’opérer une véritable rupture dans la conduite des affaires du pays. Une occasion de tourner la page des kakis à multiples poches. Une ère des militaires qui a vu nouer un pacte avec la corruption, le clientélisme, les détournements de deniers publics, le tribalisme, le régionalisme, le racisme, la pauvreté, l’injustice, le communautarisme. Une ère qui a vu l’unité nationale et la question de la cohabitation s’exacerber.
Pour conjurer tous ces maux, les candidats proposent une alternative.
Pour sa part, SMOB, après avoir décrit un tableau sombre de la situation du pays, déploré l’absence de vision des dirigeants des dix dernières années, le non respect des engagements pris lors de la transition de 2005 – 2007 et donc la déception des mauritaniens, préconise un projet communautaire capable de restaurer la dignité du pays. Une ambition qui passe par la mise en palce d’un contrat social basée sur les valeurs islamiques et les exigences de la justice sociale. Deux urgences sont à assurer selon lui : le changement dans la stabilité. Du «réchauffé » diront ses détracteurs parce que ce fut jadis le slogan de du président Ould Taya à qui il a servi de premier ministre. Dans son programme, SMOB propose dix engagements pour remettre le pays sur les rails.
Pour sa part, Dr. Mohamed Ould Maouloud, candidat de la coalition des forces de changement démocratique estime que le processus de changement est désormais enclenché, que les signes sont perceptibles et que personne ne pourrait l’enrayer, que c’est de la responsabilité de toutes les forces du changement. Il a dénoncé le pillage organisé des ressources du pays depuis dix ans.
Après avoir décliné les grands axes de son programme, centré essentiellement sur les couches les plus démunies du pays, Ould Maouloud promet de dissoudre l’assemblée nationale et d'organiser des élections inclusives.
Enfin de leur côté, Dr, Kane Hamidou Baba, candidat de la Coalition Vivre Ensemble et le candidat Biram Dah Abeid ont dénoncé l’exclusion de la composante noire de l’ensemble des sphères de décisions politiques et économiques, des forces armées et de sécurité. Ils ont promis de bâtir un état de droit où seront respectés tous les droits des citoyens, où tous se sentiront pleinement citoyens à part entière dans leur pays. Ils se sont également engagés à bâtir un état de droit fort, avec des institutions fortes, garantes de la liberté et de la diversité des mauritaniens. La consolidation de l’unité nationale dans le respect de la diversité culturelle et ethnique du pays, la cohésion sociale et l’équité dans la répartition des profits tirés des ressources du pays et la discrimination positive sont leurs principales préoccupations.
source lecalame.info