L’opposition mauritanienne a-t-elle été mise "K.O." par le référendum contesté du 5 août dernier ayant abouti à la suppression du Sénat? En tout cas, elle a disparu du terrain politique depuis .
Une absence dangereuse, dans la mesure ou tout comme la nature, le champ politique a «horreur du vide». Cette léthargie constatée par de nombreux observateurs suscite l’inquiétude, même dans les rangs des responsables de la mouvance de l'opposition.
Illustration avec cette sortie mardi sur les réseaux sociaux du Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP, un parti de l’opposition historique).
Sur un ton très libre, qui tranche avec la langue habituelle des hommes politiques, il constate, avec l’emploi des guillemets, que «la disparition de l’opposition démocratique depuis le fameux référendum a une explication aussi incongrue qu’insupportable: les vacances de certains leaders et pas des moindres qui ont en charge aussi bien le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU-partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes) et le G8 (regroupement mis sur pied quelques semaines avant le référendum) paralysant les structures et abandonnant les populations à leur sort, et l’initiative politique au régime».
L'homme enchaîne: «cela ne ressemble à rien, mais c’est pourtant la vérité. Si l’opposition ne change pas, et vite, si elle ne se ressaisit pas et ne reprend pas le chemin de l’action plutôt que de la parole, alors le pouvoir ne changera pas non plus en 2019. Il faut en être certain». 2019, c’est l’année de la prochaine élection présidentielle en Mauritanie.
En vertu du principe constitutionnel de l’alternance, consacré par plusieurs dispositions de la loi fondamentale verrouillant la limitation du mandat, l’actuel locataire du Palais de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, ne devrait pas se porter candidat.
Cela, en dépit du discours publiquement exprimé par certains de ses partisans, parmi lesquels des membres du gouvernement, qui estiment que «le peuple a encore besoin de l’homme pour lui permettre d’achever ses chantiers».
Toutefois, même en dehors d’une candidature directe à cette échéance, l’actuel chef de l’Etat a affirmé sa ferme intention de rester dans le jeu politique. Ce qui naturellement signifie qu’il devrait mettre tout son poids dans la balance pour que son successeur soit issu de l’actuelle majorité.
D’où le défi auquel devrait faire face l’opposition mauritanienne pour une véritable alternance dans un pays où l’armée, à travers un officier recyclé, régente la vie politique et exerce le pouvoir d’Etat depuis une quarantaine d’années.
Cheikh Sidya