L'esclavage est en effet pratiqué depuis des années dans ce pays en dépit du fait qu’il soit assimilé à un crime contre l'humanité dans la Constitution mauritanienne. Biram Dah Abeid, le président de l'Initiative pour la résurgence de la lutte anti-esclavagiste (IRA), la principale ONG anti-esclavagiste mauritanienne, reconnait des efforts de la part des autorités mais pour lui, il reste encore beaucoup à faire.
Entretien avec Biram Dah Abeid
DW : Partagez-vous l’avis du commissaire mauritanien aux Droits de l'Homme, Cheikh Ahmedou Ould Sidi pour qui, la lutte contre l'esclavage en Mauritanie "est une priorité constante et irréversible" des autorités ?
Biram : Ce que je peux dire et ce que je peux concéder en étant conforme à l'évolution réelle des choses, c'est que le président Mohamed Ghazouani depuis son arrivée au pouvoir en 2019, a fait et opéré fait une ouverture. Une ouverture vis à vis du mouvement abolitionniste, un mouvement abolitionniste représentatif des aspirations de la majorité du peuple mauritanien, mais surtout les populations victimes de l'esclavage qui constituent la majorité écrasante du peuple mauritanien, donc la communauté Harratines et les autres communautés serviles.
Les Poular, Soninké, Wolof mais aussi Bambara ont constaté l'ouverture du président Mohamed Ghazouani depuis son arrivée au pouvoir.
L'esclavage est assimilé à un crime contre l'humanité dans la Constitution mauritanienne mais le phénomène persiste.
DW : Mais est-ce que cette ouverture se traduit aujourd'hui en actes dans le pays ?
Biram : Cette ouverture s'est traduite par la fin de la traque contre les mouvements abolitionnistes, la fin du jugement inéquitable, des procès arbitraires, des arrestations arbitraires, de la torture, de l'interdiction et la diabolisation du mouvement IRA.
DW : Donc, ça veut dire que le problème demeure ?
Biram : Le problème réel de l'esclavage demeure intact parce que les juges ont totalement permis aux esclavagistes de dormir sur leurs lauriers et ont permis aux esclavagistes de s'assurer de l'impunité totale de leurs crimes.
DW : Mais qu'est ce qui empêche aujourd'hui le gouvernement ou bien les autorités à libérer les esclaves, c'est à dire ceux qui subissent encore l'esclavage ?
Biram : C'est un travail. Mohamed Ghazouani, le nouveau président, il s'en tient à son pouvoir exécutif, son administration est une administration infestée par des gens qui sont habitués aux pratiques esclavagistes.
DW