La Mauritanie va vivre une expérience inédite le 5 août 2017, entre consultation référendaire pour l’approbation d’un projet de révision constitutionnelle et une «journée ville morte» annoncée mercredi par une nouvelle coalition regroupant le plus gros contingent de l’opposition mauritanienne.
Au sein de cette opposition boycotteuse, on retrouve le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU qui regroupe des partis politiques, des organisations de la société civile, des centrales syndicales et des personnalités indépendantes), le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), l’Union nationale pour une alternance démocratique (UNAD), l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la Réconciliation (AJD/MR), l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), les Forces progressistes pour le changement (FPC-ex FLAM), SAWAB, Touche pas à ma Constitution…
Une coalition encore sans nom, qui a décidé «de mener une campagne active de protestation» dont les modalités pratiques seront précisées très prochainement, et qui appelle dès maintenant à une journée ville morte à la date prévue pour la tenue du référendum.
L’objectif de ce combat est de faire échec à une consultation «sans objet, qui ne mène nulle part», souligne-t-elle. En fait, ce vaste rassemblement pousse à la non-tenue du vote, tout en tendant la main au pouvoir pour «l’ouverture d’un dialogue national inclusif en vue d’apaiser une situation politique et sociale de plus en plus explosive dans un environnement sous-régional marqué par d’immenses défis sécuritaires et économiques», explique un haut responsable de cette opposition.
L’annonce de cette initiative intervient au moment où le gouvernement se sert du levier de l’administration pour pousser les populations à s'inscrire sur les listes électorales en vue d’une participation massive débouchant sur la victoire du «Oui».
L’épisode de la naissance de la nouvelle alliance étale au grand jour les divergences entre les formations du FNDU, qui sont parvenues à un consensus pour le boycott, après un débat acharné, et la Convergence démocratique nationale (CDN), une formation membre, qui a décidé d’appeler à une participation active pour voter «Non».
Ce parti est dirigé par maître Mahfoudh Ould Bettah, ex-bâtonnier de l’Ordre national des avocats (ONA) et ancien ministre de la Justice, sous le règime du défunt colonel Ely Ould Mohamed Vall.
Ce choix est justifié par la détermination de la formation à faire face «à un régime despotique en portant l’étendard du "Non" afin de préserver les symboles de l’Etat de notre jeune République».
Il est aussi basé sur un constat. A savoir «la volonté populaire de faire échec au référendum constatée lors de multiples visites de terrain dans les marchés, les établissements d’enseignement supérieur, les lycées et autres lieux publics de la part des différents segments de nos compatriotes: jeunes, femmes, étudiants, commerçants, etc.».
Une vision qui repose sur la conviction que la volonté du régime de Nouakchott n’est pas un postulat contre lequel rien ne peut être fait et sur la confiance placée dans la capacité des Mauritaniens à faire bloc autour de la République et du système démocratique.
Rappelons que sur la base d’un article 38 contesté de la Constitution du 20 juillet 1991, ce référendum propose un projet de révision constitutionnelle relatif à la suppression du Sénat, ) la création de conseils régionaux et à la modification des symboles nationaux (drapeau et hymne).