Les propos, prêtés au Premier ministre, sur le refus délibéré du gouvernement de jouer son rôle régalien à développer l’ensemble du territoire du pays, y compris, donc, la rive droite du fleuve Sénégal, essentiellement occupées par des populations négro-africaines, sont passées quasiment inaperçues. La déclaration a été rapportée par Alakhbar. Si elle émane réellement du PM, elle est gravissime. Elle n’a suscité, pourtant et en dépit de leur caractère « séparatiste », raciste même, que peu d’indignation, pas plus au sein de l’opinion mauritanienne que de la Communauté internationale. Un silence incompréhensible, dans la mesure où l’acte posé, par le gouvernement mauritanien, à l’endroit d’une partie de son terroir, ressemble à un acte de trahison, à un refus d’assistance à personne en danger.
Faire obstruction au développement d’une partie du territoire national, au prétexte qu’elle est peuplée de populations négro-africaines, donc proches du Sénégal ou, même, carrément sénégalaises, pour certains, est, tout simplement, une abomination, une provocation. La rive droite du fleuve Sénégal a trop souffert des « politiques ségrégationnistes » et des « agressions » en tout genre. En 1989, elle souffrit de l’embargo imposé par la soldatesque d’Ould Taya. On y viola, exécuta et emprisonna, à tour de bras, à la seule suspicion d’être proche du Sénégal. Certaines organisations de défense des populations n’hésitèrent pas à parler de « dénégrification » de la Mauritanie. Rien ne fut ménagé, par le pouvoir de l’époque, pour pousser ces riverains vers le Sénégal et au Mali.
Et comme si cela ne suffisait pas, un Premier ministre de la République est accusé, aujourd’hui, de tenir un discours ouvertement raciste. Nous voilà donc en système d’Apartheid, comme naguère en Afrique du Sud ? Si les propos du Premier ministre sont avérés, (lieu, circonstances, assistance), ils font, de la Vallée, une sorte de Bantoustan où les populations seraient abandonnées à elles-mêmes. Sans que les patriotes ne crient gare ? Exceptée « Touche pas à ma nationalité », présidée par le docteur Dia Alassane, les autres organisations de défense des droits humains et les partis politiques n’ont osé lever le petit doigt, pour dénoncer les dires du PM. La question n’a fait l’objet d’aucun débat en l’une ou l’autre des chambres parlementaires où une interpellation devrait, à tout le moins, lui être adressée. Les syndicats ont brillé, quant à eux, par leur silence. Aucun sit-in devant la Primature ou devant la Commission nationale des droits de l’homme. Pire, les acteurs politiques de la Vallée se sont faits tout-petits, pour ne pas être amenés à se prononcer sur la question. Un vrai scandale !
Ben Abdallah
source lecalame.info