Disparue des radars après le référendum du 5 août dernier, l’opposition mauritanienne fait sa rentrée.
Au cours des derniers jours, le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), composé de partis politiques, d'organisations de la société civile, de centrales syndicales et de personnalités indépendantes, a tenu une série de réunions de concertations.
Objectif de ces rencontres: "dégager un plan d’action de nature à contraindre le pouvoir à organiser une alternance apaisée et démocratique à l’échéance de 2019", explique Yahya Ould Ahmed Waghef, leader du Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD-ADIL) et ancien Premier ministre, après avoir déclaré le référendum du 5 août illégal, "organisé en violation des dispositions de la constitution".
Ce plan d’action prévoit notamment d’intenses activités de sensibilisation et de mobilisation à Nouakchott et à l’intérieur du pays (porte à porte, meetings et marches pacifiques) pour exiger le respect de la loi fondamentale.
En effet, la mouvance de l’opposition mauritanienne se trouve à la croisée des chemins, confrontée à de multiples défis dans la perspective des élections présidentielles de 2019.
Ce camp fait face au flou des déclarations contradictoires de la galaxie majoritaire.
Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré publiquement sa détermination à se conformer aux dispositions constitutionnelles qui écartent toute idée d'un troisième mandat.
Mais des responsables gouvernementaux ont tenu des propos contradictoires, demandant au président de rester auprès du peuple «pour achever ses chantiers».
Au-delà de la question du départ de l’actuel locataire du Palais de la République, l'équation de fond pour l’opposition réside dans sa capacité à constituer une véritable alternance à l'actuelle majorité et à la très forte influence d’un appareil militaire au cœur de l’exercice du pouvoir en Mauritanie depuis le 10 juillet 1978.
Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal, avait l’habitude de dire que «c'est celui qui a l’argent et qui contrôle l’armée qui gagne les élections».
Au contraire de l’ancien Premier ministre mauritanien, pour qui le consensus doit se faire sur le respect des dispositions constitutionnelles tandis que "la victoire de l’un ou l’autre camp relève du choix souverain des électeurs".