De nombreux chefs d'État africains : Macky Sall du Sénégal, Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire, Mahammadou Issoufou du Niger ou encore Ibrahim Boubacar Keïta du Mali ont fait le déplacement jusqu'au palais des Mourabitounes, près de Nouakchott, en Mauritanie. D'autres pays comme la France, la Chine ou encore les États-Unis y ont dépêché des représentants. Tous viennent assister à l'investiture du nouveau président Mohamed Ould El-Ghazouani, déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel le 1er juillet dernier après avoir gagné dès le premier tour la présidentielle du 22 juin. C'est une première alternance politique de deux présidents dans ce pays habitué des coups d'État.
Qui est le nouveau président ?
L'ex-dirigeant Ould Abdel Aziz était arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup de force militaire contre le premier président élu démocratiquement, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, avant d'organiser et de remporter la présidentielle de 2009 pour un mandat de cinq ans, renouvelé à l'occasion de la présidentielle de 2014. La Constitution mauritanienne n'autorise que deux mandats, alors ce dernier avait très tôt choisi celui qui deviendrait son dauphin et candidat du pouvoir : Mohamed Ould El-Ghazouani.
Priorité à la sécurité
Alors qu'il lui succède ce jour, il est très attendu par les Mauritaniens, qui aspirent au changement. Ses premières décisions seront donc étroitement surveillées par la classe politique mais aussi par les partenaires extérieurs de la Mauritanie. Son premier défi est sans nul doute celui de la sécurité. Depuis 2011, aucun attentat n'a eu lieu dans le pays, contrairement au Mali voisin, empêtré dans une guerre depuis 2012. La Mauritanie est aussi reconnue pour être l'un des acteurs-clés du développement du G5 Sahel. « La sécurité du pays est au-dessus de tout », a affirmé El-Ghazouani lors de son ultime meeting avant l'élection du 22 juin. Aux côtés du président sortant, Mohamed Ould El-Ghazouani est d'ailleurs reconnu comme le principal artisan du succès de l'armée et des services de sécurité en Mauritanie.
Issu d'une lignée maraboutique de la préfecture de Boumdeid (centre-sud), chef-lieu traditionnel de la Chadhiliya, puissante confrérie musulmane soufie, père de trois garçons et trois filles, il appartient à la tribu des Ideiboussat, connue à la fois pour sa richesse, sa discrétion et son influence. Mais c'est son passé putschiste qu'incriminent ses adversaires de l'opposition, criant au « coup d'État » lorsqu'au terme d'une veillée électorale, le 23 juin avant l'aube, El-Ghazouani s'était déclaré élu au premier tour. Ses détracteurs l'accusent aussi d'avoir été adoubé par le président sortant pour assurer ses arrières lorsqu'il aura quitté le pouvoir. Mais les connaisseurs de la politique mauritanienne estiment cet homme réputé pour sa courtoisie parfaitement capable d'imposer sa marque. Pour le quotidien burkinabè Le Pays , « en tout cas, une nouvelle page s'ouvre pour la Mauritanie à travers cette alternance démocratique pacifique pour laquelle il faut tirer son chapeau au président sortant qui aura finalement renoncé à faire le grand saut dans l'inconnu en s'accrochant à son fauteuil ».
« Quant au nouvel occupant du palais, il ferait mieux de travailler à imprimer sa marque et d'avoir le souci permanent de ce qu'il laissera à la postérité. C'est en cela que l'on reconnaît les grands hommes », analyse le journal. Pour le candidat arrivé en seconde position Biram Dah Abeid, « le régime a tranché la question des résultats de la présidentielle, mais doit aller au dialogue afin de garantir les droits politiques, économiques et sociaux des citoyens ».
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