On ne peut plus se passer du numérique. C’est un fait. Il est présent partout surtout dans les activités génératrices de revenus. La Mauritanie lentement suit la locomotive, d’où la projection-débats autour de l’innovation l’économique numérique organisée à l’Institut Français de Mauritanie, vendredi 17 novembre 2017. Ce fut une soirée d’échanges qui a abouti à ceci: on peut fructifier son business grâce au numérique, en Mauritanie.
Trois intervenants étaient invités à cette activité organisée dans le cadre de l’événement Novembre Numérique. Il s’agit de Dahaba Djibril Diagana ingénieur informaticien et responsable de communication de l’incubateur Hadina RIM TIC, Seydou Ndongo économiste titulaire d’un master en économie numérique et Diarra Sylla ingénieur fondatrice du premier Fablab de Mauritanie, le Sahel Fablab. La première tache donnée aux intervenants et de fournir une définition de l’économie numérique.
Définitions
Pour Ndongo, « il n’y a pas de définition exacte. Il existe une pléthore de définitions. Mais je dirai que c’est un secteur transversal qui touche tous les secteurs de la vie active ». Dans un souci de simplicité, Diagana estime que c’est le fait « d’utiliser le numérique pour gérer son business ». La difficulté de s’accorder sur une seule définition, résulte du fait qu’au delà des TIC, elle s’est muée en une technologie universelle avec un réel impact sur tout les secteurs comme la souligné Ndongo.
Projection
Après ce premier tour de table, une première séquence vidéo a été projetée. Intitulée Made In Africa, revient sur quelques innovations de jeunes africains montrés en modèles. La plupart des exemples ont voit des jeunes qui ont créé des solutions numériques, qui répondent un besoin de la société. Du système d’arrosage de champs à distance à la tablette cardio (mesurer le rythme cardiaque (…) on en retient que l’innovation est à la portée de tout le monde, grâce à internet et aux TIC. Réagissant à la vidéo, Ndongo a souligné « le marché est global et que le Rwanda qui brigue le statut de silicone valley de l’Afrique est exemple à suivre ». Pour lui, il faut une implication de l’Etat.
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« Beaucoup de jeunes innovent sans être reconnus ». Diarra Sylla
Des innovations similaires existent ici en Mauritanie. Mais qu’est ce qui bloque ? Pourquoi on ne connait pas le même essor ? Diarra Sylla dégage deux constats. D’abord, « beaucoup de jeunes innovent sans être reconnus » ensuite « chacun travail de son côté ». Diarra encourage « le travail collaboratif, en réseau pour mutualiser les efforts ». Elle aussi « appelle l’Etat à aller plus loin et accompagner l’innovation ». Prenant la parole à son tour, Diagana a donné un exemple d’innovation mauritanienne, en réponse à une question du public. « Des mauritaniens qui innovent, ça existe » dit-il avant de citer l’application de tourisme numérique qui permet de voyager à distance, à travers la Mauritanie.
Rôle des décideurs
A la suite de ces échanges, une seconde séquence vidéo a été projetée. Elle aborde le rôle des décideurs en mettant en exergue des actions dirigeants du Kenya et le Rwanda pour favoriser le développement de l’économie numérique. S’il est important d’instaurer un cadre de dialogue pour élaborer des progrès transversaux, il faudrait éviter de créer juste pour créer. Il faut penser et créer quelque chose d’utile. Ndongo a tenu apporter une précision : innover ce n’est rien d’autre que faire les choses autrement et ce n’est pas seulement réservé aux informaticiens ». Allant plus loin Ndongo pointe « la responsabilité de l’Etat » et plaide pour une initiation aux technologies à bas âge avec une approche de spécialités ».
Initiation à bas âge
Même son de cloche chez Diagana. Selon lui, « une réelle sensibilisation des masses, dès le bas âge s’impose, si on espère un développement sur les 15, 20 prochaines années ».
En effet, l’économie numérique c’est l’économie des connaissances et c’est dommage qu’on en parle à peine à l’université. Peu d’étudiants sont familiers avec ce concept. Pourtant rappelle un intervenant « l’apprentissage de l’informatique est prévue dans le système éducatif actuel » sauf que la cette réforme qui date de 1999 « n’a jamais été appliquée correctement » se désole un autre.
En outre, deux questions ont été soulevées par l’assistance. La première concerne de l’existence réelle de l’économie numérique. La réponse est oui, un oui en minuscule. En minuscule parce qu’il ya pas de stratégie claire pour développer le secteur et susciter des vocations. De plus l’accès aux financements est quasiment impossible pour ces jeunes. « Les institutions financières préfèrent financer les entreprises plutôt que les PME (jugées fragiles). C’est ce qui explique que plusieurs startups sont au point mort depuis plusieurs années.
Paiement en ligne
La seconde interrogation concerne le paiement en ligne. En effet, l’économie numérique est associée aux transactions financières en ligne. Seulement en Mauritanie, le taux de bancarisation est très faible, moins de 10% selon un économiste. Du coup, les boutiques en lignes ou autres prestataires de services ne peuvent pas se faire payer à distance. Au-delà du faible tout de bancarisation, peu de mauritaniens ont cette culture d’acheter et payer en ligne. Mais ceci n’est forcement négatif. Cela doit obliger à se créer des méninges et trouver des astuces pour se faire payer à distance. Quelque chose qui ressemble à orange money et cie.
Et nous dans tout ça ?
« l’Etat doit jouer un rôle de piston pour accompagner les initiatives ».
On aura beaucoup parlé de l’inaction de l’Etat durant ce débat. Une chose avec laquelle Fatou Kiné n’est pas d’accord. Pour elle, « il faut sortir de cette optique de dépendance… l’Etat, c’est nous. C’est à nous de faire quelque chose » dit-elle avec conviction. Relançant ainsi le débat, Dahaba dira que « l’Etat doit jouer un rôle de piston pour accompagner les initiatives ». Et il ya différentes astuces pour que cela se fasse, notamment grâce à l’exonération fiscale.
Dans le même sens, Ndongo estime « qu’il est nécessaire d’avoir une vision sur laquelle s’appuyer pour promouvoir le numérique et l’économie numérique. De son côté, Diarra constate le « manque d’engouement des municipalités alors qu’elles devraient être les premiers soutiens ».
Secteurs porteurs
Deux autres questions ont été soulevées par l’assistance : Quels sont les secteurs porteurs ? Où en sommes-nous avec la propriété intellectuelle ? De l’avis de tous les panélistes, « la demande existe et le contexte économique s’y prête ». Mais « l’information n’est pas diffusée à large échelle » d’où le fait que certaines opportunités passent inaperçues.
En ce qui concerne la propriété intellectuelle, il existe un bureau des droits d’auteurs indiquent les panélistes. On peut en effet se faire piquer ses idées et créations sans pouvoir y faire quoique ce soit à partir du moment où on rien qui prouve qu’on est propriétaire. Un travail de sensibilisation s’impose à ce niveau également.
Emergence
Il est évident que l’on ne peut pas épuiser la question. On sait que l’économie numérique est un vecteur de croissance et de productivité. Elle promeut la création, l’innovation et l’émergence de nouveaux métiers, tous utiles à la société. Mais pour ce qui est de la Mauritanie, son impact est encore négligeable. Il y a encore du travail à abattre pour talonner un jour les frères kenyans et rwandais.
Cette rencontre faut-il le rappeler, entre dans le cadre de la semaine numérique de l’Institut Français. L’objectif de ce programme annuel c’est de promouvoir la coopération à travers le numérique et l’innovation. Cela s’est décliné en une série de conférences-débats, ateliers et animations. Rendez vous est pris pour la prochaine édition.
source lereflet.net