C’est dans la perspective de l’inauguration de l’exposition « trésors d’islam en Afrique » à l’Institut du monde arabe jeudi 13 avril, que le président mauritanien Mohamed Ould Aziz a atterri mardi au Bourget. Mercredi 12 avril après-midi, il sera reçu par François Hollande à l’Élysée, quelques jours après la visite du ministre des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault à Nouakchott.
Six années sans attaque djihadiste en Mauritanie
Le chef de la diplomatie française y avait salué le 6 avril les succès sécuritaires de la Mauritanie qui n’a plus connu d’attaques de djihadistes depuis six ans, alors même qu’elle avait été au cours des années précédentes une cible d’Al-Qaida au Maghreb islamique et que plusieurs Occidentaux avaient été enlevés sur son sol.
De ce fait, la France a un peu desserré l’étau des restrictions pour les voyages en Mauritanie. Les régions qui étaient classées « rouge » (soit « formellement déconseillées) ont été réévaluées en « orange » (soit déconseillées, sauf impératif) où les voyageurs peuvent se rendre avec précaution, la zone littorale étant classée « jaune (« vigilance renforcée »).
Soutenir le G5 Sahel
La question sécuritaire sera l’objet principal de la rencontre entre François Hollande et Mohamed Ould Aziz, la Mauritanie étant un pilier sécuritaire dans la région du Sahel. Le pays abrite d’ailleurs le secrétariat du G5 Sahel qui regroupe, outre la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad.
« Le soutien à la force du G5 Sahel en matière de formation et d’équipement fait partie de la stratégie de sortie à terme de l’opération Barkhane [présence militaire française au Sahel] », précise-t-on dans l’entourage présidentiel. Il s’accompagne aussi, toujours selon cette source, d’un renforcement de l’aide au développement, l’agence française de développement disposant pour ce faire de moyens accrus.
Pas de troisième mandat pour le président Aziz
François Hollande entend aussi saluer le rôle qu’a joué la Mauritanie dans le soutien à la transition démocratique en Gambie au cours de l’hiver qui a abouti à l’exil du dictateur Yahya Jammeh et à des élections législatives le 6 avril.
C’est ce qui permet à la France de croire en la parole du président Aziz qui dit ne pas vouloir briguer de troisième mandat après avoir été réélu avec 82 % des suffrages en 2014.
L’opposition n’y croit pas
L’opposition mauritanienne bien que très fragmentée est plus circonspecte. Le projet de réforme constitutionnelle qui prévoit entre autres, la suppression du sénat, un nouveau drapeau et un nouvel hymne, devait être avalisé par le parlement. Or, le Sénat pourtant considéré comme largement acquis à la cause présidentielle a rejeté le projet.
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Le président a donc décidé d’en appeler au peuple. « L’opposition nourrit le soupçon que le futur référendum ne soit un moyen pour le président de renforcer sa légitimité afin d’envisager une prolongation à la tête de l’État, quand bien même cela ne figure pas dans le texte », explique un analyste qui souhaite garder l’anonymat.
Il faut dire que depuis l’indépendance du pays en 1960, à une exception près en 2007, jamais un président n’a quitté volontairement le pouvoir, tous se sont succédé à la faveur de coups d’État ; le président Aziz en ayant lui-même orchestré deux en 2005 et 2008.
Un président corrompu
« Le président qui se voulait le candidat des pauvres s’est considérablement enrichi au cours de ses deux mandats par un système de captation des marchés publics. Pour partir, il faudrait qu’il obtienne de solides garanties de rester à l’abri de poursuites judiciaires », poursuit l’expert. Or, le décès accidentel fin 2015 de l’un de ses deux fils, qui semblait promis à un avenir politique, complique la donne.
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