Les réseaux sociaux sont dangereux «pour la sécurité et la cohésion de la société à cause des risques qu’ils font courir à l’unité nationale». C’est sous cette pique lancée sous fond de conférence animée par le ministre des Affaires Islamiques, Ould Ahmed Daoud, en présence de Mohamed Abdel Aziz au cours d’une rupture de jeûne offert dans les jardins de la Présidence de la République, que la guerre contre Facebook, Twitter et autres Instagram et Watsap est entrée dans sa phase officielle après les consignes données aux Imams d’en faire leur sujet de prêche.
Dans ses envolées, le ministre des Affaires Islamiques met les réseaux sociaux dans la sauce de la Charia qui interdit «d’user de ces médias pour porter atteinte à l’unité national et à l’harmonie de la société ou à la vie privée des musulmans». Et l’Imam de la mosquée centrale de Nouakchott, Ould Habibourrahmane d’apporter son onguent à ses propos très ministériels.
L’écho de cette nouvelle guerre archaïque contre les réseaux sociaux ne s’est pas encore éteint que l’un des éminents érudits du pays, Moctar Bouna Ly s’en empare pour faire la propagande d’un 3ème mandat illégal pour Mohamed Abdel Aziz, malgré les multiples interventions de ce dernier arguant qu’il respectera la Constitution et qu’il quittera le pouvoir en 2019.
Pourtant, cette injonction d’un religieux, incitant le Président Ould Abdel Aziz au parjure et à la violation du texte fondamental de la République, ne vient qu’amplifier la campagne menée tambour battant par le Premier ministre Ould Hademine. Ayant déserté ses responsabilités à la Primature depuis plus d’une semaine pour se lancer dans une campagne électorale tout azimut, afin de faire la promotion d’amendements constitutionnels qui ne portent nullement sur le mandat présidentiel, l’attitude de Yahya Ould Hademine qui a axé toute sa campagne sur le 3ème mandat porte en elle-même les germes de la «Fitna » qu’aucun internaute mauritanien n’a osé encore effleurer, dépassant en nocivité les contenus les plus communautariste et les plus raciste qui circulent dans les réseaux sociaux.
Ayant enflammé la toile lors de son premier discours à Tintane (Hodh Gharbi), puis à Djiguenni et sur tout son parcours, affirmant et insistant que «le pouvoir actuel ne quittera pas le pouvoir en 2019 », le Premier ministre se voit ainsi suppléer par l’imam Moctar Bouna Ly de l’Union Pour la République (UPR) parti-au pouvoir. Ce dernier est venu enfoncer le clou en soutenant sur sa page facebook qu’il appuie un 3ème, un 4ème, un 5èmemandat et même plus pour Mohamed Abdel Aziz. Quelle bombe est plus dangereuse et plus grave que la démarche de ces deux hauts responsables dont les propos pourraient enflammer les dissensions dans un pays comme la Mauritanie, déjà assis sur un feu social ardent.
Si l’utilisation d’Internet est dangereuse car susceptible d’attiser le feu de la discorde, l’usage des mass médias publics l’est doublement, surtout si ceux qui en ont l’exclusivité se servent également des réseaux sociaux pour diviser les Mauritaniens, les provoquer, les inciter au soulèvement et à la guerre civile.
Cheikh Aïdara
source aidara.mondoblog.org