La cohésion de l’opposition mauritanienne est actuellement minée par une guerre larvée au tour de la présidence tournante du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), selon des signaux rapportés par plusieurs sources concordantes.
Le FNDU est composé de partis politiques, d'organisations de la société civile, de centrales syndicales et de personnalités indépendantes.
Les responsables des différents pôles du vaste rassemblement tentent de circonscrire et minimiser la crise, mais l’affaire est déjà étalée dans la presse et de notoriété publique.
Mohamed Jemil Ould Mansour, leader du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD-Tawwassoul/mouvance islamiste modérée) a assuré la présidence tournante de la coalition pendant l’année écoulée.
En vertu du principe de l’alternance, c’est désormais autour du pôle des personnalités indépendantes de présider aux destinées du FNDU.
Ainsi, maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny, ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats (ONA), qui fût également président de la coalition il y a quelques années, s'est-il porté candidat au poste.
Refus du pôle politique de la coalition, qui propose le leader de l’Union des forces de progrès (UFP-un parti de l’opposition historique), Mohamed Ould Maouloud pour occuper le fauteuil présidentiel.
Du coup, on se retrouve devant une véritable impasse. Interpellé sur l’attitude du pôle politique du FNDU, un analyste avisé du jeu politique national y va de son explication: «Maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny est un avocat très en vue du barreau de Nouakchott. Il est régulièrement appelé dans des affaires de haute importance et parfois sensibles. En lui refusant la présidence du collectif une nouvelle fois, le pôle politique du FNDU anticipe sur une possible l’instrumentalisation du nom de la coalition dans certains dossiers, à l’image de l’affaire Bouamatou».
Au-delà du caractère gênant de ces nouvelles divergences au sein de l’opposition, c’est surtout le fait qu'elles se manifestent maintenant qui suscite une vive inquiétude.
En effet, ces tiraillements ont lieu alors que l’échéance de l’élection présidentielle mauritanienne de juin 2019, à propos de laquelle des hommes politiques et analystes agitent l’idée d’une candidature unique de la mouvance, se profile à l’horizon.
Ce qui probablement explique cette sortie sur les réseaux du Pr Lô Gourmo, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), qui rassure les partisans de l’opposition: «Le FNDU n’a pas implosé. Tous les pôles qui le constituent se sont accordés pour en confier la direction à l’UFP. Le président dirigera désormais le front avec le soutien de tous les autres leaders. Première tâche ardue: restaurer la crédibilité de l’opposition démocratique après cette période de léthargie post-référendum et relancer la lutte des masses pour une alternance démocratique réelle à l’occasion des prochaines élections, en levant haut toutes les grandes revendications de nos populations concernant leurs conditions de vie, l’unité nationale et sociale, le respect de l’État de droit, la lutte contre la corruption et la gabegie, la lutte contre toutes les discriminations et les exigences de la paix civile et de la sécurité commune».